Andri Silberschmidt surprend
Plus jeune conseiller national, il crée un coup de théâtre dans le débat sur l'AVS

Le plus jeune membre du Conseil national a créé la surprise en sauvant in extremis une potentielle réforme de l'AVS. Le PLR zurichois Andri Silberschmidt a gagné une bataille, mais pas la guerre. Récit de ce coup de théâtre sur les retraites.
Publié: 12.06.2023 à 19:30 heures
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Peter Aeschlimann

Le benjamin du Conseil national avait les genoux fragiles et un plan audacieux: revoter, tout simplement. Lundi dernier, la Chambre basse avait initialement rejeté l'initiative sur les rentes AVS et refusé d'entrer en matière sur un contre-projet – par 90 voix contre 89. Lancée par les Jeunes PLR, l'initiative prévoit de relever l'âge de la retraite à 66 ans pour tout le monde. Une fois cette étape atteinte, la hausse serait liée à l'espérance de vie.

Alors que l'initiative semblait définitivement rejetée sans contre-projet, Andri Silberschmidt, conseiller national PLR zurichois de 29 ans, a donc demandé de répéter le vote, en argumentant que tous les parlementaires n'avaient pas été présents dans la salle à l'heure H. Et il a obtenu gain de cause.

Retournement de situation... à une voix près

Ce qui s'est produit est désormais appelé le «miracle de Berne» par le PLR: un coup de théâtre dont Andri Silberschmidt peut être fier. Le Conseil national s'est finalement prononcé pour un contre-projet en se servant d'une proposition de la Prévoyance vieillesse 2020. À l'époque, le projet de loi n'avait aucune chance. Lundi, le Conseil national lui a offert une seconde vie, in extremis. Par 93 voix contre 92, la Chambre du peuple a chargé la commission compétente d'élaborer un projet de frein à l'endettement de l'AVS.

Personne ne s'y attendait, pas même Andri Silberschmidt: le Conseil national a finalement demandé un contre-projet à l'initiative des Jeunes libéraux-radicaux sur les rentes AVS.
Photo: keystone-sda.ch
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Tout est ensuite allé très vite. Ce lundi midi, la Commission de la sécurité sociale et de la santé publique du Conseil national (CSSS-N) s'est réunie pour une séance extraordinaire. Celle-ci a duré le temps d'un match de football – le texte a dû être prêt en 90 minutes chrono. Sur le papier, Andri Silberschmidt dispose de la majorité nécessaire: 13 des 25 membres de la commission appartiennent au PLR, aux Vert'libéraux et à l'UDC, qui ont voté pour le renvoi et le contre-projet. Cependant, il n'est de loin pas garanti qu'un résultat tangible émerge à l'issue de la réunion.

Politicien et entrepreneur hyperactif

Trois jours après son coup, Andri Silberschmidt se promène sur le site du Swiss Economic Forum à Interlaken (BE). Peter Spuhler, le patron de Stadler Rail, costume bleu Klein et sneakers On blanches, lui tape sur l'épaule. Andri Silberschmidt fait un travail formidable à Berne, selon l'ancien conseiller national UDC: «C'est bien en tout cas qu'il n'y ait pas que des jeunes femmes de gauche.»

Pendant qu'Andri Silberschmidt entretient des contacts avec d'anciens collègues banquiers et actifs dans le domaine des start-up, il mange une glace et tape des notes sur son téléphone portable pour le panel qui suivra. Sur scène, on demande au conseiller national ce qu'il promet aux créateurs d'entreprise. Andri Silberschmidt répond: «Que la Suisse n'aura pas seulement trois ou cinq licornes à l'avenir, mais vingt.» Les licornes sont des start-up dont la valeur dépasse le milliard de francs.

C'est son monde à lui. Avec des amis, il a fondé il y a quelques années la start-up Kaisin, qui sert aujourd'hui des Poké Bowls dans dix restaurants différents. Chiffre d'affaires: 7,5 millions de francs. Actuellement, il est secrétaire du conseil d'administration de l'entreprise de logistique Planzer, membre du conseil d'administration de Jucker Farm AG, membre du conseil d'une fondation de la ville de Zurich et président de l'association faîtière des diplômés des Hautes écoles spécialisées. Le jeune politicien s'engage également avec l'ONG Aiducation pour que les talents du Kenya ou des Philippines obtiennent des bourses.

De fumeur de joints à benjamin du Parlement

«Je joue sur plusieurs tableaux», indique Andri Silberschmidt. À 29 ans, il a déjà fait accompli autant que d'autres en une vie entière. Pas d'alcool pendant la semaine, beaucoup de sport et huit heures de sommeil – c'est sa «recette secrète» qui le rend si performant: «Pendant que d'autres dessoûlent et chillent, j'écris un papier de position.»

Mais cela n'a pas toujours été le cas. Adolescent, Andri Silberschmidt portait des pantalons baggy, écoutait du rap et fumait des joints. Après deux ans de latin, il a quitté le gymnase. Le premier jour de son apprentissage à la Banque cantonale zurichoise, son maître d'apprentissage de l'époque lui a remonté les bretelles: «Ça ne se passe pas comme ça ici.»

Après un discours du 1er Août sur la Bürkliplatz à Zurich, le déclic s'est produit, raconte Andri Silberschmidt: il n'était pas socialiste, la jeunesse UDC était trop conservatrice pour lui, il a donc rejoint les Jeunes libéraux-radicaux. Dans la commune zurichoise de Hinwil, où il a grandi, il a fondé une section locale du parti. À 22 ans, il était président des Jeunes PLR, à 23 ans, il était élu au parlement de la Ville de Zurich puis, un an plus tard, au Conseil national. L'amateur était devenu un passionné.

Opposition féroce de la gauche

Si un contre-projet à l'initiative sur les rentes AVS aboutit, Andri Silberschmidt pourrait couronner sa première législature par un grand succès. Mais cela ne sera pas chose facile. Le Parti socialiste (PS) a déjà annoncé une opposition de principe: «Nous nous opposerons bec et ongles à une augmentation de l'âge de la retraite», a déclaré Mattea Meyer, la coprésidente du parti.

En tant que membre de la CSSS-N, la commission compétente en la matière, Mattea Meyer avait également son mot à dire lundi sur le contre-projet: «Nous refusons catégoriquement tout automatisme de relèvement de l'âge de la retraite ou de réduction des rentes.»

Précieux soutien des Vert'libéraux

Andri Silberschmidt a trouvé des alliés parmi les Vert'libéraux. Melanie Mettler, la vice-présidente du parti, explique: «L'initiative a désigné un problème.» Les cotisations des classes d'âge à faible natalité ne suffisent pas pour les rentes AVS des baby-boomers. Bien que les personnes âgées de 30 à 55 ans fournissent aujourd'hui mathématiquement un volume de travail croissant, un manque financier d'environ 100 milliards de francs risque de se créer d'ici à 2050, explique la conseillère nationale bernoise: «Certes, une plus grande partie de ces personnes travaille à des pourcentages plus élevés, mais comme elles sont tout simplement beaucoup moins nombreuses que les baby-boomers, cela ne suffit toujours pas.»

Pour Melanie Mettler, un relèvement de l'âge de la retraite n'entre toutefois en ligne de compte qu'en dernier recours. Car il n'apporterait pas l'effet escompté: «Ceux qui peuvent se le permettre partent déjà plus tôt à la retraite aujourd'hui.» De plus, une mesure temporaire toucherait à nouveau les mêmes classes d'âge à faible natalité. La politicienne vert'libérale estime donc que le contre-projet est une «impulsion pure» qui oblige le monde politique à agir: «Il s'agit d'équité entre les générations.»

Andri Silberschmidt est sérieux. Le financement de l'AVS est l'un des principaux soucis du pays: «Si nous ne faisons rien, le pouvoir d'achat diminuera, la prospérité s'amenuisera.» Le contre-projet contient un «mécanisme de sécurité»: si le Conseil fédéral ne propose pas de réforme, des automatismes s'appliqueront. La forme exacte de ces mesures n'a pas encore été définie, le relèvement de l'âge de la retraite n'étant qu'un instrument parmi d'autres. «Je mets ma main au feu que personne ne devra travailler jusqu'à 67 ans dans les dix prochaines années», assure Andri Silberschmidt.

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