Portée par le collectif féministe #NousToutes
Mobilisation contre les violences sexistes en France

«Les violences ne sont pas une fatalité»: les défenseurs des droits des femmes étaient mobilisés samedi dans les rues de Paris et de nombreuses villes de France pour dire «stop» aux violences sexistes et sexuelles et «exiger des politiques publiques à la hauteur».
Publié: 20.11.2021 à 16:32 heures
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Dernière mise à jour: 20.11.2021 à 16:34 heures

Deux ans après le «Grenelle» contre les violences conjugales, «l'impunité doit cesser. L'éducation à l'égalité doit devenir une priorité», martèle l'appel à manifester, porté par le collectif féministe #NousToutes et une soixantaine d'associations, syndicats et partis politiques.

A Paris, la manifestation, forte de plusieurs milliers de personnes, s'est élancée vers 14h30 depuis la place de la République, derrière une banderole #NousToutes proclamant «stop aux violences sexistes et sexuelles» en direction de Nation, a constaté un journaliste de l'AFP.

Comme la banderole de tête, de nombreuses pancartes sur fond violet, la couleur de cette mobilisation, délivraient des messages comme «ras le viol», ou «65% des victimes de féminicides avaient pris contact avec la police».

De nombreuses pancartes sur fond violet, la couleur de cette mobilisation, délivraient des messages comme "ras le viol", ou "65% des victimes de féminicides avaient pris contact avec la police".
Photo: MOHAMMED BADRA

Les défilés de samedi sont organisés en amont de la journée internationale contre les violences faites aux femmes, le 25 novembre. A Paris, la manifestation avait attiré il y a deux ans 100'000 personnes d'après les manifestants (35'000 selon la police).

Pas une fatalité

«Les violences ne sont pas une fatalité, elles peuvent cesser», a assuré devant les journalistes Marylie Breuil, du collectif #NousToutes, pour qui «il existe un décalage immense entre la mobilisation de la société et l'engagement des politiques». Elle a dit attendre des candidats à la présidentielle «des engagements forts en matière de prévention».

«Quand on augmente de 60% le nombre de places d'hébergement, quand on vote quatre lois pour accompagner non seulement les victimes, mais aussi leurs enfants, quand on fait en sorte que les auteurs soient pris en charge pour éviter la récidive, ce sont des actes factuels», a plaidé samedi la ministre déléguée à l'Égalité femmes-hommes Elisabeth Moreno sur Europe 1.

Elle a aussi évoqué la formation de policiers et gendarmes, la mise en place de bracelets anti-rapprochement et de téléphones grave danger. «Chaque féminicide est un féminicide de trop, mais on peut voir que toutes ces actions commencent à porter leurs fruits», a-t-elle affirmé.

Mais pour Sandrine Bouchait, présidente de l'Union nationale des familles de féminicides présente à la manifestation, «il y a eu quasiment 600 femmes assassinées pendant le quinquennat, c'était censé être une grande cause nationale mais les chiffres sont quasiment les mêmes que ceux du quinquennat précédent, c'est une rigolade».

102 féminicides en 2020

En France, quelque 220'000 femmes sont victimes de violences et 94'000 sont violées chaque année, relève #NousToutes. Depuis le 1er janvier, 101 femmes ont été tuées par leur conjoint, selon le décompte du collectif «Féminicides par compagnon ou ex». Pour l'ensemble de l'année 2020, le chiffre avait atteint 102 féminicides et 146 en 2019, selon le ministère de l'Intérieur.

«Ce n'est plus possible de tolérer cette violence sur la moitié de l'humanité», a déclaré le candidat vert à la présidentielle Yannick Jadot, présent dans le cortège parisien et pour qui «il faut des formations, des moyens pour les hébergements d'urgence».

Les organisations féministes estiment que l'Etat devrait consacrer un milliard d'euros par an à cette lutte, au lieu de 360 millions aujourd'hui. «Nous sommes à quelques centimes près au milliard (d'euros) qu'elles réclament», a assuré Mme Moreno.

Elles demandent également des mesures de «prévention»: «Il faut apprendre aux plus jeunes ce qu'est le consentement et que tous les collégiens ou lycéens passent un brevet d'éducation à la non-violence, sur le même modèle que la sécurité routière», a détaillé Mme Breuil.

Elles réclament un effort supplémentaire pour créer davantage de places d'hébergement pour les femmes qui fuient leur conjoint violent. Dans une telle situation, environ 40% des victimes ne se voient proposer aucune solution d'hébergement, et seules 12% obtiennent une place adaptée, avec un accompagnement juridique et psychologique, selon un rapport publié jeudi par la Fondation des femmes.

Un «cortège chrétien»

La manifestation est également l'occasion de dénoncer l'inceste, les violences pédocriminelles ou subies par les enfants dans le cadre conjugal, ont précisé les organisateurs.

Pour la première fois, un «cortège chrétien», porté par des «organisations chrétiennes féministes et LGBTQIA», devait prendre part au cortège parisien, «autour des victimes de violences sexistes et sexuelles dans nos Églises». «Les institutions chrétiennes sont nombreuses à mener de violents combats pour imposer des stéréotypes discriminants» et une «hiérarchisation des sexualités», relève le collecti.

(ATS)

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