Classement peu flatteur
Aucune entreprise ne rappelle autant de produits que Migros

Un article sur dix qui doit être retiré de la circulation en Suisse pour des raisons de sécurité est vendu par Migros. Chez la concurrence, les rappels sont nettement plus rares. L'entreprise s'en étonne.
Publié: 06.11.2022 à 13:37 heures
Thomas Schlittler

Des morceaux de verre dans des röstis. Un ballon de rugby qui contient un produit nocif pour la santé en trop grande quantité. Le raifort et les sushis n'ont pas toutes les substances allergènes déclarées sur leur étiquette: ce genre d'avis apparaît régulièrement pour inviter les consommateurs à rappeler les produits concernés.

Blick a pu obtenir des données sur le phénomène en vertu de la Loi sur la transparence. Notre enquête montre que le Bureau fédéral de la consommation (BFC) a recensé 359 retraits de produits entre janvier 2020 et octobre 2022. Or, fait intéressant, la Migros est largement surreprésentée: plus d'un produit retiré de la consommation sur dix était vendu par le géant orange.

Sur le papier, il n'est pas surprenant de voir Migros dominer le classement. Après tout, le géant du commerce de détail produit et vend autant de denrées que n'importe quelle autre entreprise du secteur. Mais l'ampleur de la différence frappe: son concurrent Coop, de taille comparable, n'a dû rappeler que neuf produits au cours de la période mentionnée.

Les rappels de produits sont bien plus nombreux à Migros qu'à la concurrence.
Photo: Keystone

C'est encore moins chez la plupart des autres groupes du secteur (Lidl, Globus, Denner). Seul Aldi se situe également dans la fourchette à deux chiffres, avec 19 rappels.

Migros perplexe

Quelles sont les raisons de cette première place peu flatteuse? Le «M» sur les produits devrait-il indiquer «méfiance»? Interrogée par Blick, l'entreprise est perplexe. Le service de presse se contente d'affirmer que «la qualité irréprochable des produits, la sécurité des produits et la santé de nos clientes et clients» sont au centre de la gestion de la qualité de Migros.

L'entreprise ne commente pas non plus la comparaison avec la concurrence: «Nous ne connaissons pas les raisons des rappels de nos concurrents et ne pouvons donc malheureusement pas nous prononcer à ce sujet», déclare un porte-parole.

Mais Migros avance tout de même une explication possible: le fait que, selon le siège de l'entreprise, différents laboratoires cantonaux sont compétents pour le contrôle de la sécurité des produits.

Zurich plus sévère que Bâle?

Le quartier général de Migros se trouve à la Limmatplatz, à Zurich. Ce sont donc les fonctionnaires du canton le plus peuplé du pays qui sont responsables du contrôle de la sécurité des produits. Coop, elle, a son siège à Bâle. Se pourrait-il que les fonctionnaires des bords du Rhin soient plus sévères que ceux sur les bords de la Limmat?

L'hypothèse ne pèse pas lourd face au chimiste cantonal zurichois, Martin Brunner: «Les différences de fréquence des rappels ne sont pas dues à des différences entre autorités cantonales.». Selon le fonctionnaire, l'évaluation de la présence d'un risque (ou non) pour la santé se fait en consultation avec l'Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV). Ces appréciations sont donc harmonisées, insiste Martin Brunner.

L'énigme demeure

L'Office fédéral de l'agriculture (OFAG) précise que les dispositions légales relatives aux consignes de sécurité sont claires. «Nous n'avons donc aucune indication que les entreprises appliquent des critères différents lors des rappels de produits», assure une porte-parole. La Confédération ne sait pas non plus pourquoi les différences entre Migros et Coop sont si importantes: «Il faudrait spéculer — ce que nous ne souhaitons pas faire».

Ce record des rappels reste donc pour l'heure une question non résolue. Mais Migros promet de «contrôler en permanence les processus et le respect des directives», et ce tout au long de la chaîne d'approvisionnement. M comme maîtrise de la communication.

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