Bettina Schrag a identifié les victimes de Tête Blanche (VS)
«De tels drames nous touchent aussi dans la médecine légale»

Souvent, les victimes d'accidents de montagne doivent être formellement identifiées. En Valais, c'est le service de médecine légale de l'Hôpital de Sion qui s'en occupe. Sa responsable, Bettina Schrag, explique quelles sont les méthodes utilisées. Interview.
Publié: 14.03.2024 à 09:00 heures
|
Dernière mise à jour: 14.03.2024 à 09:03 heures
RMS_Portrait_AUTOR_814.JPG
Martin Meul

Ce week-end, cinq randonneurs ont perdu la vie dans un tragique accident de montagne à Tête Blanche, en Valais. Une Fribourgeoise qui les accompagnait est toujours portée disparue en montagne. Les avis de décès des cinq hommes qui l'accompagnaient ont été publiés mardi.

Les corps des randonneurs ont été confiés au service de Bettina Schrag. Cette médecin dirige le service de médecine légale de l'Hôpital du Valais à Sion. Sa mission: identifier formellement les victimes d'accidents de montagne. Un travail qui nécessite l'expérience et la renommée qui caractérisent la médecine légale en Valais. Interview.

Bettina Schrag, en tant que médecin légiste en Valais, vous avez souvent affaire à des victimes d'accidents de montagne. Mais il est plutôt rare que cinq personnes meurent en même temps. Comment gérez-vous des tragédies comme celle de Tête Blanche?
Il y a deux niveaux. Il va de soi que nous abordons la question de manière scientifique et professionnelle afin de garantir l'objectivité. Nous le devons aux victimes et à leurs proches, ne serait-ce que par respect. Mais de tels drames nous touchent aussi en tant qu'êtres humains dans la médecine légale.

Bettina Schrag dirige le service de médecine légale de l'Hôpital du Valais à Sion.
Photo: Keystone
1/5

Les cinq victimes de l'accident retrouvées jusqu'à présent ont dû être formellement identifiées. Quand est-ce qu'une telle identification est nécessaire?
Il peut y avoir plusieurs raisons à cela. En général, on considère qu'une identification formelle est nécessaire lorsqu'un corps n'est plus reconnaissable visuellement, en raison par exemple des circonstances qui ont conduit au décès ou du processus de décomposition. Mais il se peut aussi qu'une identification formelle soit ordonnée lorsqu'il y a plusieurs victimes.

Est-il vrai que le moyen le plus rapide de procéder à une telle identification est qu'un membre de la famille passe et dise: «Oui, c'est mon fils»?
Cela représente le cas idéal, mais dans certaines situations, ce n'est pas possible.

Si l'identification visuelle ne fonctionne pas, quelles sont les possibilités dont vous disposez?
Les empreintes digitales sont une bonne méthode d'identification relativement rapide, à condition qu'il soit possible de faire une comparaison, par exemple à partir d'un passeport biométrique. Les corps peuvent également être identifiés à l'aide de schémas dentaires ou de numéros de série d'implants. Mais là encore, il faut disposer de données de comparaison.

Dans les films, les victimes d'accidents ou de délits violents sont souvent identifiées grâce à leur ADN. Est-ce également un bon moyen dans la vie réelle?
Tout à fait. L'ADN des personnes décédées est comparé à celui de leurs proches.

Mais cela prend beaucoup de temps, non?
Pas vraiment. Si nous disposons d'un bon matériel de comparaison, qui provient par exemple des parents, les résultats sont disponibles dans la journée.

Pourquoi ne suffit-il pas de regarder la carte d'identité que les personnes décédées ont sur elles pour les identifier?
Des erreurs peuvent se produire. C'est ce que nous voulons éviter à tout prix. Il suffit que les portefeuilles aient été échangés et que les personnes se ressemblent pour qu'une erreur d'identification se produise. Une carte d'identité n'est donc qu'une indication de l'identité de la personne décédée. Cette indication doit ensuite être confirmée par l'une des méthodes mentionnées.

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la