740 cas analysés aux HUG et au CHUV
Une gynécologue suisse dénonce un manque de données sur les agressions sexuelles

La gynécologue Jasmine Abdulcadir déplore le manque de données sur les agressions sexuelles en Suisse. Pour la médecin, il s'agit notamment d'améliorer la prise en charge et la transmission des informations de l'hôpital aux autorités.
Publié: 13.10.2023 à 08:33 heures
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Dernière mise à jour: 14.10.2023 à 14:25 heures

Face au manque de données sur les agressions sexuelles commises en Suisse, la gynécologue Jasmine Abdulcadir a lancé une étude menée dans les urgences gynéco-obstétricales des HUG et du CHUV. «Il est primordial de savoir si on peut améliorer certaines choses et si oui, comment», dit-elle.

Demande de fonds

Les données provenant des constats d'agressions sexuelles effectuées aux urgences gynéco-obstétricales par les médecins gynécologues et légistes de garde ne parviennent ni à la ville, ni au canton, ni aux autorités ou aux associations, indique Jasmine Abdulcadir vendredi dans «Le Temps».

La médecin adjointe responsable de l'unité des urgences gynéco-obstétricales des HUG a donc décidé de soumettre une demande de fonds au Bureau fédéral de l'égalité en janvier 2021 pour pouvoir réaliser une étude au sein des urgences. Elle porte sur 740 dossiers enregistrés dans les HUG et au CHUV entre 2018 et 2021.

L'étude confirme ainsi que dans la majorité des cas de viol, la victime connaissait l'agresseur et que l'agression ne s'est pas produite dans la rue, la nuit, de manière violente.

«Il est primordial de savoir si on peut améliorer certaines choses et si oui, comment», assure la gynécologue. L'étude a déjà notamment permis la création d'un dossier informatique inclusif avec des questions standardisées.

«Pas juste une pénétration vaginale»

Les données permettent aussi de déconstruire des croyances ou des mythes qui entourent le viol dans notre société, dit-elle. L'étude confirme ainsi que dans la majorité des cas, la victime connaissait l'agresseur et que l'agression ne s'est pas produite dans la rue, la nuit, de manière violente.

«Un viol ce n'est pas juste une pénétration vaginale, précise encore la médecin. Une agression sexuelle ce n'est parfois même pas une pénétration tout court». L'étude montre que 67% des patientes rapportent avoir subi une pénétration vaginale, 17% anale et 21% orale.

Elle dit espérer que ces résultats nourriront les discussions sur la définition du viol dans le droit suisse longuement débattue au Parlement. Celui-ci a mis sous toit en juin une réforme dépoussiérant la notion du viol, jusqu'à présent considéré comme tel qu'en cas de pénétration vaginale non consentie d'une femme par un homme.

(ATS)

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