Accord de Dublin
Elisabeth Baume-Schneider se rassure à Rome sur la question des migrations

La conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider ne s'attendait pas à un miracle, selon ses propres dires, mercredi à Rome. Sa rencontre avec le ministre italien de l'intérieur à propos du blocage par l'Italie des réadmissions des réfugiés l'a rassurée.
Publié: 31.05.2023 à 16:26 heures

«Avec Matteo Piantedosi, nous nous sommes dits les choses de manière très pragmatique. La discussion a été très positive. L'Italie n'a pas de position dogmatique dans ce dossier», a dit Mme Baume-Schneider à Keystone-ATS.

Selon la cheffe du Département fédéral de justice et police, les autorités transalpines travaillent «à créer les conditions-cadre qui permettront à l'Italie d'accepter à nouveau les transferts Dublin, «dans quelques mois.» Elisabeth Baume-Schneider s'est dite réjouie de «ce signal d'ouverture».

Depuis décembre, l'Italie refuse de reprendre les réfugiés dont la demande d'asile relèverait de sa compétence en vertu de l'accord de Dublin. Selon cet accord, le pays de premier accueil doit mener la procédure d'asile. L'Italie a suspendu unilatéralement cet accord il y a près de six mois. La situation s'étant encore tendue depuis, l'Italie a déclaré l'état d'urgence en avril 2023.

En visite à Rome, Elisabeth Baume-Schneider s'est dite rassurée par la volonté italienne de trouver des solutions dans le dossier de la migration.
Photo: GABRIEL MONNET

Au 31 mai, 220 personnes, en attente de retourner en Italie, demeurent bloquées en Suisse. Depuis la suspension des transferts, le délai pour le transfert vers l'Italie de 81 requérants est échu, ce qui oblige la Suisse à les prendre en compte dans sa propre procédure d'asile nationale.

Défi politique sensible

«L'Italie se dit ouverte et favorable à la réforme du système Schengen-Dublin, mais elle appelle les autres pays à avoir une approche solidaire vis-à-vis des arrivées de migrants à ses frontières, via la Méditerranée», précise encore Elisabeth Baume-Schneider.

Tout en exprimant à son homologue la compréhension de la Suisse à l'égard de la situation difficile qu'affronte l'Italie, la conseillère fédérale a rappelé que la suspension des transferts Dublin vers l'Italie plaçait les autres pays européens face à un défi politique sensible.

Manque de capacités d'accueil

Comme prévu, Elisabeth Baume-Schneider a profité de son déplacement dans la Ville éternelle pour aborder la question d'un éventuel soutien financier de Berne à des projets migratoires en Italie. Deux d'entre eux vont être désormais étudiés par le SEM. Il s'agit d'un soutien à hauteur de 20 millions de francs pour la construction d'infrastructures d'hébergements et pour l'engagement de psychologues pour les migrants mineurs non accompagnés.

Par ailleurs, la Suisse pourrait financer, à hauteur de 500 000 francs, l'engagement de médiateurs culturels dont le rôle est d'œuvrer aux côtés des gardes-côtes, lors de l'arrivée des migrants. Ces fonds pourraient être prélevés dans le deuxième paquet d'aide en faveur de certains pays de l'Union européenne d'un montant total de 190 millions de francs.

Instauration d'un filtrage?

La cheffe du DFJP et son homologue italien ont aussi abordé la refonte en cours du système européen de l'asile et des migrations. Un mécanisme de solidarité est prévu pour décharger les États particulièrement sollicités, comme l'Italie. «La Suisse soutient les principes de solidarité et de responsabilité partagée. Elle continuera à s'engager activement dans les réformes», a dit la conseillère fédérale.

Parmi les mesures proposées figure l'instauration d'un filtrage et des procédures d'asile rapides aux frontières extérieures. Madame Baume-Schneider a insisté sur la nécessité de garantir dans tous les cas le respect des droits humains des migrants. Il s'agit pour la conseillère fédérale d'un impératif pour protéger les droits des personnes qui peuvent prétendre à l'asile dans un pays d'Europe.

L’entrevue a aussi été l’occasion d’aborder la question de la sécurité transfrontalière: la Suisse et l’Italie veulent continuer d’approfondir la coopération policière déjà étroite entre les deux pays.

(ATS)

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la