Des frontaliers allemands témoignent
«Depuis que je travaille en Suisse, je me vautre dans le luxe»

Pour les frontaliers allemands, français et italiens, la Suisse offre un équilibre parfait entre vie professionnelle et vie privée. Une frontière qui fait croître les salaires et diminuer les prix rendrait les pendulaires particulièrement attirés par ce choix.
Publié: 12.08.2023 à 07:56 heures

La Suisse, un paradis salarial? Apparemment pour de plus en plus d'Européens qui traversent quotidiennement la frontière pour aller travailler en Suisse. Salaire plus élevé et meilleures conditions de travail: ce sont les avantages qui attirent, entre autres, les Allemands en Suisse, rapporte le «Spiegel». Ceux-ci gagnent sur le territoire helvétique presque deux fois plus que dans leur pays d'origine. Selon certains rapports, les conditions de travail sont également meilleures.

Au cours des 20 dernières années, le nombre de frontaliers allemands en Suisse a quasiment doublé. A Bâle, près d'un cinquième des employés sont déjà des frontaliers. En semaine, environ 65'000 Allemands traversent deux fois par jour la frontière entre la Suisse et leur pays d'origine. Plus de 380'000 citoyens de l'UE au total, originaires d'Allemagne, de France, d'Italie et d'Autriche, suivent le même modèle de travail et de vie. Ils reçoivent leur salaire en francs tandis que presque toutes les dépenses sont en euros.

«Je ne ferais pas ce travail en Allemagne»

Une soignante de la région de Freiburg im Brisgau raconte: «Financièrement, c'est super, je gagne deux fois plus que ma mère, qui travaille également comme soignante dans un service d'urgence en Allemagne.» Selon elle, l'estime pour le domaine des soins est également plus grande en Suisse, les relations entre médecins et soignants sont moins hiérarchiques et il y a moins de pression. «En Allemagne, je ne ferais pas ce travail, les conditions sont trop mauvaises.»

Les frontaliers allemands gagnent en Suisse près de la moitié de plus que dans leur pays d'origine.
Photo: imago images/Geisser
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La vie d'un pendulaire de 29 ans, qui travaille dans un studio de massage à Bâle et fait aussi le trajet depuis Freiburg a, elle aussi, radicalement changé. Bien qu'il ne travaille que trois jours par semaine, il gagne près de 3000 euros bruts: «Depuis que je travaille en Suisse, je me vautre dans le luxe et je ne pense pas à un euro que je dépense.»

Comme le souligne le «Spiegel»: «Celui qui travaille ici, mais habite en Allemagne, profite des salaires élevés de la Suisse et des prix relativement bas chez lui.» Le manque de connaissances du suisse-allemand ne serait pas non plus une barrière. L'infirmière de 35 ans travaille depuis 15 ans en Suisse. Une seule fois, elle s'est fait réprimander par un patient parce qu'elle ne parlait pas le «schwyzerdütsch». Au quotidien, la cohabitation se passe plutôt très bien.

«Séparation parfaite entre vie professionnelle et privée»

Comme le coût de la vie en Suisse est bien plus élevé qu'en Allemagne, la plupart des frontaliers rentrent le soir dans leur lieu d'origine, où la vie est moins chère. Ces lieux doivent cependant aussi lutter contre l'émigration, ce qui renforce le manque de personnel qualifié.

Malgré les défis, travailler en Suisse et vivre dans son pays d'origine reste pour les frontaliers un système qui semble bien fonctionner. Il ne faut toutefois pas sous-estimer les défis bureaucratiques. Les démarches pour régler ses impôts, sa retraite, sa sécurité sociale et ses allocations familiales peuvent être compliquées pour les frontaliers.

«Dans l'ensemble, le système fonctionne particulièrement bien pour les frontaliers», conclut le «Spiegel». «Un pays pour travailler, un pour vivre, la séparation parfaite entre travail et vie privée. Beaucoup de temps et de liberté, car entre les deux, il y a une frontière qui fait croître les salaires et diminuer les prix. De quoi faire de ses rêves une réalité.»


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