Ce qui se passait en coulisses
Comment Jositsch a-t-il fait pour récolter 70 voix sans être candidat?

Avec Beat Jans, c'est l'un des deux candidats officiel du PS qui a été élu au Conseil fédéral. Mais les bourgeois ont exprimé leur colère face au ticket du PS et c'est Daniel Jositsch qui a failli en profiter.
Publié: 14.12.2023 à 09:51 heures
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Dernière mise à jour: 07.03.2024 à 17:11 heures
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Lea Hartmann et Ruedi Studer

À 10h55, le chef du PLR Thierry Burkart (48) a envoyé un SMS à ses collègues de parti. Le PS se méfiait des libéraux radicaux qui ne respecteraient pas les règles du jeu. Les Socialistes ont rappelé plusieures fois explicitement leurs collègues pour qu'ils confirment les conseillers fédéraux sortants et qu'il élisent l'un des deux candidats officiels du PS pour succéder à Alain Berset, c'est-à-dire Jon Pult ou Beat Jans.

L'appel a été lancé à un moment où le PLR avait déjà ses deux sièges au chaud: la ministre des Finances Karin Keller-Sutter avait été élue avec 176 voix, le ministre des Affaires étrangères Ignazio Cassis avait également été réélu facilement avec 167 voix. Le Tessinois a même obtenu plus de voix qu'il y a quatre ans, lorsqu'il n'avait pu en réunir que 145.

L'attaque des Verts pour le siège de Cassis avec le challenger Gerhard Andrey n'a pas abouti. Le Fribourgeois n'a obtenu que 59 voix, soit nettement moins que Regula Rytz qui en avait obtenu 82 il y a quatre ans. Une situation qui a d'ailleurs provoqué la colère des Vert.e.s.

Le chef du PLR, Thierry Burkart, a appelé ses collègues de parti à respecter les règles du jeu et à voter à partir du ticket officiel du PS.
Photo: IMAGO/dts Nachrichtenagentur
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Le PS n'a guère aidé les Verts

Cette fois-ci, le soutien unanime du PS aux Verts a fait défaut. Les socialistes ont non seulement considéré que l'attaque des Verts n'avait aucune chance, mais ils se sont sans doute aussi majoritairement prononcés en faveur de Cassis par crainte de jeux politiques partisans — les sièges du PS étant les derniers à être concernés.

Photo: keystone-sda.ch

Le chef du PLR Thierry Burkart s'est montré malgré tout satisfait. Même une partie des camarades a soutenu l'attaque contre Cassis, a-t-il déclaré à Blick. «Le PS devait manifestement tenir les Vert-e-s en haleine». Mais il assurait alors qu'il n'y aurait pas de représailles: «Il n'y aura pas de retour de bâton de la part du PLR. Nous nous en tiendrons au ticket».

D'où viennent les 70 voix pour Jositsch?

Cependant, tout le monde n'était pas de cet avis. Le conseiller aux États zurichois PS Daniel Jositsch, qui n'avait pas réussi à se faire élire sur le ticket officiel, a obtenu 63 voix au premier tour, soit nettement plus que le candidat officiel Jon Pult. C'est beaucoup pour un homme dont tous les groupes politiques avaient annoncé qu'ils ne joueraient pas le jeu. Bien sûr, personne ne voulait admettre avoir inscrit le «candidat sauvage» Jositsch sur le bulletin de vote à la place de Jans ou de Pult. Mais Blick a mené l'enquête et peut affirmer aujourd'hui que le Zurichois a pu compter sur le soutien de l'UDC, du PLR et du Centre.

Photo: Screenshot SRF

Environ un tiers des trois groupes parlementaires a voté pour lui. La part de l'UDC serait encore plus élevée, car de nombreux UDC considérant Jans et Pult comme inéligibles. Au Centre, le soutien serait un peu plus faible, puisque même le président des paysans Markus Ritter s'est prononcé en faveur de Jans. Au Conseil des États en particulier, certains hommes du Centre ont fait du lobbying pour leur collègue zurichois.

Comme le rapportait Blick juste avant l'élection, Jositsch lui-même a tout tenté et a appelé l'ancien président de l'UDC Toni Brunner pour s'assurer des voix. Avec les votes de protestation en faveur de Jositsch, les bourgeois ont exprimé leur mécontentement face au ticket du PS. Hormis le dialecte, rien ou presque ne distinguait Beat Jans de Jon Pult, selon les critiques de la droite. Et le fait qu'au moins une partie du PS ait soutenu l'attaque des Vert-e-s a été perçu par certains comme une justification de la pique contre la gauche.

Jositsch est à nouveau resté assis

Pour le PS, cette mini-attaque n'a pas été une surprise. Mais certains membres du groupe n'ont pu que secouer la tête face à la réaction de Jositsch. L'année dernière déjà, lorsqu'il s'agissait de la succession de Simonetta Sommaruga, le conseiller aux États ne s'était pas avancé vers le pupitre pour déclarer qu'il n'était pas candidat à l'élection, ce que beaucoup lui ont reproché.

Et cette fois encore, il n'a rien fait. Jositsch est resté stoïquement assis. Ce faisant, il a abimé un peu plus la relation entre lui et le groupe parlementaire socialiste. Mais finalement, l'humeur festive a chassé la colère. L'après-midi suivant les élections, le PS s'est réuni au centre culturel Progr à Berne pour un repas de Noël. Pour fêter l'événement, les camarades ont chanté avec ferveur l'Internationale, le chant de combat du mouvement ouvrier. Le conseiller fédéral nouvellement élu Beat Jans était de la partie. Mais Jositsch était absent.

Le nouveau conseiller fédéral Beat Jans avec sa famille: sa fille Zoe, son épouse Tracy Jans-Glass et sa fille Mia (de gauche à droite).
Photo: keystone-sda.ch
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