Bilan de Credit Suisse et UBS
Des selfies avec le chef et un parfum de nostalgie

Les deux grandes banques du pays, qui ne feront bientôt plus qu'une, ont tenu leurs assemblées générales. Le bilan? L'ambiance a été plus tranquille que prévu, une tâche «herculéenne» attend UBS et tous les collaborateurs craignent pour leur emploi.
Publié: 06.04.2023 à 11:08 heures
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Christian Kolbe

Il n'y aura pas (vraiment) eu de grabuge. Les assemblées générales des deux mastodontes bancaires du pays, Credit Suisse et UBS, n'ont pas donné lieu à une révolte des actionnaires. Même si les orateurs se sont enchaînés pour dire tout le mal qu'ils pensaient de l'absorption de CS par UBS, une évolution «mauvaise pour la place financière et la Suisse».

Davantage que de la révolte, c'est un vent de nostalgie qui a plané dans le Hallenstadion de Zurich. L'adieu à l'institution qu'est Credit Suisse est difficile pour les actionnaires, très attachés à l'enseigne. Ils se sont donc fortement insurgés contre toute les personnes jugées coupables du naufrage de la banque.

Plus calme chez UBS

À Bâle, dans la St. Jakobshalle, l'ambiance était plus apaisée à l'AG de l'UBS. Tout s'est déroulé comme d'habitude: tous les points de l'ordre du jour ont été approuvés dans de grandes proportions.

Sur le départ, le populaire Ralph Hamers a pris la pose avec ses anciens collaborateurs.
Photo: Christian kolbe

Il s'agissait néanmoins d'adieux à la cité rhénane: à l'avenir, l'UBS n'existera plus sous cette forme et pourrait bien quitter Bâle. À quoi ressemblera cette méga-UBS? Comment va se passer concrètement cette fusion? Ces questions, comme beaucoup d'autres, sont restées ouvertes et sans réponse.

Lukas Gähwiler, président d'UBS Suisse, a mis en garde: «Il est beaucoup trop tôt pour spéculer, notamment en ce qui concerne la préservation des emplois.» Mais le cadre de 57 ans s'est montré plutôt rassurant à court terme: l'union des deux banques étant une «tâche herculéenne», elle nécessitera plutôt davantage de monde que moins. Mais, à un horizon plus lointain, il est évident qu'il y aura des «synergies» et que des milliers de personnes pourraient perdre leur emploi.

Une «salle des machines» très active

Rarement les collaborateurs et leur destin n'auront autant été au centre des discussions que cette année. Rarement, aussi, leur travail n'avait été autant reconnu: les employés ont été remerciés et invités à continuer de donner le meilleur d'eux-mêmes.

Ce n'est pas un hasard: même si l'immense vaisseau est piloté par le président de l'UBS Colm Kelleher et le nouveau CEO Sergio Ermotti, ce sont surtout les «salles des machines» des deux banques qui vont mener à bien l'opération. Il faut s'occuper des clients, fusionner les systèmes informatiques et tout ce qui va découler de cette «tâche herculéenne». Ces prochaines semaines, les employés des deux entités vont passer de concurrents à collègues, avec en toile de fond le risque de se retrouver victimes des «synergies».

Sergio Ermotti, déjà surnommé «le George Clooney de la Paradeplatz», ne doit pas oublier que la confiance en l'UBS et ses collaborateurs sera le nerf de la guerre. Il doit superviser l'exécution juridique de cette reprise, qui doit se faire le plus rapidement possible. Plus vite UBS aura un aperçu sur l'état de Credit Suisse, plus vite les risques inhérents à l'absorption seront clairs.

Des fleurs et des larmes pour Hamers

Tandis qu'un parfum de nostalgie se diffusait dans le Hallenstadion de Zurich, l'atmosphère était plutôt au renouveau à la Halle Saint-Jacques. Cet élan durera-t-il suffisamment longtemps pour que la nouvelle UBS devienne une histoire à succès?

En attendant, l'assemblée a pris congé de Ralph Hamers. Le prédécesseur de Sergio Ermotti s'est résigné à sa destitution. Même s'il restera encore un moment dans le paysage en tant que conseiller, le Néerlandais s'est vu remettre un panier garni et a été chaleureusement applaudi par Colm Kelleher.

Ralph Hamers a même posé pour quelques selfies avec des collaborateurs, et quelques larmes ont coulé. Beaucoup regretteront le «chef jovial» qui a changé durablement la culture de la banque, même malgré une courte période d'activité (fin 2020 à aujourd'hui).

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