Après une conférence pro-Palestine
L'EPFL réintègre son association féministe, suspendue car jugée partisane

Ce mardi, l'École polytechnique fédérale de Lausanne réhabilite son association féministe et annule les sanctions à son encontre. Début mai, l'EPFL avait suspendu Polyquity à la suite d'une conférence jugée «partisane» sur le conflit israélo-palestinien.
Publié: 21.05.2024 à 19:16 heures
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Dernière mise à jour: 21.05.2024 à 19:44 heures
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Léo MichoudJournaliste Blick

L'École polytechnique fédérale de Lausanne et son association féministe Polyquity ont trouvé «un terrain d'entente», ce mardi 21 mai. L'accord entre les deux parties «annule de facto la suspension des activités de l’association, tout en prévoyant un dialogue renforcé en amont des prochaines manifestations», déclare l'institution sur son site internet.

Petit rappel des faits: le 30 avril dernier, l'association Polyquity organisait une conférence intitulée «Fémonationalisme, colonialisme et féminisme: réponses du sud global», menée par la juriste et féministe pro-palestinienne Paola Salwan Daher — par ailleurs épinglée avec son mari prof à l'Uni de Lausanne par un élu de l'Union démocratique du Centre (UDC). Soulignant le caractère «partisan» de la manifestation se tenant sur ses terres, la vice-présidente de l'EPFL Kathryn Hess Bellwald signifiait le 3 mai aux membres de Polyquity la suspension provisoire de leur association, pour au moins 10 jours. Cette décision impliquait l'impossibilité d'organiser de nouveaux événements.

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Toutes les sanctions levées

Dans sa prise de position du jour, l'institution universitaire «s’engage à mener une réflexion approfondie autour d’un article de son cadre légal touchant aux droits et aux devoirs des associations étudiantes.» Même topo — mais inversé — du côté de l'association, qui se réjouit que «toutes sanctions contre Polyquity ont été levées», ce même jour sur son compte Instagram.

L'occupation pro-palestinienne de l'EPFL revendiquait que cesse la «censure» de la part de l'institution, en référence notamment à la suspension de l'association Polyquity.
Photo: keystone-sda.ch
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«L'EPFL s'excuse quant à sa réaction brusque et fermée au dialogue, développe la publication. D'autre part nous reconnaissons avoir organisé une conférence ne respectant pas certaines règles de l'EPFL en ayant tenu un discours d'ordre politique.» Polyquity évoque «plusieurs semaines de négociations éprouvantes avec la direction de l'EPFL» et considère le débouché comme une «preuve que la mobilisation fonctionne».

Apolitisme, un cadre légal à revoir?

Mais quelles sont ces règles — ou ce cadre légal de l'EPFL — évoquées à deux reprises? Au cœur du «différend» opposant les deux organes, se trouve la LEX 8.2.1. Ce texte du règlement de l'EPFL régit les droits et devoirs des associations au sein de l'école. L'article 3 indique que «l’EPFL peut reconnaitre une association d’étudiants pourvu qu’elle soit affranchie de toute orientation et rattachement de nature politique ou religieuse, sans préjudice de sa légitimité à intervenir dans le débat politique sur les questions liées aux études».

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«L'EPFL s'engage à mener une réflexion, avec une consultation auprès de sa communauté, en vue d'une révision future de la LEX 8.2.1 et en particulier de son article 3, d'ici la fin de l'année 2024»
La vice-présidente de l'EPFL dans l'accord qui la lie à l'association féministe Polyquity
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Ce que Polyquity estime avoir obtenu de sa maison mère, c'est qu'elle repense la formulation de cette loi interne obligeant «l'apolitisme des associations étudiantes». Les termes de l'accord indiquent: «L'EPFL s'engage à mener une réflexion, avec une consultation auprès de sa communauté, en vue d'une révision future de la LEX 8.2.1 et en particulier de son article 3, d'ici la fin de l'année 2024.»

Polyquity annonce sur Instagram vouloir suivre cet engagement «de près», avant de se réjouir de ce retour à la normale. «On a hâte de vous voir la semaine prochaine lors de notre semaine des menstruations», se projette enfin l'association féministe réhabilitée.

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