Après l'ire des cantons
L'armée doit sauver l'offensive de vaccination

Le Conseil fédéral tente d'améliorer ses efforts de vaccination en terme d'équipe mobile. Il s'agit notamment de mieux soutenir les cantons; l'armée pourrait être mobilisée pour apporter son aide.
Publié: 08.10.2021 à 11:39 heures
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Dernière mise à jour: 08.10.2021 à 13:14 heures
Pascal Tischhauser, Jocelyn Daloz (adaptation)

Mercredi prochain, le Conseil fédéral ne se réunira pas au Palais fédéral. Il tiendra son meeting «extra muros» à Lucerne et rencontrera la population au centre-ville avant midi.

Cela fait plus de dix ans que les sept sages entendent démontrer leur proximité avec la population en organisant de telles rencontres en dehors de Berne. Cette année, jamais la distance qui les sépare de la population n’aura été aussi grande. Si certaines décisions peuvent lui être reprochées, le Conseil fédéral n’a pourtant fait qu’appliquer la loi sur les épidémies, qui a été approuvée par 60% de la population.

Les mesures imposées par la Confédération suscitent régulièrement du ressentiment. A Lucerne, le Conseil fédéral devra se décider sur les efforts à déployer pour l’offensive vaccinale, dont la première mouture a été soumise aux cantons et autres groupes d’intérêts pour consultation vendredi dernier.

Une unité de sanitaire de l'armée, ici durant un exercice le 18 juin 2021.
Photo: Keystone

Les bons de vaccination, c’est du passé

Le Conseil fédéral proposait dans ce projet des bons de 50 francs qui auraient été remis aux personnes qui encouragent quelqu’un à se faire vacciner. Au vu du tollé que cette mesure a suscité parmi les cantons, elle ne sera vraisemblablement pas retenue. L’opposition est moins grande en ce qui concerne les autres propositions du Conseil fédéral. Tobias Bär, porte-parole de la Conférence des directeurs cantonaux de la santé, explique qu’il y a par exemple une «certaine ouverture» parmi les cantons à l’idée d’envoyer des conseillers en vaccination de porte à porte pour dissiper les craintes de la population.

La semaine nationale de vaccination est également approuvée par une large majorité. Enfin, «la proposition de créer des centres mobiles de conseil et de vaccination supplémentaires est soutenue par la moitié des cantons», précise Tobias Bär. Toutefois, les cantons ont également souligné le manque de personnel spécialisé. Il ne serait pas possible de remédier à cette pénurie, même avec l’argent de la Confédération.

L’armée devrait enfin aider

Selon nos informations, l’administration fédérale réfléchit maintenant à la manière de renforcer les équipes de vaccination dans les cantons. Certains ont réclamé l’aide de l’armée. Une proposition qui ne plairait pas à la ministre de la Défense, Viola Amherd, selon nos informations. Une posture qui suscite l’incompréhension, puisque les recrues dans les unités médicales ont appris à faire des injections. Pourquoi il ne leur serait pas permis de mettre à profit ce qu’ils ont appris est un mystère.

Plusieurs cantons ont également constaté que les bus de vaccination mobiles ne suscitent que peu d’intérêt auprès de leur population. La Confédération estime toutefois que dix bus de vaccination mal utilisés sont toujours plus utiles que de ne pas envoyer de bus du tout par crainte du manque de succès.

Ueli Maurer, le sceptique

Quoi qu’ils décideront mercredi, les sept conseillers fédéraux risquent fort de devoir répondre aux questions de la population à propos du vaccin lors de leur bain de foule à Lucerne. Il leur incombera alors de persuader les gens qu’ils rencontreront directement. Les yeux seront particulièrement rivés sur Ueli Maurer, qui doit prouver sa collégialité malgré son scepticisme personnel.

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