Ceux qui fuient la guerre sont volontiers accueillis
Certains demandeurs d'asile sont plus bienvenus en Suisse que d'autres

La volonté d'accueillir des demandeurs d'asile a légèrement augmenté en Suisse. Selon une étude de l'EPFZ, un groupe particulier est particulièrement bienvenu.
Publié: 10.08.2023 à 09:08 heures
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Tobias Bruggmann

A l'approche des élections fédérales du 22 octobre et alors que les partis suisses tentent de mettre en avant les thèmes centraux de leur programme, celui de la campagne électorale de l'UDC semble déjà tout choisi: ce sera la migration. Dans une prise de position de plus de 40 pages, le parti se penche sur le sujet. Le ton est donné dès le début: «Il y a trop de personnes qui arrivent et ce sont les mauvaises.»

Une nouvelle étude de l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ) montre toutefois que la solidarité envers les réfugiés a plutôt augmenté ces dernières années – en Suisse comme en Europe de manière générale. L'équipe de chercheurs et de chercheuses, à laquelle ont participé, outre l'ETH, l'Université de Californie et l'Université de Stanford, a interrogé 33'000 personnes dans 15 pays européens – une fois en 2016 et une fois en 2022.

Les demandeurs d'asile ukrainiens sont favorisés

Cependant, tous les demandeurs d'asile ne sont pas accueillis de la même manière. «Les jeunes femmes chrétiennes, particulièrement vulnérables et disposant de meilleures connaissances linguistiques et de qualifications professionnelles, sont particulièrement bien accueillies, explique le directeur de l'étude Dominik Hangartner. Ces caractéristiques s'appliquent davantage aux réfugiés d'Ukraine qu'aux demandeurs d'asile d'autres pays comme le Kosovo, la Syrie ou le Pakistan». C'est pourquoi la disposition à accueillir les Ukrainiens est plus grande que pour les réfugiés d'autres pays.

Dans quelle mesure les Suisses sont-ils favorables à l'accueil des demandeurs d'asile?
Photo: Keystone
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Pour Dominik Hangartner, il y a plusieurs raisons pour lesquelles ces caractéristiques sont précisément déterminantes. «D'une part, on privilégie ceux qui peuvent travailler et qui ont des emplois demandés, affirme-t-il. «Ensuite, les considérations humanitaires jouent également un rôle. Ceux qui fuient la guerre ou les persécutions sont volontiers accueillis.» En revanche, les demandeurs d'asile qui viennent pour des raisons économiques sont jugés avec plus de scepticisme.

«La Suisse aide ceux qui ont besoin de protection»

La solidarité, notamment envers les Ukrainiens, n'a pas diminué malgré la hausse de l'inflation ou les loyers élevés. «Cela m'a aussi surpris. Ce qui est déterminant, c'est que les motifs de fuite sont toujours présents, en particulier chez les Ukrainiens. La Suisse aide ceux qui ont besoin de protection.»

En ce qui concerne la gauche et la droite, on retrouve l'image attendue: les personnes de gauche sont plus disposées à accueillir davantage de réfugiés que celles de droite. Mais chez les personnes interrogées de droite, la disposition à accueillir a augmenté plus fortement que chez celles de gauche au cours des six dernières années.

Dominik Hangarter relativise toutefois. «Sur la base de ce sondage, je ne dirais pas que l'UDC fait de la politique sans tenir compte de la population. La volonté d'accueil parmi les gens de droite est toujours faible.»

En effet, en Suisse, seules 35% des personnes interrogées à droite du centre étaient prêtes à accueillir des réfugiés. C'est également peu en comparaison internationale. En Autriche, ils sont 38%, en Allemagne 42%. «Mais, en Suisse, il n'y a pas eu de polarisation supplémentaire. La Convention de Genève sur les réfugiés bénéficie d'un fort soutien à gauche comme à droite» conclue le spécialiste.

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