Il a perdu deux fois
Trump contre les Américaines: l'autre verdict du procès de New-York

Le jugement unanime des douze jurés du procès de New-York est aussi une condamnation politique et morale du comportement de Donald Trump envers les femmes. Ce sont elles, les Américaines, qui peuvent lui barrer la route de la Maison-Blanche.
Publié: 31.05.2024 à 10:25 heures
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Dernière mise à jour: 31.05.2024 à 10:33 heures
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Richard WerlyJournaliste Blick

Donald Trump a perdu deux fois ce jeudi 30 mai, dans la salle d’audience du tribunal de Manhattan. Sa première défaite – il va faire appel — est évidemment judiciaire. Le fait que les douze jurés new-yorkais, unanimes, l’ont déclaré coupable d’avoir falsifié des documents commerciaux dans le but de dissimuler un paiement occulte à une star du porno avant l’élection présidentielle de 2016, est un échec cinglant pour ses défenseurs et pour lui-même, présent tout au long de son procès.

Sa seconde défaite, avant tout symbolique, est celle qui vient indirectement de lui être infligée par les femmes américaines. Oui, les femmes! Elles n’étaient que cinq, rappelons-le, parmi les douze jurés dont Donald Trump avait observé en direct la sélection, dans la salle d’audience, le 18 avril. Des dizaines d’autres candidats s’étaient récusés, avouant qu’ils ne pourraient pas juger l’ex-Chef de l’État de «manière impartiale». Or au fil du procès, au-delà des arguments juridiques et des faits qui ont conduit à cette condamnation historique (la première pour un ancien président des États-Unis), une autre réalité s’est imposée: ce procès était aussi celui des relations impitoyables que Donald Trump a toujours eu avec les femmes. Comme si celles-ci n’étaient là que pour assouvir ses besoins. Comme une marchandise.

Dans les urnes, le 5 novembre

C’est cette défaite, infligée au tribunal de Manhattan que Donald Trump risque de payer le plus cher dans les urnes le 5 novembre, jour de l’élection présidentielle. Sur tous les autres plans en effet, l’ancien président apparaît capable de battre Joe Biden, incapable pour le moment de transformer son bilan en surpuissant moteur électoral. Trump plaît aux va-t-en-guerre pro-Israéliens comme à ceux qui veulent une paix rapide avec la Russie de Poutine. Trump plaît aux classes populaires et moyennes qui veulent s’enrichir à tout prix. Trump est le candidat de tous les rejets: rejet du réchauffement climatique, des immigrés, des liens historiques avec l’Europe… Mais un obstacle se dresse encore plus devant lui après ce jugement et l’exposé dans les détails de l’affaire Stormy Daniels: le vote des femmes, qui composent la moitié des 240 millions d’électeurs américains.

L'ancien président américain a fait appel de sa condamnation. Il a été reconnu coupable d'avoir falsifié des documents commerciaux dans le but de dissimuler un paiement occulte à une star du porno avant l'élection présidentielle de 2016.
Photo: Getty Images
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Il ne s’agit pas, bien sûr, de dire que l’ex-actrice porno texane, de son vrai nom Stephanie Clifford, représente une image à laquelle s’associe les femmes américaines. Il s’agit de Donald Trump. Voici un candidat qui loue les valeurs américaines les plus conservatrices, dont la vie a consisté à humilier celles qui l’entourent. Trump a loué Stormy Daniels pour une nuit, puis il a maquillé le paiement effectué pour la faire taire. Trump s’enorgueillissait, jadis, d’être une star de la télé-réalité qui «peut les attraper par la chatte».

Trump soutient l’offensive tous azimuts des juges conservateurs contre le droit à l’avortement. Trump est prêt à séparer les enfants immigrés de leurs mères pour les renvoyer dans leur pays d’origine. Et face à tout cela, sa seule réponse est celle qu’il a adoptée tout au long du procès de Manhattan: un regard noir, féroce, menaçant, assorti d’un poing levé à chaque entrée et sortie d’audience.

Il ne respecte pas les femmes

Trump ne respecte pas les femmes. Son épouse actuelle, Melania, est d’ailleurs connue pour prendre le plus de distance possible avec celui qui l’a fait «première dame», entre 2016 et 2020. Le calcul devient alors très simple: ce dégoût, et cette peur, que l’ex-président inspire à de nombreuses Américaines sera-t-il le facteur qui entraînera sa défaite? Oui, c’est possible. Il y a quatre ans déjà, même s’ils avaient été déçus par l’ampleur du vote féminin en leur faveur, les démocrates avaient tiré profit de cette fracture des sexes. Surtout dans les villes moyennes outrées par les comportements de Trump.

L’ex-star du X Stormy Daniels n’est pas une sainte. Et encore moins une militante féministe. Mais elle reste une femme américaine qu’un homme puissant a traitée, et payé, comme un jouet indigne. Sa victoire judiciaire est un avertissement que Donald Trump a, électoralement, toutes les raisons de redouter.

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