Commentaire de Michel Jeanneret
Primes d’assurance maladie: on a la hausse qu’on mérite

La hausse des primes d'assurance maladie essore chaque année un peu plus vos finances? Et si vous en étiez un peu responsable? Pour freiner les coûts, il va falloir freiner tout court. En ce sens, l'initiative du Parti libéral-radical (PLR) pose les bonnes questions.
Publié: 10.07.2023 à 17:07 heures
|
Dernière mise à jour: 10.07.2023 à 18:18 heures
Blick_Michel_Jeanneret.png
Michel JeanneretRédacteur en chef

«Primes d’assurance maladie: on a la hausse qu’on mérite». Okay, le titre de ce commentaire est un peu provocateur. Mais tout de même: si les primes augmentent plus ou moins chaque année, essorant implacablement notre portemonnaie déjà malingre en raison de l’inflation, ce phénomène encore plus douloureux qu’une grippe est notamment lié à notre consommation — pas toujours raisonnable — de prestations de santé.

Globalement, l’équation qui mène au coût total de la santé en Suisse est complexe. Celle-ci dépasse évidemment le seul comportement des «malades» que nous sommes. Les «fautifs»: une science toujours plus performante — mais toujours plus chère, un système de tarification qui pousse au geste médical, des salaires de spécialistes délirants, des médicaments diablement chers et on en passe.

On ne rase pas «gratis»

Il n’empêche: avant de nous égosiller sur la hausse de nos primes, de nous défouler contre ces fichus assureurs et leur opacité, nous ferions bien de questionner nos comportements à l’échelle individuelle. Le fait que les gens considèrent la consommation de médecine comme un «open bar» une fois leur franchise dépassée est une réalité. Coûteuse.

En ce sens, l’exigence du Parti libéral-radical (PLR), qui souhaite un nouveau modèle d’assurance «budgétaire» comme alternative à l’assurance obligatoire des soins, a le mérite de rappeler qu’on ne rase jamais «gratis» et pose les bonnes questions: devons-nous nous ruer chez le médecin au moindre bobo? Pourquoi achetons-nous encore des médicaments originaux alors que les génériques (en tous points identiques) sont beaucoup moins chers?

Encore un peu de courage, le PLR!

La proposition du PLR est attaquée par des adversaires qui entonnent l’inévitable refrain de la médecine à deux vitesses. Ça n’est pas tout faux, mais il faut reconnaître que la formation bourgeoise a au moins le mérite de proposer quelque chose de concret et de lancer un débat incontournable. On ne peut pas en dire autant du Parti socialiste et du Centre qui se bornent à s’en remettre à la Confédération, celle-là même qui démontre pourtant année après année son impuissance.

Et maintenant? Eh bien débattons, écharpons-nous bien comme il faut, mais cessons de regarder ailleurs pour (re) découvrir la lune chaque année. Dans son bel élan, le PLR pourrait aussi s’attaquer aux lobbies qui défendent les puissants, qu’ils soient médecins ou patrons d’industrie pharmaceutique. Le coût des médicaments (12% des coûts de la santé) n’est qu’un des leviers. On en prescrit volontiers quelques autres aux libéraux-radicaux.

Car une chose est sûre: les Suissesses et les Suisses n’accepteront pas longtemps de se serrer la ceinture pour bénéficier de prestations «low cost» si les vrais profiteurs du système continuent de s’en mettre plein les poches. Faut quand même pas pousser.

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la