Samantha Guyaz, apprentie fleuriste au Centre horticole de Lullier
«Regardez, c’est super beau! J’aime les couleurs qu’ils ont choisies»

Les autorités genevoises règlent les derniers détails de la rencontre qui réunira les présidents russe et américain mercredi prochain. Parmi eux, les arrangement floraux. Visite au Centre horticole de Lullier.
Publié: 14.06.2021 à 17:53 heures
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Dernière mise à jour: 14.06.2021 à 19:24 heures
Ghufran Bron

Changer le monde
Changer les choses avec des bouquets de roses
Changer les femmes
Changer les hommes
Avec des géraniums

Les paroles de cette chanson d’Alain Souchon et de Laurent Voulzy, intitulée «Le pouvoir des fleurs», seront-elles prémonitoires? Il en faudra en tous cas quelques-unes (de paroles et de fleurs) pour calmer le climat de grande tension qui règne entre les présidents russe et américain, comme nous vous l’expliquions récemment.

Dans pareil contexte, afin que le sommet qui se tiendra mercredi prochain entre Vladimir Poutine et Joe Biden fasse date, les autorités genevoises ont soigné les détails. Parmi ceux-ci, les fleurs, justement, témoin discret mais néanmoins central de toute rencontre diplomatique.

Apprentie-fleuriste, Samantha Guyaz se réjouit de fleurir la rencontre Biden-Poutine.
Photo: Ghufran Bron

Voilà qui tombe bien: nous connaissons désormais le fleuriste officiel du sommet. Il s’agit du Centre horticole de Lullier (Haute école du paysage, d’ingénierie et d’architecture de Genève), situé dans la commune de Jussy. C’est cette structure qui aura l’honneur de prendre part à l’organisation de la rencontre sur laquelle toute la planète aura les yeux braqués et de répondre aux exigences protocolaires des deux pays les plus influents du monde.

Tout est sous contrôle, nous dit-on, alors que nous rendons visite au fameux centre qui semble épargné par l’effervescence ambiante. A l’origine, les fleurs devaient se parer de bleu, de blanc et de rouge, des couleurs qui réunissent les étendards russe et américain, mais ce sera finalement du vert et du blanc qui orneront l’arrangement commandé par organisateurs. Des couleurs sobres, neutres et discrètes, demandées par les protocoles des délégations américaines et russes dimanche. Au moins un point sur lequel celles-ci sont tombées d’accord.

«Je suis rodée»

Adeline Philippe, la fleuriste du protocole du Canton de Genève – l’institution chargée de décorer la Villa La Grange qui accueillera les deux hommes d’Etats – semble parfaitement sereine. Une bourse aux fleurs sur le plateau de Vessy a sauvé la mise, car il n’y avait pas assez de stock à Genève. «Heureusement, les demandes ont été revues à la baisse, car les deux-tiers des fleurs venaient déjà de Hollande. Pour le reste, il est difficile de réaliser ce qui m'arrive, car j’ai été un peu prise de court». Au menu des décorations: des hortensias, des roses, des pattes de kangourou, et quelques autres fleurs avec des noms latins comme, par exemple, l’hypericum.

Fleuriste du protocole du Canton de Genève, Adeline Philippe coordonne les décorations florales de la rencontre qui réunira les président russe et américain.
Photo: Ghufran Bron

L’ampleur du déploiement sera gardée secrète jusqu’à la dernière minute. Mardi, les services du Centre horticole de Lullier vont installer les compositions florales sur trois étages et sur trente emplacements dans la Villa La Grange, propriété de la Ville de Genève. Ces ajustements finaux sont une routine pour Adeline Philippe qui termine ainsi son mandat sur une note historique (un tournus de responsable est prévu tous les trois ans). En effet, environ 4’000 accueils officiels ont lieu chaque année. Un chiffre revu à la baisse l’an passé en raison de la crise du Covid-19.

Le coût de cette opération? Aucune somme n’a été articulée pour l’heure. Les coûts seront enregistrés et consolidés «en temps voulu» car ils peuvent encore varier, nous fait-on savoir. Etant donné que la Confédération est le pays hôte, ce sera à elle d’honorer la facture.

Une formation qui fera date

Les élèves du Centre sont aux bons soins pour les compositions florales. Samantha Guyaz, jeune apprentie fleuriste, est très enthousiaste et ne mesure pas encore la portée de son travail. «Regardez, c’est super beau! J’aime beaucoup les couleurs qu’ils ont choisies. Je travaille plus vite que d’habitude. Normalement, nous avons une heure pour effectuer une composition. Là, c’est 30 minutes maximum». Une quinzaine d’apprentis sont mobilisés sur le site où la floraison bat son plein. Ce matin, l’ambiance était au calme et à la concentration. Avec des élèves qui se souviendront longtemps de cet exercice pratique.

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