C’est ce qui s’appelle un retour de bâton. Après avoir dénoncé les déguisements asiatiques de la section de La Gruyère du Parti libéral-radical (PLR) lors d’un repas de soutien, la Jeunesse socialiste fribourgeoise (JSF) est interpellée au sujet d’une photo d’Alizée Rey, candidate socialiste au Conseil des États.
L’image circule abondamment sur les réseaux sociaux depuis la prise de position du parti dans Blick. On y voit la Villaroise déguisée en… «Indienne d’Amérique», une plume rouge dans les cheveux. Une légende accompagne le tout: «Carnaval 2022, c’est parti!»
Un internaute, qui a publié le cliché sur Facebook, sort du bois avec ironie. «Ainsi donc, en cette période d’élections fédérales, le déguisement des membres du comité du PLR de La Gruyère fait hurler au loup une animatrice du comité des jeunesses socialistes fribourgeoises […] qui dénonce une appropriation culturelle. Cette souriante personne […] parle de 'Blackface' et de 'Yellowface'. Va-t-elle parler de 'Redface', même si le rouge est la couleur favorite du parti, en considérant la photo de sa candidate au Conseil des États?»
Le tacle du président du PLR
Contacté par Blick, le président du PLR cantonal enfonce le clou. «Il faut toujours faire le ménage devant sa porte avant de faire la morale aux autres, pique au téléphone Alexandre Vonlanthen. Plus sérieusement, j’espère qu’on va maintenant pouvoir tourner la page et parler de vrais sujets politiques. Pour moi qui suis proche des carnavals et qui ai été dans une guggenmusik, se déguiser fait partie de nos libertés. Toute cette polémique est une non-affaire.»
Pourtant, pour mémoire, la Commission fédérale contre le racisme — présidée par l’ancienne conseillère d’État genevoise PLR Martine Brunschwig Graf — a bel et bien estimé que les déguisements pointés du doigt étaient déplacés. Le président de la formation bourgeoise en est surpris. «J’étais présent à la soirée en question et il n’a jamais été question de se moquer d’une culture, mais de la mettre à l’honneur, souffle-t-il. D’ailleurs, le premier prix de la tombola était un bon pour un restaurant asiatique de la région. Je crois que les choses ont été décontextualisées et c’est ce qui a posé un problème.»
La JSF ne plie pas
Du côté de la JSF, on ne l’entend évidemment pas de cette oreille. «Lorsqu’on se fait tancer par la Commission fédérale contre le racisme qui est présidée par une personne membre de son propre parti, on se fait petit et on n’allume pas de contre-feux, persifle Maxime Weissbaum, membre du comité. Cette manœuvre ne change rien: nous invitons toujours le PLR à réfléchir à ses stéréotypes et à présenter ses excuses.»
Interrogé sur la photo d’Alizée Rey, le militant de gauche radicale ne tourne pas autour du pot: «Son déguisement était inapproprié, mais l’affaire est terminée depuis plus d’une année maintenant. Une personne de la JSF avait répondu à sa story pour le lui signifier et Alizée l’avait rapidement supprimée et présenté ses excuses. Le PLR nous attaque en disant que nos actes diffèrent de notre discours, mais c’est tout le contraire: nous faisons très attention aux agissements et au comportement de nos membres. L’antiracisme est une lutte active et quotidienne.»
«Une erreur de ma part»
La candidate à la Chambre haute confirme cette version des faits. «Mon costume était effectivement inapproprié, c’était une erreur de ma part, glisse Alizée Rey au bout du fil. J’avais présenté mes excuses aux personnes qui m’avaient écrit.»
Elle enchaîne: «Dans ce genre de situation, il vaut mieux assumer, tirer les conséquences et s’excuser.» S’agit-il d’un message adressé au PLR? «C’est un message valable pour tout le monde», rétorque-t-elle du tac au tac.