Des chiffres inquiétants
La scène d'extrême-droite est en pleine expansion

Une nouvelle génération de militants d'extrême-droite s'impose en Suisse. Dans un rapport livré jeudi, les services de renseignement tirent la sonnette d'alarme. 21 incidents, dont un avec violence, ont été recensés. La présence de «loups solitaires» se confirme.
Publié: 13.06.2021 à 05:44 heures
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Dernière mise à jour: 13.06.2021 à 06:30 heures
Fabian Eberhard

Alors que la pandémie a été mise sur le devant de la scène depuis le début de l'année dernière, des petits groupes ont en profité pour gagner en puissance.

Le Service de renseignement de la Confédération (SRC) observe cette évolution avec inquiétude. Un rapport annuel publié jeudi nous apprend que situation se détériore. Et pour cause, une augmentation de la violence de la part de militants néo-nazis commence à se faire sentir en Suisse. Leurs principales cibles: les musulmans et les mosquées.

Regroupement des individus les plus radicaux de Suisse

L'année dernière, le SRC a enregistré 21 incidents suite aux agissements de ces groupes, dont un seul impliquant de la violence. En comparaison, les extrémistes de gauche ont commis une centaines d'actes répréhensibles. Depuis, une nouvelle génération de militants a fait son apparition. Alors que ces groupes se sont montrés plutôt discrets durant des années, ils passent aujourd'hui à l'offensive.

La «Junge Tat» connaît une croissance rapide en Suisse.

Selon le SRC, l'évolution des groupes d'extrême droite serait «supérieure à la normale» et regrouperaient les individus les plus radicaux de Suisse alémaniques et de Suisse romandes.

La «Junge Tat» fait de plus en plus d'adeptes

Le groupe qui connaît la croissance la plus rapide se fait appeler la «Junge Tat» (L'Action jeune). C'est notamment grâce à des vidéos de propagande produites par des pros que les partisans ont réussir leur opération séduction. Conséquence: de plus en plus de personnes rejoignent le mouvement. Sur les réseaux sociaux, des milliers de personnes suivent cette jeunesse néo-nazie.

A première vue, les membres de la «Junge Tat» se présentent comme des patriotes branchés. Ils ont un mode de vie sain et sont amateurs de randonnées. Mais en coulisses, les partisans vantent les bienfaits de la guerre et vont même jusqu'à stocker des armes. La police a déjà procédé à plusieurs arrestations et autres interventions, ce qui n'a pas affaibli le groupe pour autant.

Début avril, le Ministère public a condamné cinq jeunes militants de la «Junge Tat» pour discrimination raciale, infraction à la loi sur les armes et dommages à la propriété. Dans l'ordonnance de la condamnation, les enquêteurs ont noté que les accusés défendaient une idéologie anti-sémite et raciste et diffusaient «l'idéologie nationale-socialiste».

Ceux qui agissent seuls passent sous les radars

Pour la première fois dans son rapport, le SRC sonne l'alerte quant à un autre type de criminel: des individus radicalisés qui n'ont que des contacts que très limités, voire aucun avec le milieu de l'extrême droite. Ces derniers développent ainsi un attrait pour une idéologie raciste mais de manière indépendante.

Ces individus qui ne sont pas liés à un groupe passent alors souvent sous les radars des autorités. C'était par exemple le cas de Brenton Tarrant, qui avait ouvert le feu dans deux mosquées à Christchurch, en Nouvelle-Zélande, en 2019. Il avait abattu 51 personnes. Avant de passer à l'action, l'homme avait pour habitude de proférer des menaces racistes sur Facebook.

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