Attaque du Hamas contre Israël
«Si je ne reviens pas, sachez que je vous aime», dit une festivalière à son père

Un festival de musique électronique se tenait à cinq kilomètres de la bande de Gaza, samedi matin, quand l’attaque du Hamas a commencé. Des survivants témoignent de leur calvaire pour échapper à la mort.
Publié: 10.10.2023 à 16:13 heures
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Dernière mise à jour: 07.11.2023 à 12:16 heures
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Lucie FehlbaumJournaliste Blick

Des festivaliers qui profitaient d'une rave-party dans le désert, près du kibboutz Reim en Israël, ont vécu l'horreur samedi matin quand des combattants du Hamas ont pénétré de force sur le territoire de l'État hébreu. La fête, qui avait lieu à cinq kilomètres de la bande de Gaza, assiégée par Israël depuis sa prise de contrôle par le Hamas en 2007, a été touchée de plein fouet.

«Le Monde» a interrogé plusieurs rescapés du festival. Le 7 octobre, ils ont d'abord entendu, et vu, des tirs de roquettes. Ceux-ci ont été interceptés par le Dôme de fer, le dispositif de défense antiaérien d'Israël, à 6h40 du matin. Parmi les 3500 fêtards, certains souhaitent «rester encore un peu», pensant à un échange de tirs limité. Le DJ suisse Rafael Willi, qui se produisait lors du festival, a entendu les tirs, mais il est rentré juste avant le début de l'attaque.

Pas d'endroit pour s'abriter

Rapidement, des voix s'élèvent au micro, conseillant à la foule encore sur place de se mettre à terre. Dans la plaine vide, il n'y a pas d'endroit pour s'abriter. Des combattants pénètrent sur le territoire israélien en des dizaines de points différents. D'autres arrivent par la mer et par le ciel, empruntant des parapentes motorisés.

La musique a laissé place aux alarmes et aux roquettes. Les festivaliers ont dû fuir le terrain.

Une jeune femme interrogée par le quotidien français, habituée de ces festivals qu'elle fréquente tous les mois, s'abrite près des caravanes qui distribuent de la nourriture et des boissons. Dans la foule, elle perd son amie française, qui a le pied dans le plâtre. Avec ses autres amis, ils parviennent à monter dans leur voiture, mais un bouchon se forme. La jeune femme et son copain sortent alors pour continuer leur fuite.

La police arrive, 10 heures plus tard

Ils retrouvent leur amie au pied cassé, cachée dans une caravane depuis laquelle elle parle avec sa mère au téléphone. Mais les combattants du Hamas les repèrent. La jeune française qui a du mal à se déplacer reste cachée, le couple s'enfuit, slalom entre les tirs de mitraillettes. Ils tombent sur un tank israélien dont l'équipage a été tué. Une voiture explose sous le tir d'un missile, près d'eux. Des gens qui étaient cachés derrière meurent sur le coup.

Épuisé par leur fuite et délaissé par l'espoir, le couple s'allonge parmi les morts. «Autour de nous retentissaient les tirs et les explosions. On a appelé la police. Personne n’est venu», témoigne la jeune femme. Vers 16h, une patrouille arrive et les amène en lieu sûr.

«Si je ne reviens pas»

Un de leurs amis resté dans la voiture connaît un même slalom pour fuir la mort, zigzagant entre les tirs sans savoir où aller. Toutes les localités qui entourent l'enclave sont aux mains de commandos du Hamas. C'est finalement dans le village de Yoshivia, apparemment épargné, que le jeune homme trouve refuge. D'abord placé dans un abri, il est ensuite recueilli par un habitant.

La jeune française au pied dans le plâtre n'a plus donné signe de vie depuis un message écrit à son père, à 10h du matin samedi: «Si je ne reviens pas, sachez que je vous aime».

Près de 260 personnes, sur les 900 tuées depuis l’offensive du Hamas, sont des festivaliers, selon l’association de secourisme Zaka. Au moins deux auraient été kidnappés, prouvent des vidéos postées sur Telegram.

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