À cause des réseaux sociaux
La chirurgie esthétique est en vogue chez les jeunes, et ça inquiète

De plus en plus de jeunes veulent passer sous le scalpel d'un chirurgien plastique. Ils ne sont pas satisfaits de leur apparence. Les experts voient la cause dans les médias sociaux.
Publié: 31.10.2021 à 14:48 heures
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Dernière mise à jour: 31.10.2021 à 16:00 heures
Janina Bauer

De plus en plus de jeunes, et surtout de jeunes femmes, sont insatisfaits de leur apparence. Nombreux sont donc ceux qui envisagent des interventions chirurgicales à un âge précoce. Selon Dagmar Pauli, médecin en chef de l'hôpital universitaire psychiatrique de Zurich, les jeunes pensent déjà à passer sous le bistouri dès l'âge de 11 ans. En Suisse, s'ils ont le consentement de leurs parents, ils pourront le faire dès l'âge de 16 ans.

Dagmar Pauli entrevoit une raison à cet engouement précoce: la «mentalité Photoshop sur Instagram et Tiktok». Tout est possible sur ces réseaux: les filtres permettent de modifier les photos et autres selfies des jeunes. Or, à force de passer des heures sur ces réseaux, le désir de ressembler exactement à ce que l'on voit en photo dans la réalité grandit, commente-t-elle.

Inspiration sur Instagram et Tiktok

La chirurgienne esthétique Cynthia Wolfensberger tient également les réseaux sociaux pour responsables. «C'est là que les jeunes trouvent l'inspiration. C'est là que les gens leur disent à quoi ils doivent ressembler.» Dans certains cas, les jeunes femmes apportent même des photos tirées d'Instagram comme modèle. Chez elles, une tendance particulière est bien visible: elles veulent presque toutes se faire gonfler les lèvres.

Dagmar Pauli, médecin en cheffe à l'hôpital universitaire psychiatrique de Zurich, voit dans les réseaux sociaux la raison de cet engouement croissant pour la beauté sur-mesure.
Photo: Screenshot SRF
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La pandémie a également influencé cette tendance: la demande chez les jeunes est en forte hausse. Cette dernière s'explique à nouveau par les réseaux sociaux. Pendant le lockdown, ils ont passé encore plus de temps sur les réseaux, en étroit lien monde virtuel, commente Dagmar Pauli. En même temps, ils ne pouvaient pas comparer ce qu'ils y voyaient avec la réalité: la comparaison avec des personnes réelles, sans filtres, leur a fait défaut.

La manie de l'optimisation est la nouvelle norme

En outre, les algorithmes entraînent les jeunes dans la manie de l'optimisation. «Dès que vous effectuez une recherche sur la chirurgie esthétique, de plus en plus de contenus de ce type s'affichent», éclaire Dagmar Pauli. De nombreuses femmes partagent des vidéos d'elles-mêmes avant et après la chirurgie esthétique sur Tiktok. En ne manquant pas de mettre en avant les résultats. C'est très problématique, selon le médecin en chef. Parce que les posts normalisent l'engouement pour la beauté et le fitness obsessionnel.

Les jeunes doivent comprendre que la beauté comporte de nombreux aspects, explique encore Dagmar Pauli. Les parents jouent un rôle central à cet égard: «Ils doivent apprendre à leurs enfants que la beauté ne se limite pas à l'apparence», conclut-elle.


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