Concurrence déloyale à Loèche-les-Bains?
«Une partie de l'argent des clients de nos bains finit chez notre rival»

Les deux exploitants des principaux bains thermaux de Loèche-les-Bains (VS) sont en conflit. L'organisation qui décide de la répartition des taxes de séjour gère l'un de ces centres. Son compétiteur crie à la concurrence déloyale.
Publié: 28.11.2023 à 21:08 heures
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Dernière mise à jour: 29.11.2023 à 07:57 heures
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Martin Meul

L’eau thermale de Loèche-les-Bains est connue loin à la ronde. Elle jaillit du sol à une température de 51 degrés dans ce village de montagne valaisan. Mais depuis quelque temps, il y a des remous entre les deux grands exploitants de bains thermaux: Alpine Rose Resort AG et My Leukerbad AG. L’avocat Roland Märki, représentant de l’Alpine Rose Resort AG qui possède les Alpentherme & SPA résume le problème: «Lorsqu’un client vient chez nous, une partie de son argent finit dans les caisses de notre concurrent.»

My Leukerbad AG est l’organisation touristique de la localité. Elle exploite également le domaine skiable de Torrent, mais aussi les thermes du village. La compagnie appartient pour moitié à la commune de Loèche-les-Bains. Par conséquent, elle est financée en grande partie par les taxes de séjour. En bref, l’argent des clients d’Alpine Rose Resort AG finit par participer au financement des thermes de Loèche-les-Bains, leur concurrent direct.

Sans surprise, Alpine Rose Resort AG n’est pas ravi de cette situation. L’entreprise a donc été jusqu’au tribunal pour défendre ses intérêts, avec l’aide de Roland Märki. «La concurrence est faussée, affirme l’avocat. Les fonds publics sont utilisés unilatéralement à des fins d’économie privée.»

Les Alpentherme & SPA d'Alpine Rose Resort AG sont les deuxièmes plus grands bains thermaux de Loèche-les-Bains.
Photo: zVg
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«Nous ne pouvons pas rivaliser»

L’affaire a atterri devant le Tribunal fédéral à Lausanne. Concrètement, il s’agissait de définir qui, dans la commune de Loèche-les-Bains, recevait quelle part du pot commun des taxes de séjour. Alpine Rose Resort AG estime ne pas encaisser assez d’argent, en comparaison à son concurrent qui en recevrait trop. Pour les années 2019 et 2020, ce montant s’élève à 100’000 francs. C’est pourquoi l’avocat Roland Märki a exigé que la commune de Loèche-les-Bains verse 372’000 francs en provenant des taxes de séjour à l’entreprise.

L’avocat est certain que les thermes de Loèche-les-Bains, appartenant à My Leukerbad AG, bénéficient d’un avantage déloyal. «La même entreprise qui décide de la répartition des taxes de séjour gère également un centre thermal en concurrence directe avec celui de mon client.»

Le montant exact distribué par My Leukerbad AG à ses propres bains n’est pas connu. «Mais il est clair que les thermes de Loèche-les-Bains disposent de plus de moyens que nous pour investir dans l’infrastructure ou pour maintenir les prix d’entrée à un niveau bas, explique Roland Märki. Nous ne pouvons pas rivaliser.» Ce n’est dans l’intérêt du tourisme dans le village, estime-t-il.

Gain de cause obtenu devant le Tribunal fédéral

Le Tribunal fédéral de Lausanne s’est aligné à la position de Roland Märki. En mai, il a tranché que le fait que My Leukerbad AG alimente ses propres bains avec des fonds publics constitue effectivement un désavantage concurrentiel pour les Alpentherme & SPA. Il existe un conflit d’intérêts. En outre, le Tribunal fédéral a remis en question le droit de My Leukerbad AG à gérer le pot commun des taxes de séjour, étant donné qu’elle poursuit également des intérêts économiques privés avec ses thermes.

A la suite du jugement, l’affaire est retournée au Tribunal cantonal valaisan. Celui-ci a ordonné à la commune de Loèche-les-Bains de réexaminer l’affaire en détail. La commune n’a pas souhaité s’exprimer sur le déroulement de ce réexamen et les éventuels résultats. Le président de la commune, Christian Grichting, n’a pas souhaité répondre aux questions de Blick.

L’Alpine Rose Resort AG attend toujours des nouvelles de la commune depuis le jugement du Tribunal fédéral. «Toutes les tentatives de prise de contact et propositions d’entretiens de conciliation sont restées sans réponse», souligne l’avocat Roland Märki, qui ne compte pas baisser les bras. «Nous n’aimons pas porter plainte, mais nous continuerons à le faire pour mettre fin à cette distorsion de concurrence à Loèche-les-Bains!»

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