Dérapage de Laurence Cretegny, présidente du Grand Conseil vaudois
«Je demande pardon d'avoir imité l'accent congolais»

La présidente du Grand Conseil vaudois a tenu des propos stupéfiants dans un discours. Plusieurs personnalités romandes dénoncent un comportement raciste. Parmi elles, l'ex-Miss Suisse Whitney Toyloy.
Publié: 30.09.2021 à 19:32 heures
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Dernière mise à jour: 30.09.2021 à 19:37 heures
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Matthias DavetJournaliste Blick

«Si toi pas sage, toi y’en seras jamais comme Tintin». Le malaise est palpable dans la salle du Grand Conseil vaudois au moment où Laurence Cretegny, présidente de l’instance cantonale, prononce ces mots avec un accent qui se veut caricatural du Congo. La première citoyenne du canton concluait alors son discours d’hommage à Vincent Grandjean, chancelier d’État depuis 1997 et s’en allant à la retraite après 24 ans de bons et loyaux services.

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Whitney Toyloy consternée

Parmi les nombreuses personnalités romandes ayant réagi à l’affaire sur les réseaux sociaux, l’ex-Miss Suisse Whitney Toyloy est en tête de file. «Il y a des choses que je ne peux tolérer et le racisme en fait partie», annonce la jeune femme. Issue d’une famille mixte, Whitney Toyloy a toujours voulu représenter une Suisse multiculturelle (ce fut d’ailleurs le cas lorsqu’elle a participé à Miss Suisse). «Et j’ose espérer que je tiendrais le même discours même si je n’étais pas métisse», souffle-t-elle.

«Ce qui me choque le plus, c’est que si à un niveau comme au Grand Conseil on peut se permettre de faire ce genre de choses, cela signifierait que c’est acceptable à tous les niveaux», soupire Whitney Toyloy. Pour elle, certains comportements étaient permis à une époque car les gens banalisaient le racisme ou la misogynie à la télévision, par exemple. «C’est à cause de ce genre d’actions à la télévision, dans la publicité ou dans la comm' qu’il y a tous ces petits gestes déplacés et que l’opinion publique l’accepte», analyse la Vaudoise. Une chose qui exaspère également Whitney Toyloy est l’utilisation des mots «accent africain»: «L’Afrique est un continent. On ne parle pas d’accent européen».

«C’est la pire justification possible selon moi»

Rapidement, les médias s’emparent de l’affaire. Laurence Cretegny répond aux accusations de racisme sur le site de «Watson»: «Comment pourrais-je être raciste? Moi dont les parents ont vécu au Maroc, moi qui ai séjourné plusieurs fois au Burkina Faso, au Mali et au Niger?» Des excuses qui n’en sont pas selon Whitney Toyloy. L’ancienne Miss Suisse ne décolère pas à ce sujet: «C’est inacceptable. Il n’y a rien qui va. C’est la pire justification possible selon moi.»

L’Association des Étudiant-e-s Afro-descendant-e-s (AEA) de l’UNIL n’a pas tardé à réagir et s’est fendue mercredi d’un communiqué réclamant une explication concernant l’incident, «des excuses officielles à la communauté congolaise et plus généralement aux personnes afro-descendantes» et, surtout, la démission de Laurence Cretegny de son poste de présidente du Grand Conseil vaudois.

«Je me suis laissée emporter par la passion»

L’AEA a reçu une réponse de Laurence Cretegny jeudi en début d’après-midi. Dans un communiqué envoyé par le canton, la présidente du Grand Conseil «s’excuse d’avoir heurté la sensibilité de certaines personnes» mais rejette «fermement toute accusation de racisme». Son parti, le PLR vaudois, lui emboîte le pas en parlant d’une «certaine maladresse». «La maladresse, c’est quand on est pris au dépourvu, à chaud, se crispe Whitney Toyloy. Là, son texte est lu, validé, récité et peut-être même répété. Ce n’est pas de la maladresse.»

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Au moment où Blick l’a contactée, l’élue était en train de rédiger des excuses à certaines associations. À la question de savoir si une telle imitation est encore acceptable en 2021, elle répond que «cela dépend dans quelle situation vous êtes». Laurence Cretegny se défend en disant s’être «laissée emporter par la passion».

Toutefois, la première citoyenne du canton tient de nouveau à partager ses excuses: «Bien sûr que je le regrette. Je ne le referais pas du tout. On apprend de ses expériences», avant de conclure notre entretien téléphonique en martelant: «J’aimerais appuyer là-dessus: mes excuses sont vraiment sincères». Une démission n’est donc visiblement pas à l’ordre du jour.

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