Lourde allusion en pleine session
Les débats dérapent au Grand Conseil vaudois, séance arrêtée

Les débats ont dérapé mardi devant le Grand Conseil vaudois. Une députée de la gauche radicale a visé un collègue de droite avec une allusion à du harcèlement sexuel. La séance a dû être levée prématurément.
Publié: 30.05.2023 à 16:17 heures
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Dernière mise à jour: 30.05.2023 à 20:27 heures

Les discussions du Grand Conseil vaudois, ce mardi, étaient déjà tendues. Elles portaient sur les anciens zadistes du Mormont. C'est alors qu'Elodie Lopez (Ensemble à Gauche - POP) a pris la parole pour critiquer son adversaire de droite, l'accusant de n'être lui-même pas exemplaire. Elle a évoqué des comportements inadéquats, avec des insinuations de «harcèlement sexuel».

Le principal intéressé a immédiatement réagi, parlant de «scandale», «diffamation» et d'«atteinte» à sa dignité. Il a exigé des excuses, sans quoi il porterait plainte pénalement. Tout aussi outrés, plusieurs de ses collègues de droite ont dénoncé une «attaque infondée» et exigé, eux aussi, des excuses de la part d'une députée qui a «dépassé la ligne rouge».

Elodie Lopez a ensuite repris la parole pour tenter d'expliquer sa position sur l'irréprochabilité des élus. Elle ne s'est toutefois pas excusée, sans pour autant réitérer ses accusations.

La séance de mardi au Grand Conseil a été arrêtée après des attaques d'une députée de la gauche radicale contre un collègue de droite (photo d'illustration).
Photo: JEAN-CHRISTOPHE BOTT

Séance suspendue puis arrêtée

L'incident a semé le trouble au sein du parlement et la séance a été suspendue. Les présidents de groupe et les membres du Bureau du Grand Conseil se sont entretenus durant près d'une heure.

À leur retour, la présidente du Grand Conseil Séverine Evéquoz a expliqué que rien ne pouvait être entrepris «pour l'heure» dans le cadre du Grand Conseil. Elle a invité les deux protagonistes de l'affaire à «dialoguer».

Le député pris à partie a rétorqué qu'il ne pouvait pas se satisfaire de cette situation, répétant qu'il exigeait des excuses immédiates. Dans la foulée, la plupart des députés de droite ont quitté la salle. Séverine Evéquoz n'a alors eu d'autre choix que de lever la séance.

Accusation «grave»

«C'est une accusation faite en public qui est grave et que l'on ne peut pas accepter de la sorte. Il aurait fallu l'étayer et apporter des preuves. Et il y a surtout d'autres voies pour le faire», a réagi à chaud le chef de groupe PLR, Nicolas Suter, interrogé par Keystone-ATS.

«Si les propos d'Elodie Lopez ont dépassé sa pensée, si c'est un dérapage verbal, alors elle aurait dû publiquement rétracter ses propos et s'excuser», a-t-il ajouté.

Le fait que la majeure partie de la députation PLR et UDC quitte l'hémicycle en signe de protestation n'a pas été concerté entre les chefs de groupe pendant l'interruption de séances, selon lui. «C'est plus un mouvement de foule et de solidarité de la part de la droite», a-t-il indiqué. «C'est triste et ce n'est pas une bonne image que nous donnons aujourd'hui du Grand Conseil», a-t-il reconnu.

Elodie Lopez s'exprimera «à froid»

Contacté à plusieurs reprises, Elodie Lopez n'a pas donné suite aux sollicitations de Blick. Joint par téléphone en fin d'après-midi, Vincent Keller, l'autre coprésident du groupe Ensemble à Gauche et POP au Grand Conseil, a fait savoir que sa camarade s'exprimerait «à froid, via un canal qu'elle a choisi», sans apporter d'autres précisions.

«Je soutiens totalement ma coprésidente de groupe», a appuyé le député, précisant qu'il y avait eu des «invectives des deux côtés» et qu'Elodie Lopez «s'était sentie mise sous pression». A-t-elle vraiment voulu accuser Jean-Luc Bezençon de harcèlement sexuel? «Je fais appel à mon droit au silence», s'est contenté de répondre Vincent Keller.

«Elle ne l'accusait pas directement»

Présidente du PLR Vaud, Florence Bettschart-Narbel s'est montrée plus loquace au bout du fil. «Elodie Lopez a essayé de se justifier durant la séance, on a compris qu'elle n'accusait en fait pas directement Jean-Luc Bezençon de harcèlement sexuel, mais on attendait qu'elle lève clairement le soupçon qu'elle avait fait peser sur lui, ce qui n'a pas été le cas.»

La politicienne a aussi déploré une dégradation de l'atmosphère dans l'hémicycle. «Les débats au Grand Conseil sont de plus en plus vifs et il faut faire attention à ce que l'on dit, a-t-elle constaté. On pourrait réfléchir à mettre en place des sanctions disciplinaires quand les propos dépassent potentiellement le cadre pénal.»

Avocate à la ville, Florence Bettschart-Narbel comprend en outre le désarroi de son collègue de parti. «Sortis de leur contexte, les propos d'Elodie Lopez pourraient porter préjudice à Jean-Luc Bezençon et il a raison de réfléchir au dépôt d'une plainte pénale.»

Nouvelle affaire

La semaine dernière déjà, la gauche radicale et la droite s'étaient accrochées au sujet de Mathide Marendaz, qui s'était affichée sur les réseaux sociaux avec le slogan anti-policier ACAB («All cops are bastards», soit «tous les flics sont des bâtards» ou «des salauds»).

La députée, elle aussi issue du groupe Ensemble à gauche - POP, s'était ensuite excusée. Une plainte a toutefois été déposée à son encontre par l'Association professionnelle des gendarmes vaudois (APGV).

(Blick avec ATS)

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