D'après le grand sondage Blick
Voici ce que pensent les Suisses de leur Conseil fédéral

Un sondage réalisé par un institut en collaboration avec le SonntagsBlick le montre: les Suisses doutent du bon travail d'équipe des sept sages. C'est malgré tout la ministre de la Justice Karin Keller-Sutter qui bénéficie de la plus grande confiance au sein du peuple.
Publié: 31.07.2022 à 06:07 heures
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Dernière mise à jour: 31.07.2022 à 11:27 heures
Simon Marti

La pandémie, l'invasion russe en Ukraine, la crise énergétique qui menace... Le Conseil fédéral est sous pression. En collaboration avec le SonntagsBlick, l'institut de recherche Sotomo s'est penché sur la question de la satisfaction de la population à l'égard des conseillers fédéraux, et de leurs prestations.

La grande morale de l'histoire? Une nette majorité de la population ne voit plus le Conseil fédéral travailler en équipe. 64% des sondés, soit près de deux tiers, estiment que les sept sages ont en réalité du mal à oeuvrer ensemble.

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Ce chiffre n'est pas une surprise, estime le géographe politique Michael Hermann, directeur de l'institut Sotomo. «Il y a une rivalité évidente au sein du Conseil. L'on essaie de se nuire mutuellement par des indiscrétions ciblées». Un esprit de concurrence qui est perçu depuis longtemps au-delà des étroites ruelles de Berne, et qui ravive les souvenirs du passé. «C'est comparable à l'époque où Pascal Couchepin et Christoph Blocher siégeaient au gouvernement. La population perçoit cette atmosphère», affirme le chercheur.

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Tout le monde aime Karin Keller-Sutter

Alors que la population estime que le travail d'équipe est assez mauvais, les avis divergent fortement sur les performances des différents conseillers fédéraux. Les personnes interrogées ont évalué le travail des sept chefs de département avec des notes classiques allant de 6 (très bien) à 1 (très mauvais).

Une majorité de Suisses et de Suissesses veut voir le Conseil fédéral changer de composition.
Photo: Keystone
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La ministre de la Justice du PLR Karin Keller-Sutter arrive en tête de liste, avec une note de 4. Son travail est même mieux apprécié en Suisse romande qu'en Suisse alémanique. Le fait qu'elle incarne, en tant que directrice de la sécurité du canton de Saint-Gall depuis de nombreuses années, des valeurs qui ont le vent en poupe, est sans doute un avantage pour elle. «KKS» relègue ainsi le conseiller fédéral UDC Guy Parmelin et la ministre de la Défense Viola Amherd aux deuxième et troisième places. Cette dernière se livre actuellement à un combat peu reluisant avec les départements des finances et des affaires étrangères dans le cadre de l'acquisition du F-35.


Les défis actuels jouent sans aucun doute en faveur de Keller-Sutter. «Avec l'accueil des réfugiés ukrainiens, elle a pu faire ses preuves. Son département est au centre de l'attention dans cette crise», explique Michael Hermann. Cela n'a guère été le cas au cours de son mandat précédent. Le département de la justice, qui n'était certainement pas son premier choix, a tout au plus joué un rôle secondaire pendant le Covid. «Karin Keller-Sutter a été élue avec brio, mais elle a ensuite disparu. Pendant la pandémie, d'autres étaient au premier plan».

Un Berset désavoué?

Le contraste avec son collègue de parti ne pourrait pas être plus accentué: Le président de la Confédération Ignazio Cassis arrive en queue de peloton avec une note de seulement 3,2. Même la conférence internationale sur l'Ukraine à Lugano (TI) n'a pas été d'une grande aide pour sa réputation. Les difficultés considérables que le Tessinois a rencontrées au début de la guerre, et la communication confuse sur le soutien de la Suisse aux sanctions internationales contre Moscou ont laissé des traces. «Sa communication ne passe pas, on a presque l'impression de ressentir la peur d'un départ imminent».

L'année électorale s'approche. Le PLR d'Ignazio Cassis et le PS devront se battre pour leur double représentation, sachant que c'est le Parlement et non la population qui fait ce choix. Il est cependant possible que le Tessinois tire de nouvelles forces du débat qui s'annonce sur une interprétation moderne de la neutralité. Le ministre des Affaires étrangères ne manque pas de courage politique pour mener des débats controversés, comme il l'a prouvé dans ses relations avec la Chine.

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Le ministre de l'économie Guy Parmelin est l'un de ceux qui envisagent 2023 avec sérénité. Contrairement à Ignazio Cassis, le Vaudois s'est débarrassé de son image de souffre-douleur au cours de son année présidentielle 2021. C'est lui qui a défendu la fin de l'accord-cadre à Bruxelles, et qui s'est fait médiateur, face aux caméras du monde entier à Genève, de la rencontre entre le président Joe Biden et Vladimir Poutine. Autre fait d'armes: à Berne, il a soutenu son collègue ministre de la Santé Alain Berset, lorsque son propre parti de l'UDC s'en était pris au Fribourgeois.

Le PS déplumé?

Alain Berset s'est entre-temps chargé lui-même de nuire à sa réputation. Un vol erratique en France, qui a déclenché l'intervention de l'armée de l'air française, n'est que le dernier exemple d'une étonnante série de gaffes.

Il est désormais confronté au problème suivant: le public ne considère plus les gros titres négatifs comme des cas isolés, mais comme une systématique, constate Michael Hermann. On peut douter que le ministre de la Santé puisse un jour renouer avec sa popularité de l'époque, où il était devenu, pour beaucoup, une figure de proue de la gestion de la crise du Covid. Aussi, il défend la réforme de l'AVS, qui sera soumise aux urnes en septembre, contre le référendum bruyant de son propre parti. Mais pour le PS, déplumé, cette votation représente en quelque sorte la demi-finale avant le grand combat des élections nationales. Et celui-ci ne sera pas un long fleuve tranquille pour Alain Berset.

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Pourtant, les personnes interrogées estiment davantage le politicien de gauche que sa collègue de parti Simonetta Sommaruga. Il y a un an, la Bernoise a perdu, à la surprise générale, le projet central de son département: la loi sur le CO2. S'en est suivie la chute du paquet médiatique. Elle se bat désormais contre la menace de pénurie d'électricité. L'hiver à venir sera en quelque sorte un grand test décisif, et peut-être le dernier de sa carrière politique.

La formule magique aurait fait son temps

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Une majorité souhaite une autre composition du Conseil fédéral. Le sondage Sotomo montre que pour 62% des personnes interrogées, le temps de la formule magique est révolu. Mais une majorité ne souhaite pas écarter un libéral-radical ou un socialiste au profit d'une conseillère fédérale verte.

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A la question de savoir quel conseiller fédéral du 21e siècle manquerait à l'organe actuellement, 54% des sondés ont cité Adolf Ogi. Pourtant, le bernois s'est retiré de la scène politique il y a presque 22 ans désormais. «Adolf Ogi a la réputation d'être un bâtisseur de ponts proche du peuple. Quelque chose qui, du point de vue des personnes interrogées, manque justement au Conseil fédéral actuel», explique Michael Hermann. «Il incarne la nostalgie d'un homme politique conciliant mais indépendant, qui ne se considère pas comme le porte-parole de son parti».


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