«C'est une sacrée merde»
Un retraité perd plus de 50'000 francs d'actions chez Credit Suisse

Frustré et en colère. Voilà comment se sent Bruno G.* après le rachat de Credit Suisse par l'UBS. Ce retraité, et actionnaire de longue date de l'ex-deuxième banque de Suisse, a perdu beaucoup d'argent. Et il n'est pas le seul particulier concerné.
Publié: 28.03.2023 à 20:31 heures
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Dernière mise à jour: 28.03.2023 à 22:57 heures
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Nicola Imfeld et Corine Turrini Flury

La chute de Credit Suisse (CS) coûte cher à beaucoup de monde. Que ce soit sur la place financière suisse, en passant par les gros actionnaires d’Arabie saoudite et du Qatar. Mais les géants bancaires ne sont pas les seuls à en pâtir: de nombreux petits actionnaires suisses ont également perdu au rachat de CS par l’UBS.

Le retraité bâlois Bruno G.* fait partie de ces derniers. Cet actionnaire de longue date de CS a perdu beaucoup d’argent après le sauvetage de l’ex-deuxième banque de Suisse: un peu plus de 50’000 francs.

«C’est une sacrée merde!»

Le septuagénaire n’a bien sûr pas eu son mot à dire. Comme le Conseil fédéral a appliqué le droit d’urgence, les actionnaires, même de longue date, n’ont pas pu s’exprimer sur la transaction.

La place financière suisse ou les gros actionnaires du monde arabe ne sont pas les seuls à avoir perdu gros avec le rachat de Credit Suisse (CS) par l'UBS. De petits actionnaires comme le Bâlois Bruno G.* pâtissent également de la situation. Le retraité a par exemple perdu 50'000 francs en actions CS. (Image d'illustration)
Photo: Shutterstock

Le retraité bâlois en veut-il à certaines personnes en particulier? Il est avant tout en colère contre les responsables de CS, qui n’ont pas su éviter la catastrophe. Mais il pointe aussi du doigt nos dirigeants. Le Conseil fédéral a informé les personnes impactées par leurs décisions de manière «peu claire», tonne-t-il. Le retraité qualifie la procédure d'«expropriation de fait» et est «extrêmement enragé» contre la façon dont la transaction a été menée. C’est-à-dire sans transparence. Il ne mâche pas ses mots: «C’est une sacrée merde», s’énerve-t-il auprès de Blick.

Actions chez CS vendues à la hâte

Qu’est-ce qui met particulièrement en colère Bruno G.? Il s’insurge contre la communication adoptée par les responsables, qui lui a coûté beaucoup, beaucoup l’argent. Il évoque notamment la conférence de presse du dimanche 19 mars, et la question de savoir si les actions chez CS pouvaient encore être négociées le lendemain de leur rachat par UBS. La directrice de l’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (Finma), Marlene Amstad, n’a pas pu – ou peut-être pas voulu, accuse le retraité – répondre à cette question lors de la conférence de presse.

«C’est pourquoi j’ai vendu mes actions dès lundi matin pour un peu plus de 70 centimes, afin de pouvoir encore obtenir quelque chose», explique le Bâlois. Autre détail qui l’irrite d’autant plus: l’UBS paie aux actionnaires de CS 76 centimes par action en actions chez UBS. Mais le cours de l’action de CS a tout de même plongé brièvement sous la barre des 70 centimes lundi matin. «Si la communication avait été plus claire, j’aurais gardé mes actions au lieu de les vendre précipitamment», se désole le septuagénaire.

Les petits actionnaires suisses veulent porter plainte

Vendredi encore, Bruno G. avait reçu une invitation à l’assemblée générale de CS. Il l’a entre-temps jetée. Le retraité ne sait pas encore s’il va porter plainte. Peut-être se joindra-t-il au petit actionnaire et avocat Perica Grasarevic, qui veut soutenir gratuitement les actionnaires souhaitant s’emparer de la justice et qui a déjà mis en ligne la plate-forme notrecht.com.

L’engouement qu’a provoqué le site dépasse toutes les attentes, se réjouit Perica Grasarevic sur Twitter. «En période de pointe, nous avions plus de 300 demandes par heure.» Il reste toutefois peu probable que les petits actionnaires puissent obtenir quoi que ce soit en Suisse. Contrairement aux Etats-Unis, l’instrument de la possibilité de plainte collective n’existe pas chez nous.

Bruno G. ne se fait donc guère d’illusions: «Une plainte individuelle est difficile à déposer en Suisse et coûte du temps et de l’argent.»

*Le nom a été modifié

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