L'avis de Joachim Son-Forget
«Contre la trahison nationale, je voterai Macron le 24 avril»

Député des Français de Suisse, Joachim Son-Forget a rompu avec le parti macronien «La République en Marche» pour se rapprocher d'Eric Zemmour. Mais à dix jours du second tour du 24 avril, il ne votera pas Marine Le Pen. Il explique pourquoi, en exclusivité pour Blick.
Publié: 13.04.2022 à 16:42 heures
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Dernière mise à jour: 13.04.2022 à 16:44 heures
Joachim Son-Forget

«Quand Éric Zemmour a appelé au soir du premier tour à voter sans conditions pour Marine le Pen, j’ai vu le meilleur programme économique de cette campagne 2022 disparaître en fumée. Notre programme, celui du parti Reconquête, était des plus réjouissants pour tous les libéraux, dont je suis. Baisse de charges, baisses d'impôts, augmentation du pouvoir d’achat, diminution des frais sur les successions, introduction dans la justice du concept de «défense excusable»... Et voilà qu'Eric Zemmour nous demande maintenant de soutenir un programme d’extrême-gauche! Car ne nous y trompons pas, Marine Le Pen est synonyme d'étatisme, de dépenses publiques sans recettes... Pas étonnant que des ponts existent entre le Rassemblement national et La France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon.

J’avais choisi de soutenir «Reconquête» pour sa vision économique et culturelle, sa défense forcenée de l'identité française broyée par la mondialisation et une immigration incontrôlée, pour l'engagement d'Éric Zemmour à défendre la France et à la moderniser. J'ai fourni à sa campagne des idées sur le web 3.0, la blockchain, la nécessité d'investir dans le transport aérien stratégique, la légitime défense, la transmission du patrimoine vivant, les sujets bioéthiques. Je me suis employé à donner la parole à une jeunesse de droite orpheline cherchant les contours d’un premier engagement. Une jeunesse qui me soutient depuis plusieurs années.

Le Pen pourrait trahir les intérêts de la France souveraine

C'est justement en raison de mon patriotisme que je ne voterai pas Marine Le Pen. Pourquoi? Parce que, élue Présidente de la République Française, celle-ci pourrait trahir les intérêts de la France souveraine par alliance avec la Russie. J'écris cela à mon retour d'Ukraine. J'ai vécu, au sein de Reconquête, le grand malaise provoqué par cette guerre. Or ce que j'ai vu m'a conforté dans l'idée que la Russie de Poutine est bien l'adversaire de l'Occident. Oui, j'ai vu jeunes patriotes français épouser la cause ukrainienne contrairement aux vieux transfuges prorusses du Front national. Oui, je me reconnais dans le combat des Ukrainiens pour leur nation et leur souveraineté. Je me trouvais à leurs cotés lors du siège de Kiev. Je sais que ces jeunes Français ont compris qu'à Moscou règne la dictature.

Député des Français de Suisse, Joachim Son-Forget (à droite) votera Emmanuel Macron au 2e tour de la présidentielle française.
Photo: © Ghislain Mariette / Présidence de la République

J’ai été, à mon retour d'Ukraine, l'un des premiers à conseiller au candidat de Reconquête de cesser les commentaires indulgents avec la Russie. Je lui ai dit que les images dramatiques d’exactions arriveraient vite, et cela n’a pas tardé. La seconde erreur a été pire, car elle touche au troisième mot de la devise républicaine: la fraternité. Refuser d'accueillir les femmes et les enfants d’hommes restés en Ukraine se battre avec courage était indigne. Je n’ai jamais accepté qu’on refuse d’accueillir quand les gens sont en danger. C’est pour cela que j’avais travaillé en tandem avec le président Macron sur le dossier Aquarius, à l’époque. Rien ne justifie de laisser mourir des êtres humains, en Méditerranée ou dans les plaines d'Ukraine.

À l'inverse, certains cadres du Rassemblement national n’ont pas dissimulé leur complaisance avec les dirigeants russes. Leur complicité, voire leur dépendance financière envers des oligarques proches de Vladimir Poutine est avérée.

Un risque, ni plus ni moins, de «trahison nationale»

Soyons objectifs, il y aussi de nombreuses raisons qui m’ont fait quitter très tôt le parti La République en Marche qui m'avait accordé son investiture et permis d'être élu. Je n’ai, depuis, jamais caché ma colère ni ma déception: comportements individuels de certains élus, sujets bioéthiques non prévus dans le programme initial, une partie de la gestion de crise sanitaire. Mes reproches adressés à Emmanuel Macron et à sa majorité sortante me semblent aujourd’hui néanmoins futiles par rapport aux risques que nous allons encourir si Marine Le Pen parvient à l'Élysée. Un risque, ni plus ni moins, de «trahison nationale».

J’appartiens à la jeunesse de droite française. Je plaide pour qu’elle ouvre les yeux sur certaines étroitesses et une certaine radicalité bien sûr, en réaction à la culture de la destruction des valeurs et de l'identité nationale prônée par une certaine gauche. Mais je partage aussi avec elle une fierté pour la France, l’ancrage au simple et au vrai, l’envie de conserver ce qui doit être transmis. À l’aube d’un possible conflit international où la France doit rester forte et indépendante, le risque d’un président qui pourrait trahir les Français par allégeance à un dirigeant étranger n’est pas acceptable. En responsabilité, en pesant judicieusement les éléments à ma disposition dans l’actualité et sur le fond, je recommande de voter pour Emmanuel Macron. Pour ma part, en responsabilité et en conscience, je le ferai.»


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