«C'est une guerre par procuration»
Ueli Maurer choque avec sa déclaration sur la guerre en Ukraine

La position de la Suisse est claire: elle condamne fermement la guerre menée par la Russie en Ukraine. Mais le conseiller fédéral Ueli Maurer sort de ses gonds et parle d'une «guerre par procuration». Ce qui est vivement critiqué.
Publié: 15.08.2022 à 10:50 heures
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Dernière mise à jour: 15.08.2022 à 12:12 heures
Lea Hartmann

Lors d'une manifestation du parti à Bühler (AR), le conseiller fédéral UDC Ueli Maurer a qualifié la guerre que mène la Russie en Ukraine de «guerre par procuration» entre l'Ouest et l'Est, concrètement entre l'OTAN et la Russie. Il s'agit d'une lutte pour le droit au pouvoir qui se déroule sur le dos de l'Ukraine, a tonné le ministre des Finances dans la salle communale, selon CH Media.

Cette déclaration a suscité de vives critiques de la part de parlementaires d'autres partis, comme le rapportent les journaux de CH Media. «Il ne s'agit pas d'une guerre par procuration, mais d'une guerre massive de la Russie contre un État souverain», a tenu à préciser le conseiller aux Etats libéral-radical lucernois Damian Müller. Le conseiller national socialiste Eric Nussbaumer a déclaré lui aussi: «Maurer a complètement tort.» Selon lui, le gouvernement suisse a eu raison de reconnaître et nommer la violation massive du droit international que perpètre la Russie. Il est «indigne d'un conseiller fédéral» qu'Ueli Maurer s'écarte de cette position.

«La Suisse se prosterne devant les autocrates»

Le président des Verts Balthasar Glättli est du même avis. Selon lui, les forces de la Suisse sont sa démocratie, son gouvernement collégial et son engagement pour faire respecter la démocratie, les droits de l'homme et le droit international. «Tout cela semble laisser Ueli Maurer indifférent, affirme Balthasar Glättli auprès de CH Media. Apparemment, pour Maurer aussi, le cantique de la démocratie et de l'autodétermination ne vaut que pour la Suisse. Dans le reste du monde, la Suisse doit se prosterner devant les autocrates.»

Ueli Maurer considère la guerre en Ukraine comme une lutte entre l'Est et l'Ouest.
Photo: Keystone
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Ueli Maurer fait régulièrement les gros titres parce qu'il brise, ou du moins entaille, le principe de collégialité en s'opposant publiquement aux positions officielles du Conseil fédéral. Dernièrement, notamment dans le cadre de la politique du gouvernement dans le face-à-face avec la pandémie de Covid-19.

Critique des sanctions

Lors de la manifestation de l'UDC en Appenzell Rhodes-Extérieures, Ueli Maurer a également critiqué en filigrane la décision de prendre des sanctions contre la Russie. Interrogé sur le fait que la Russie ne veut pas de la Suisse comme puissance protectrice en raison de la prise de sanctions, il a déclaré: «La neutralité est l'un des principaux piliers de notre pays, mais la discussion sur le fait de savoir si nous devons nous y tenir ou si nous devons tout de même pointer du doigt la Russie continuera à nous agiter.»

L'ancien ministre de la Défense a en outre évoqué le risque de voir la guerre s'étendre à d'autres Etats. Il espère vraiment «que la situation en Ukraine ne s'aggravera pas davantage», a-t-il déclaré. Mais on ne peut pas exclure «qu'une guerre nucléaire ait lieu en Europe dans quelques semaines», a averti Ueli Maurer. Il contredit ainsi la ministre de la Défense Viola Amherd et le chef de l'armée Thomas Süssli, qui ont jusqu'à présent qualifié une guerre nucléaire de scénario improbable.

Contacté, le département des Finances d'Ueli Maurer n'a pas souhaité prendre position sur ces déclarations, écrit CH Media.

(Adaptation par Lliana Doudot)

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