Bye bye «Petite Fleur»
La première maison-close légale de Suisse ferme ses portes

En 1998, la «Petite Fleur» a ouvert ses portes à Zurich. Elle fut la première maison close légale en Suisse. Aujourd'hui, ce célèbre établissement fait partie de l'histoire, car l'immeuble doit être vendu.
Publié: 19.09.2023 à 16:30 heures
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Daniel Jung et Jessica von Duehren

Nous sommes le 25 février 1998. La «Petite Fleur» vient d'ouvrir ses portes à Wollishofen, dans la banlieue zurichoise, après avoir obtenu le feu vert du conseil municipal de la ville pour transformer et changer l'affectation des lieux. L'établissement — qui affiche une petite lumière rouge trahissant l'activité des lieux — devient la première maison close légale de Suisse.

À l'époque, l'ouverture crée la sensation autour d'un lieu et d'un homme, l'avocat Valentin Landmann, 73 ans désormais. Ce jour-là, malgré la résistance et les recours du quartier, la petite fleur dévoile ses pétales.

Vingt-cinq ans plus tard, le célèbre établissement a fermé ses portes, a appris Blick. L'immeuble logé au Mythenquai 386 doit être vendu. Le contrat de location avec l'entreprise érotique qui exploitait les lieux n'a pas été prolongé, car la communauté d'héritiers à laquelle appartient la maison ne se sentait pas à l'aise avec ce type de commerce.

La maison close «Petite Fleur» à Zurich-Wollishofen est fermée. La maison du Mythenquai sera vendue.
Photo: Jessica Von Duehren
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Valentin Landmann n'est pas triste

Valentin Landmann s'est battu pour l'ouverture de la «Petite Fleur» à la fin des années nonante, mais il affirme qu'il ne regrettera pas la maison de passe: «À l'époque, nous avons fait un important travail de pionnier avec les exploitants et montré qu'un tel grand bordel pouvait être géré légalement.» Mais entre-temps, la branche a évolué. «Et c'est bien ainsi», ponctue l'ancien avocat.

L'établissement à la célèbre enseigne lumineuse, situé en diagonale du centre culturel Rote Fabrik et en face d'un nouveau lotissement de luxe, comptait à l'origine 30 chambres. En 1999, un bar avec une scène de strip-tease a été ajouté et le nombre de chambres a été réduit à 25. Le concept s'inspirait des maisons de passe allemandes dans lesquelles les prostituées louent une chambre et peuvent ensuite exercer leur activité en toute légalité et sans proxénète. Au début, le loyer journalier par chambre était de 200 francs.

L'accès à la maison était d'abord réglé par une porte tournante où les clients devaient déposer cinq francs. Ensuite, ceux-ci pouvaient librement choisir une partenaire.

SRF offre des préservatifs

Dans un reportage de l'émission «Schweiz aktuell» de la SRF, l'équivalent alémanique de la RTS, la présentatrice s'est promenée dans les locaux avec Valentin Landmann la veille de l'ouverture. Le juriste expliquait que le concept de la «Petite Fleur» devait permettre d'éviter la criminalité qui entoure habituellement la prostitution. La maison close offrait alors des «emplois sûrs». À la fin de l'émission, l'animatrice avait remis à Valentin Landmann... un gros paquet de préservatifs.

L'ouverture avait suscité un énorme intérêt médiatique. Même des chaînes de télévision étrangères étaient venues filmer les lieux. Mais la maison a aussi connu des problèmes à plusieurs reprises. En 2000, le gérant avait été condamné pour infraction à la loi sur les étrangers. Auparavant, lors de contrôles à la «Petite Fleur», la police avait attrapé 25 prostituées sans permis de séjour ni de travail.

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