Commentaire d'Antoine Hürlimann
Vibiscum Festival est mort? Honte aux médiocres qui jubilent!

Le crash de Vibiscum Festival, à Vevey, ne doit pas permettre aux gagne-petits d'imposer leur tiédeur. Pour vibrer, il est nécessaire de continuer de rêver trop grand, appuie notre journaliste Antoine Hürlimann.
Publié: 16.05.2024 à 16:36 heures
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Antoine HürlimannResponsable du pôle News et Enquêtes

Une lancinante petite musique se fait entendre depuis que Blick a révélé ce mercredi 15 mai que Vibiscum Festival annulait sa 3e édition. Selon ce discordant refrain persiflé sous cape, si l’événement veveysan (qui avait fait venir les stars Orelsan ou DJ Snake en 2023) s’est cassé les dents, c’est parce que ses organisateurs ne viennent pas du milieu de la culture.

En réalité, les ambitions dévorantes de la manifestation — qui deviendra une sorte de Fyre Festival local si elle s’obstine à ne pas rembourser les personnes ayant acheté un billet désormais caduc — se heurtent depuis le début au ventre mou de nombreux acteurs du monde du spectacle. Ces derniers, depuis leur tour d’ivoire, verront dans cette malheureuse débâcle la réalisation de leur prophétie. Pourtant, rien n’est plus faux.

D’abord, parce qu’il n’est heureusement pas nécessaire de sortir de la cuisse de la culture (prononcée avec un accent snob) pour avoir des idées et pour les mener à bien. Même s’il est vrai qu’un profane peut parfois ne plus très bien savoir à quel saint se vouer, ni quelle mamelle de l’État téter.

Le Vibiscum Festival à Vevey annonce l'annulation de son édition 2024. Il se retrouve au milieu d'une tempête entre faillite, aucun remboursement et poursuites.
Photo: KEYSTONE

Continuons à rêver trop grand

Rappelons ici que les deux festivals majeurs de Suisse romande, le Paléo et le Montreux Jazz, doivent tout à deux personnages qui n’ont a priori rien à voir avec la branche. Daniel Rossellat était mécanicien-électricien/animateur socioculturel/journaliste. Claude Nobs, lui, était cuisinier.

Vibiscum Festival est mort? Vive Vibiscum Festival! Il faut impérativement que des bâtisseurs — de métier ou pas — continuent de rêver trop grand. La majorité s’écrasera en route. Mais ceux qui arriveront au bout de leur chemin de croix porteront fièrement les réussites qui nous feront vibrer demain. Chose que ne seront jamais capables de faire les baveux du jour, planqués dans leurs certitudes et dans le confort que leur procure leur tiédeur subventionnée.

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