C'est la (gou)goutte de trop
WC en panne dans les trains CFF: les voyageurs romands n'en peuvent plus!

Les plaintes concernant les toilettes du transporteur, souvent bloquées, fusent. Le magistrat genevois Sami Kanaan pousse un coup de gueule, les voyageurs se lamentent. Les CFF sont empathiques mais assurent que la situation est stable.
Publié: 22.09.2023 à 19:30 heures
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Dernière mise à jour: 22.09.2023 à 20:01 heures
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Lucie FehlbaumJournaliste Blick

Fermez les yeux. Imaginez un ruisseau, un robinet ruisselant. Votre vessie vous chatouille, c’est l’heure de vous soulager dans l’intimité de toilettes toutes proches. Et non! Vous êtes dans le RegioExpress entre Genève et Gland et tous les cabinets sont hors-service.

Cette triste détresse urinaire (ou parfois pire, il faut le dire) est partagée par de nombreux voyageurs empruntant les CFF dans l’arc lémanique. La grogne monte sur les réseaux et sur les quais. Suffit de tendre l’oreille: on se plaint, on est coincé à Nyon à cause d’un train en retard, et surtout, on a envie de faire pipi.

Élu fâché

Croisée dans l’InterCity entre Lausanne et Genève mi-septembre, cette femme enceinte est au bord de la crise de nerfs. «J’ai fait trois wagons dans un sens, deux dans l’autre. Toutes fermées. Je crois que je vais me faire dessus.»

L'autocollant rouge «en-panne», la mauvaise surprise pour un voyageur pressé.
Photo: Keystone

Cette expérience d’urgence inapaisable, le conseiller administratif genevois Sami Kanaan en a fait les frais en rentrant du Valais. «J’ai dû descendre à Morges car la seule toilette du train était en panne.» Bien qu’il n’aime pas l’exercice — «en tant que magistrat, j’ai d’autres moyens de me faire entendre» —, le responsable du Département de la culture et de la transition numérique en Ville de Genève a poussé un coup de gueule sur Facebook, le 16 septembre.

Photo: DR

L’ancien maire y décrit la mésaventure d’un voyage en train où rien ne va, du retard aux voitures fermées pour cause de quais trop petits, en passant par les maudits cabinets, défectueux. «Comme de plus en plus dans leurs trains», tance le socialiste candidat au Conseil national.

Fièvre du PQ?

Comment expliquer cette soudaine hausse des WC inutilisables? Les pendulaires sont-ils pris d’une fièvre poussant à bourrer les lucarnes de papier? Les nouvelles rames d’InterCity sont-elles plus fragiles? Rien de tout cela. Comme souvent, il semblerait que l’enfer, ce soit les autres. Ou plutôt, la masse.

«Il ne faut pas oublier que la fréquentation dans le bassin lémanique a explosé, rappelle Sami Kanaan lors d’un coup de fil à Blick. On partait d’assez bas et la hausse est impressionnante. Je me souviens de la gare Cornavin il y a 20 ans, ça n’a rien à voir aujourd’hui.»

Pour le magistrat, les cantons et les CFF n’ont pas mis l’énergie nécessaire à accompagner le succès grandissant des lignes sur l’arc lémanique. «Difficile de suivre pour l’entretien des voies et du matériel. Les syndicats de cheminots sont sous l’eau.»

L’élu regrette également le peu de dialogue entre les chemins de fer et les villes, qui pourtant sont plus proches de la population, prennent le pouls des préoccupations.

3300 trônes parcourent la Suisse

Du côté des CFF, on commence par un peu d’empathie. «Il n’est en effet pas toujours agréable de se retrouver devant une porte de WC close et de devoir se rendre dans la voiture d’à-côté pour trouver une installation en service», écrit dans un e-mail Jean-Philippe Schmidt, porte-parole. Cependant, impossible d’obtenir un chiffre qui quantifierait le nombre de cabinets défectueux.

Le transporteur glisse qu’il est l’un des plus grands exploitants de toilettes du pays. Au total, 3300 trônes parcourent la Suisse à bord des trains. Et forcément, parfois, ça coince. Pas de raison de s’alarmer non plus — pour la société de chemins de fer, il s’agit d’une logique du nombre. Il n’y a pas tellement plus de problème, juste (beaucoup) plus d’utilisateurs.

Les toilettes sont souvent remises en état le jour même

«Sur 1000 spécialistes du nettoyage, 500 d’entre eux sont en déplacement chaque jour pour effectuer des contrôles, assurer la propreté, rajouter du savon ou du papier.» L’objectif, c’est la rapidité: que le problème d’un cabinet soit réglé le plus vite possible, sans attendre la fin de la course pour le réparer. Jean-Philippe Schmidt l’assure: en moyenne, trois toilettes déficientes par jour sur quatre sont remises en état le jour même.

Certains cabinets se bloquent automatiquement quand le réservoir est plein, pour éviter l’accident. Une avancée. A moins d’être responsable de la goutte de trop, et de se retrouver bloqué dans le pipi-room roulant.

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