De Greenpeace à l'UDC
Cet UDC valaisan va tout faire pour faire échouer la loi climat en juin

Le conseiller national UDC Michael Graber n'est en fonction que depuis deux ans, mais il fait déjà trembler les écologistes. Après une campagne réussie contre la loi CO₂ en 2021, il compte bien faire échouer la loi climat dans les urnes le 18 juin prochain.
Publié: 24.04.2023 à 20:30 heures
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Camilla Alabor

Mercredi soir, la salle du restaurant Bellevue à Naters (VS) est pleine à craquer. Sur la scène, l’espoir de l’UDC haut-valaisanne s’époumone sur le projet de loi sur la protection du climat. «Cette loi n’apporte rien au climat, lance le conseiller national UDC Michael Graber dans la salle. L’objectif de zéro net d’ici à 2050 est utopique.» Pour le quarantenaire, il n’y aura qu’une seule conséquence: «La loi va nous coûter brutalement cher!»

Les coûts énergétiques augmenteront jusqu’à 6600 francs par personne, affirme Michael Graber. À cela s’ajouteraient deux milliards de francs pour le programme de remplacement du chauffage. «Alors qu’aujourd’hui déjà, plus personne n’installe de chauffage au mazout.»

Encore peu connu en dehors du Valais

Michael Graber parle devant une assemblée de membres locaux de l’UDC. Des hochements de tête approbateurs et des applaudissements nourris accueillent ses propos: c’est un match à domicile pour le Valaisan.

Le conseiller national UDC Michael Graber dirige la campagne du non à la loi sur le climat.
Photo: ANDREA SOLTERMANN
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L’avocat est encore peu connu en dehors de son canton. Cela devrait toutefois changer dans les mois à venir. L’UDC a fait de Michael Graber le directeur de campagne de la «loi sur la consommation d’électricité», comme le parti appelle la loi sur le climat qui sera soumise au vote le 18 juin. Une preuve de confiance de la part de la direction du parti. Car le nouveau venu ne siège au Conseil national que depuis deux ans.

«Michael Graber est un battant et il met la main à la pâte, commente le président du parti Marco Chiesa. Il l’a prouvé lorsqu’il a mené à bien le référendum sur la loi sur la consommation d’électricité.»

Sympathisant de Greenpeace à 14 ans

Une semaine plus tôt, au Palais fédéral et en marge de la session spéciale, Michael Graber racontait avec une franchise désarmante qu’il ne s’intéressait pas à la politique dans sa jeunesse. Il était en revanche plutôt proche de la nature. «Il y a des photos compromettantes de moi portant un t-shirt de Greenpeace», sourit le Valaisan. Il avait 14 ans à l’époque. «J’ai toujours aimé les animaux.» Dans sa chambre d’enfant, il y avait des posters avec des baleines.

À 20 ans, il prend politiquement position lors des attentats contre le World Trade Center. «C’est là que j’ai pris conscience de la fragilité de notre société libre.» Il a également été marqué par la destitution de Christoph Blocher du Conseil fédéral en 2007: «J’ai trouvé cela extrêmement injuste.»

Peu après, Michael Graber décide d’adhérer à l’UDC. Son père, un politicien PDC, n’a pas apprécié. «Il voulait me déshériter. Et m’a averti qu’en tant que membre de l’UDC, je n’avancerais pas en Valais.» Le futur conservateur, qui n’accordait déjà que peu d’importance à l’opinion des autres, lui a donné tort. Il est devenu secrétaire général, puis député au Grand Conseil et enfin chef de section de l’UDC dans le Haut-Valais.

Apprécié pour sa franchise

Il s’est également rapidement fait un nom dans la Berne fédérale. Au sein du parti, lorsque, à peine élu, il a voté pour le certificat Covid plutôt que contre. Et au Palais fédéral en tant qu’homme politique. Car le Valaisan, qui vote aussi parfois en faveur de la protection animale, polarise.

Ses collègues de parti apprécient Michael Graber pour son attitude directe et sans détour: «Il est droit et tient toujours parole», affirme Marco Chiesa. Dans d’autres partis, en revanche, le Valaisan est qualifié de «radical intransigeant», comme le formule une conseillère nationale. «C’est un homme fortuné», dit un autre. Mais «il ne se sent pas responsable de trouver une majorité, mais de représenter la souche valaisanne».

Michael Graber prendrait sans doute cela comme un compliment. La direction de la campagne du non à la loi sur la protection du climat est le point culminant provisoire de sa carrière.

Une loi qui fait davantage consensus

Mais le juriste peut-il répéter ce que l’UDC a réussi il y a deux ans? À l’époque, le parti avait également lancé un référendum contre un projet de loi sur le climat – et avait réussi son coup: les électeurs avaient rejeté la loi CO2 à 51,6% des suffrages.

Cette fois-ci, la situation de départ est bien plus difficile pour le parti conservateur. À l’été 2021, l’UDC a profité de la mobilisation de la population rurale qui, effrayée par les initiatives agricoles, s’est rendue en grand nombre aux urnes. De plus, le camp bourgeois était divisé.

Le Parlement en a tiré la leçon et, avec le contre-projet indirect à l’initiative sur les glaciers, a bricolé un projet qui crée des incitations plutôt que des taxes. Deux milliards de francs sont prévus sur dix ans pour le remplacement des chauffages au mazout et au gaz. Il existe en outre un pot de 1,2 milliard de francs pour la promotion de technologies innovantes dans les entreprises. Résultat: le Centre et le PLR soutiennent cette fois presque unanimement le projet.

La situation politique mondiale a également changé. «La guerre en Ukraine nous a fait prendre conscience du danger que représente la dépendance aux énergies fossiles», analyse le politicien centriste Stefan Müller-Altermatt.

Michael Graber gagnera-t-il une seconde fois?

Malgré tout, des voix sceptiques se font entendre cette fois encore dans le camp bourgeois. Ainsi, l’Association des propriétaires fonciers et Gastrosuisse se prononcent contre la loi sur le climat. Et tandis que le parti du Centre s’engage corps et âme pour le oui, le PLR se concentre sur le projet d’impôt minimum de l’OCDE. L’inflation et l’inquiétude des citoyens quant à cette hausse de prix viennent s’ajouter à cette situation déjà tendue.

Le politologue Michael Hermann résume ainsi la situation de départ: «L’approbation de la loi sur le climat devrait être plus élevée que celle de la loi sur le CO2 – mais ce n’est pas gagné.»

Michael Graber en est conscient. «Pour moi, c’est une vraie épreuve, reconnaît-il. Mais je peux en sortir grandi.»

Ce n’est pas faux. Et pourtant, ce n’est que la moitié de la vérité. Car quel que soit le résultat du vote, Michael Graber sera présent en permanence sur la scène nationale au cours des prochains mois. Il fait d’ores et déjà partie des vainqueurs.

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