Avec une initiative populaire
Les chauffeurs de camion demandent une augmentation de salaire à la Suisse

Les Routiers Suisses, l'association professionnelle des chauffeurs, se bat avec une initiative pour la sécurité de l'approvisionnement, une meilleure rémunération et contre le dumping salarial dû à l'embauche de chauffeurs étrangers injustement payés.
Publié: 26.12.2021 à 06:04 heures
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Dernière mise à jour: 26.12.2021 à 08:11 heures
Thomas Schlittler

Il y a des trous dans les rayons des supermarchés. Les restaurants suppriment des menus de leur carte. Les stations-service sont en panne d'essence - les Britanniques ont dû faire des sacrifices inhabituels ces derniers mois. L'approvisionnement en biens de consommation courante est au point mort, car le pays manque de milliers de chauffeurs de camion.

La situation en Suisse n'est pas comparable à celle de la Grande-Bretagne. Actuellement, il n'y a pas de risque de pénurie d'approvisionnement. Mais chez nous aussi, le secteur de la logistique est en ébullition. Les chauffeurs sont mécontents. L'association professionnelle Les Routiers Suisses s'engage depuis des années pour de meilleures conditions de travail, en particulier pour des salaires minimums plus élevés. Mais l'association des véhicules utilitaires Astag, qui représente les transporteurs, ne veut rien en savoir.

Les chauffeurs en ont assez

Pour enfin aller de l'avant, les chauffeurs routiers prévoient de lancer une initiative populaire. David Piras, secrétaire général des Routiers Suisses, déclare au SonntagsBlick: «Le texte de l'initiative est prêt. Nous la déposerons en janvier auprès de la Chancellerie fédérale.»

David Piras (photo), secrétaire général des Routiers Suisses, déclare au SonntagsBlick: "Le texte de l'initiative est prêt. Nous déposerons l'initiative des chauffeurs en janvier auprès de la Chancellerie fédérale".
Photo: STEFAN BOHRER
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L'objectif principal de l'initiative est de «garantir l'approvisionnement» de la population et de l'économie. Pour ce faire, la Confédération doit veiller à ce qu'il y ait «un nombre suffisant de chauffeurs formés de manière appropriée».

Les initiateurs ont formulé des mesures concrètes pour atteindre ces objectifs. Ils exigent ainsi que les conditions de travail et la rémunération des chauffeurs soient à l'avenir «comparables à celles d'autres professions artisanales». Ils revendiquent en outre un salaire minimum obligatoire.

Protection contre la concurrence étrangère

La protection contre la concurrence étrangère bon marché est également une préoccupation centrale des chauffeurs routiers. Ils exigent donc que ceux qui effectuent des transports dans le pays vivent et habitent en Suisse ou, le cas échéant, dans les pays limitrophes. «Ainsi, le dumping salarial avec des chauffeurs d'Europe de l'Est devrait enfin prendre fin», explique David Piras.

L'interdiction d'effectuer des transports nationaux avec des véhicules immatriculés à l'étranger va dans le même sens. Ces transports dits de cabotage sont certes déjà illégaux aujourd'hui, mais ne sont que rarement sanctionnés, selon le représentant. L'initiative demande donc qu'à l'avenir, les infractions soient poursuivies par la Confédération.

Le dernier point concerne la formation et la formation continue. Celle-ci doit mettre davantage l'accent sur «la sécurité routière, la protection de l'environnement, la préservation des ressources et le sens des responsabilités». Le financement devrait, quant à lui, être assuré par la redevance sur le trafic des poids lourds liée aux prestations (RPLP).

Une initiative qui se veut apolitique

David Piras est convaincu que ces mesures sont nécessaires pour garantir le bon fonctionnement de la logistique en Suisse, même à long terme. «La pandémie a montré que les chauffeurs sont importants pour le système et nécessaires au bon fonctionnement de la Suisse», souligne-t-il.

Les chauffeurs de poids lourds espèrent que la population voit les choses de la même manière. Le «oui» à l'initiative sur les soins infirmiers leur donne de l'espoir. Celle-ci n'a toutefois pas été la raison principale de leur propre initiative, selon David Piras. «L'élément déclencheur est le fait que l'Association suisse des transports routiers (Astag) ignore nos demandes depuis des années. Et comme nous sommes neutres sur le plan politique et que nos préoccupations ne sont pas vraiment importantes pour les partis, nous ne voyons pas d'autre solution qu'une initiative populaire».

Les chauffeurs veulent donc rester complètement indépendants. Mais le comité d'initiative devrait s'élargir à dix ou quinze personnes d'ici la mi-janvier. Les Routiers Suisses veulent délibérément renoncer au soutien des personnes issues de partis politiques, du syndicat Unia ou d'Astag. Pour la collecte des signatures, l'association mise en premier lieu sur l'engagement de ses 16'000 membres.

(Adaptation par Daniella Gorbunova)


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