Simonetta Sommaruga quitte le Conseil fédéral
«Avec l'AVC de mon mari, mes priorités ont changé»

Après Ueli Maurer, un autre poste gouvernemental sera vacant en décembre. La ministre socialiste Simonetta Sommaruga a annoncé ce mercredi son futur départ du Conseil fédéral, où elle siégeait depuis 2010. L'état de santé de son mari ne lui a pas laissé le choix.
Publié: 02.11.2022 à 13:39 heures
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Dernière mise à jour: 02.11.2022 à 14:48 heures
Adrien Schnarrenberger

Le renouvellement du Conseil fédéral, en décembre prochain, va décidément être captivant. Après Ueli Maurer, dont le siège se jouera entre plusieurs candidates et candidats de l'UDC, c'est Simonetta Sommaruga qui s'en va.

La Bernoise n'avait pas le choix, a-t-elle expliqué ce mercredi dans une conférence de presse convoquée à la hâte. L'état de santé de son mari, Lukas Hartmann, est devenue sa priorité numéro un. L'écrivain de 78 ans a récemment souffert d'un gros problème de santé, et Simonetta Sommaruga avait mis son mandat en pause durant une semaine. Cela n'a pas suffi.

«J'ai été heureuse d'être conseillère fédérale»


«La décision arrive de manière abrupte et plus rapidement que prévue. Il y a deux semaines, mon mari a eu un AVC et ce fut un choc pour nous deux. Il est soulagé d'aller aussi bien que possible, en fonction des circonstances, mais cet événement m'a fait réfléchir», a expliqué Simonetta Sommaruga. La socialiste s'est ainsi rendue compte qu'elle devait revoir ses priorités.

«Ces douze dernières années, mon travail de conseillère fédérale a toujours primé. J'ai tout investi dans ce mandat, qui le requiert. Je me suis engagée avec détermination, joie, avec passion. Je suis heureuse d'être conseillère fédérale et je le resterai jusqu'au bout», a-t-elle poursuivi, alternant allemand, français et italien.

Après avoir retracé les principales étapes de sa carrière gouvernementales, succès comme défaites, la démissionnaire a répondu aux questions des journalistes. Elle a par exemple évoqué la crise énergétique, un dossier chaud qu'elle va laisser derrière elle. «Nous avons pris des mesures très tôt, dès le printemps, et vous verrez qu'elles seront efficaces. Même si cette crise va continuer et nécessitera des solutions de la part du Parlement.»

La ministre socialiste Simonetta Sommaruga devrait annoncer cet après-midi sa démission du Conseil fédéral.
Photo: KEYSTONE

Deux fois présidente


La conseillère fédérale démissionnaire a également évoqué ses deux années de présidence, en 2015 et 2020, marquées par les attentats de Paris et par la crise du Covid. Mais elle ne part pas tout de suite, a-t-elle rappelé: «Je dirige un grand département et les dossiers sont nombreux. Je veux faire en sorte d'assurer la meilleure transition possible.»

A-t-elle des regrets? «En tant que conseillère fédérale, on mène nos propres dossiers, mais nous sommes aussi membres d'un collège. J'ai toujours attaché une grande importance à cela. Par exemple, lors de l'invasion russe en Ukraine, j'ai tenu absolument à ce qu'on affiche notre solidarité et j'en suis fière. J'ai aussi des regrets, mais la balance est équilibrée. Et le plus important, c'était de rester fidèle à mes principes.»

Simonetta Sommaruga a aussi été interrogée sur les nombreuses attaques personnelles dont elle a fait l'objet, notamment de la part de l'UDC. Si elle a expliqué que les offensives politiques ne la dérangeaient pas, il en est autrement du changement de climat autour des politiciens en Suisse. «On voit souvent des images de ministres dans le tram, comme si on pouvait se mélanger tranquillement à la population. Mais la réalité, c'est que nous faisons désormais l'objet d'une protection rapprochée. C'est un changement réel.»

Une courte campagne en vue


Par contre, la socialiste a démenti que l'ambiance était mauvaise au sein du Conseil fédéral. Pendant la crise du Covid, par exemple, le collègue gouvernemental a particulièrement solidaire, a-t-elle relevé. Et le climat, avec le refus de la loi CO₂? «Cela ne va pas assez vite, et parfois on échoue, comme avec cette loi. Mais un autre concept a déjà été présenté et la guerre en Ukraine nous a prouvé notre dépendance en matière d'énergie. Chaque avancée de notre stratégie énergétique nous rend plus indépendants.»

Simonetta Sommaruga a conclu la ronde des (nombreuses) questions en insistant sur l'immense privilège qu'a été sa fonction durant douze ans. «J'ai toujours apprécié faire de la politique, mener des projets et rencontrer la population.» Au point de continuer sa carrière hors du Conseil fédéral? «Vous comprendrez bien qu'avec ces deux dernières semaines, je n'ai pas eu le temps d'y réfléchir.»

Comme le poste d'Ueli Maurer, le siège laissé vacant par Simonetta Sommaruga sera remis en jeu au début décembre. «Je suis désolée que tout doive se faire dans la précipitation. Mais c'est ce que j'ai dit en introduction: il y a des moments dans la vie où on ne peut pas choisir. Je suis arrivé à cette conclusion: je dois changer ma vie dès maintenant.»

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