Big Brother dans les montagnes des Grisons
À Arosa, le réceptionniste de l'hôtel peut vous espionner

De simples employés des hôtels d'Arosa peuvent suivre en temps réel leur client: de l'excursion en téléphérique, à la sortie d'accrobranche en passant par la balade en pédalo. Les initiés dévoilent tout, à la surprise des spécialistes de la protection des données.
Publié: 04.09.2021 à 14:08 heures
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Dernière mise à jour: 04.09.2021 à 15:26 heures
Marc Iseli, Jessica Chautems (adaptation)

Tout est inclus: entrée à la plage, utilisation des téléphériques, accès à la patinoire en été, promenades en pédalo sur le lac… L'«Arosa card» est un précieux sésame pour les touristes qui se lancent à la découverte des Grisons. À partir d’une nuitée, les hôtes de la commune la reçoivent gratuitement. Il y a toutefois un piège.

Les employés d’hôtel peuvent suivre en temps réel les clients lorsqu’ils utilisent une des offres proposées. Plus surprenant encore, ces informations ne sont même pas anonymisées. «J'ai accès à toutes ces données en tant que réceptionniste», explique une employée à Blick. Elle souhaite l’anonymat car elle craint pour son emploi. Un autre employé d’un hôtel plus chic confirme: la carte d’hôte permet de suivre les clients des hôtels d’Arosa à la trace, lors de leurs activités.

Trop de monde a-t-il accès à ces données?

Le sujet est délicat. Le préposé à la protection des données du canton des Grisons trouve «très étonnant que les données des clients soient accessibles à un nombre de personnes aussi étendu». Seuls ceux qui en sont réellement dépendants devraient pouvoir y avoir accès. Un réceptionniste de l’hôtel ne rentre certainement pas dans cette liste.

L'«Arosa Card» offre l'accès à pleins d'activité, mais il y a un prix à payer.
Photo: Youtube
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Une porte-parole du Commissaire fédéral à la protection des données arrive à la même conclusion: seul un groupe «restreint» d’employés devrait avoir accès aux données, explique-t-elle dans une déclaration. En outre, ces données doivent être supprimées le plus rapidement possible et les invités doivent être informés de la collecte de celles-ci. Ils devraient avoir la possibilité de s’y opposer.

Il est difficile de savoir à quel point ces recommandations sont respectées. Les hôteliers délivrent les cartes d’hôtes aux touristes eux-mêmes. Ils ont été formés majoritairement ce printemps par l’organisation touristique locale. La protection des données y a été abordée, mais il a également été question des «possibilités accrues pour le contrôle et l’analyse des flux».

«Suffisamment de transparence»

Le directeur de l’office du tourisme Roland Schuler confirme que les hôteliers ont un accès complet aux données de leurs clients. Toutefois, les données des autres hôtels qui offrent également le précieux Pass sont cryptées. Il n’y a pas de transmission entre les différents établissements. «L’hôtelier n’a accès qu’aux données concernant ses propres clients et seulement s’il leur a délivré une carte d’hôte», assure-t-il.

Roland Schuler ne perçoit pas de problème dans la situation actuelle. Il précise que seules la «première et la dernière utilisation» de la carte lors d’une journée sont stockées: «Il est seulement possible de savoir où une carte d’hôte a été validée.» Il estime qu’il y a suffisamment de transparence: lorsque les hôtes doivent fournir leurs informations à l'arrivée, cela semble assez évident que leurs activités et déplacements seront enregistrés. Mais est-ce vraiment le cas?

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