Balancé par le directeur de l'école
Un garçon se fait arrêter devant tous ses copains pour détention d'images pornographiques

Un garçon de 12 ans a été interpellé en public et emmené au poste de police pour avoir partagé des images et des vidéos pornographiques dans un groupe Whatsapp. Ses parents ne comprennent pas une telle mesure et se disent aujourd'hui indignés.
Publié: 11.03.2024 à 21:14 heures
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Dernière mise à jour: 12.03.2024 à 08:55 heures
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Martin Meul

Nous sommes le 19 janvier 2024, lors d'une semaine de camp de ski à Fiesch (VS) lorsque la police débarque à la station. Un agent se place devant Michel*, 12 ans, complètement abasourdi, puis l'embarque, direction le poste de police.

La scène, qui fera plus tard parler d'elle dans tout le village, se déroule sous les yeux de plusieurs camarades de classe. La raison pour laquelle Michel doit se rendre au poste de police? Le jeune garçon aurait posté des images et GIF animés à caractère pornographique, dans un groupe Whatsapp privé.

Au total, quatre fichiers représentant des formes d'automutilation génitale – certes probablement fausse – ont été identifés.

Margrit et Yves Strauss ont appris que leur fils avait partagé des images et des vidéos pornographiques dans un groupe Whatsapp.
Photo: Meul Martin (eum)
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«La police n'a fait preuve d'aucun tact»

Une fois au poste, Michel a dû affronter les questions, parfois très dures, des agents de police. Seul, car le garçon renonce à une assistance juridique! Très vite, le jeune garçon est passé aux aveux, avant que son père ne le rejoigne, une demi-heure plus tard, au poste, pour remettre à la police le téléphone portable de son fils, confisqué auparavant.

Un mois est passé, depuis l'interrogatoire, mais ce qui s'est passé ce 19 janvier préoccupe toujours les parents du garçon, Margrit et Yves Strauss. Ils sont en colère. «La police n'a fait preuve d'aucun tact avec notre fils. Notre fils a juste servi d'exemple de la façon la plus brutale qui soit», s'indigne Yves Strauss, qui s'insurge contre le fait que son fils ait été arrêté publiquement par la police. La mère ajoute: «C'est justement les enfants que l'on devrait protéger du regard des autres, surtout dans un petit village.»

Les parents sont convaincus que la police aurait pu emmener leur fils au poste sans que tout le voisinage ne soit au courant, malgré le caractère légal de l'arrestation. «À présent, notre fils est maintenant mis au ban de la société», se plaint Yves Strauss.

Interrogée, la police cantonale valaisanne écrit: «L'intervention évoquée a été effectuée, à la discrétion du policier en uniforme.»

Signalé par le directeur de l'école

Pourtant, l'affaire aurait pu être réglée sans l'intervention de la police. Tout a commencé lorsque les parents d'un des autres membres du groupe ont découvert les images sur le téléphone portable de leur fils. Ils ont alors contacté les parents de Michel, afin que ces derniers interviennent. Ce qu'ils auraient fait: «Nous avons immédiatement expliqué à notre fils qu'une telle chose n'était pas possible et l'avons même puni» en lui confisquant son téléphone portable. «Nous pensions que l'affaire était ainsi réglée, mais c'était une erreur», explique la mère.

Personne ne sait cependant pourquoi la police s'est soudainement intéressée aux images pornographiques. Les parents de Michel pensent que certains parents auraient porté plainte et montré les images au directeur de l'école, Martin Fux.

Car c'est ce dernier qui a informé la police, comme il est tenu de le faire en cas partage d'images constituant un délit officiel.

La mère qui aurait attiré l'attention du directeur de l'école sur les images et les vidéos partagées par les enfants n'a pas répondu aux sollicitations de Blick.

Des cercles étendus?

Reste à présent à savoir combien de jeunes, outre Michel, sont concernés par cette affaire. Lors de son interrogatoire, le garçon avait expliqué qu'il n'avait pas téléchargé les images et les vidéos envoyées dans le groupe, mais qu'il les avait simplement repostées.

En effet, un autre garçon avait auparavant téléchargé des images pornographiques à partir d'un chat et les avait ensuite transférées dans un groupe de discussion. «Nous espérons vivement que toutes les personnes concernées seront désormais traitées de la même manière» indiquent les parents de Michel.

Le directeur de l'école explique de son côté: «Les chats concernés sont des discussions privées et l'école n'y a pas accès. Pour cette raison, l'école ne dispose pas non plus de chiffres sur les personnes impliquées». Le tribunal des mineurs a fait savoir qu'il ne pouvait pas se prononcer sur cette affaire.

Les parents de Michel, qui avouent volontiers que leur fils s'est mal comporté, doivent à présent accepter l'ordonnance pénale pour diffusion de contenu pornographique et représentation de la violence, le partage d'images de ce genre étant interdite. Margrit et Yves Strauss sont néanmoins convaincus que l'affaire aurait pu être mieux résolue de manière plus diplomatique: «C'est devenu une affaire énorme qui pèse sur tout le monde», explique le père. En effet, en plus de son fils, au moins deux autres enfants font l'objet d'une procédure.

La peine infligée à Michel par le tribunal des mineurs est de trois heures de consultation au service cantonal sur le thème de la santé sexuelle.

* Nom modifié

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