Projets pilotes... pour supprimer les pilotes
Boeing et Airbus veulent des avions sans humains dans le cockpit

Airbus et Boeing prévoient, dans un avenir proche, que les vols commerciaux puissent être effectués sans humain dans le cockpit. Mais les pilotes s'y opposent et il faudra réussir à convaincre les passagers.
Publié: 06.02.2023 à 10:04 heures
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Jean-Claude Raemy

Les pilotes de Swiss, comme ceux d'autres compagnies aériennes, ont récemment fait parler d'eux en se battant pour de meilleures conditions de travail. Peut-être devront-ils bientôt se battre pour conserver leur emploi tout court.

En effet, les grands constructeurs aéronautiques Boeing et Airbus sont convaincus que les vols autonomes de passagers – c'est-à-dire les vols commerciaux effectués sans pilote – pourraient faire partie du quotidien dans un avenir proche. «L'autonomie finira par s'imposer dans tous les avions», a déclaré la semaine dernière Dave Calhoun, CEO de Boeing, à Bloomberg à l'occasion de la livraison du tout dernier Boeing 747 commercial à Everett, aux États-Unis.

Des projets sont déjà en cours

Actuellement, les avions de ligne sont déjà équipés de pilotes automatiques et d'autres systèmes automatisés que les pilotes se contentent de surveiller. L'aviation n'en est toutefois pas encore au point où les systèmes informatiques peuvent remplacer complètement le pilote humain.

Autrefois, il y avait jusqu'à cinq personnes dans le cockpit d'un avion de ligne. Aujourd'hui, elles sont deux, peut-être bientôt une seule, voire aucune.
Photo: AFP
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Mais on y travaille. En 2017 déjà, Tom Enders, alors président d'Airbus, avait prédit un avenir sans pilote, soulignant que 90% des erreurs lors d'accidents aériens «sont dues à des facteurs humains». Entre-temps, Airbus teste déjà des systèmes de vol autonomes. Sous le nom de projet «DragonFly», des systèmes sont développés pour permettre des atterrissages automatiques en cas de mauvais temps ou pour gérer les situations d'urgence en vol, par exemple en cas de défaillance d'un pilote. Il n'y a alors plus qu'un petit pas à franchir pour se passer entièrement du capitaine.

Deux pilotes, un seul, ou aucun?

Actuellement, de tels progrès technologiques alimentent le débat sur le nombre de pilotes dans le cockpit. L'Agence de l'Union européenne pour la sécurité aérienne examine déjà si un pilote, au lieu de deux actuellement, suffirait à l'avenir sur les vols commerciaux. Les principaux intéressés s'y opposent avec véhémence. Ils invoquent un risque accru pour la sécurité.

Le plus grand obstacle sera de convaincre les passagers de monter à bord d'un avion sans pilote. Le public n'est probablement pas encore prêt pour cela. Une enquête menée par UBS en 2017 sur les avions autopilotés auprès de 8000 personnes était claire: seuls 17% des participants ont indiqué qu'ils monteraient dans un tel jet – même si le prix du billet était inférieur à celui d'un vol avec pilotes.

Les vols autonomes existent déjà pour le transport de marchandises

Dans le transport de marchandises par contre, les systèmes autonomes sont bien avancés. On connaît par exemple déjà les «drones à colis». L'entreprise américaine Natilus vient de signer un contrat pour la vente de 20 avions cargo sans pilote pour Ameriflight. Cette dernière est un partenaire de l'entreprise de livraison UPS. Si les vols de marchandises longue distance sans pilote devaient faire leurs preuves, cela augmenterait considérablement la pression sur le poste de pilote.

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