Des locataires montent au front contre leur régie
«J'irai jusqu'au Tribunal fédéral si Crowdhouse ne dévoile pas son rendement»

La révolte de plusieurs locataires continue à Huttwil. Elle sera traitée en février par une autorité de conciliation. Des plaintes sont aussi en cours dans d'autres cantons. «Je suis en contact avec une centaine de locataires», explique leur meneur Christophe Buchmann.
Publié: 21.12.2023 à 20:43 heures
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Dernière mise à jour: 21.12.2023 à 21:06 heures
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Martin Schmidt

Christoph Buchmann est un homme très demandé ces jours-ci. Il vit dans un immeuble à Huttwil (Berne), où les habitants doivent payer 143'000 francs de charges à leur gérance – Crowdhouse – rien que pour les trois dernières années. Les deux immeubles comptent 36 appartements et plus de 20 locataires ont déposé plainte. Christoph Buchmann se fait leur porte-parole: «Nous devrions proposer aux autorités trois cas qui seront examinés de plus près», explique-t-il. L'autorité de conciliation de l'Emmental et celle de la Haute-Argovie se prononceront le 23 février, a appris Blick. L'objectif est d'élaborer une proposition de solution qui servira de modèle à toutes les personnes concernées, écrivent les autorités.

Depuis que Blick a rendu l'affaire publique, Christoph Buchmann a été contacté par des locataires d'immeubles de Crowdhouse d'autres régions, notamment Wald (canton de Zürich), Lucerne ou Argovie. «Au total, c'est une centaine de locataires qui souhaite également se saisir de l'autorité de conciliation», a déclaré le leader des locataires mécontents. Dans les prochains jours, il prévoit de rencontrer les représentants des personnes concernées afin de les aider dans leur démarche.

Des factures allant jusqu'à 18'000 francs

Tous ces locataires de Crowdhouse ont un point en commun: ils ont reçu de la régie une demande de payer des arriérés élevés pour des charges telles que le chauffage, les services de conciergerie ou la consommation d'eau. Mais ils sont nombreux à douter de l'exactitude de ces décomptes. 

Christoph Buchmann, porte-parole des locataires d'Huttwil (Berne), ne baisse pas les bras.
Photo: STEFAN BOHRER
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Dans plusieurs cas en effet, le montant demandé rétroactivement pour les trois ans se chiffre entre 7000 et 18'000 francs, ce qui, sans surprise, n'est pas supportable pour tous les locataires. Crowdhouse a assuré à Blick que ses comptes étaient corrects. 

Dans certains cas, les créances remontent même jusqu'à cinq ans en arrière. Si cette démarche est autorisée par la loi, elle donne néanmoins une image peu professionnelle de la gérance immobilière. Elle s'est récemment excusée par lettre auprès de ses locataires pour le chaos des charges et a promis certains changements dans les futurs décomptes de charges en prenant d'ores et déjà des mesures dans ce sens. 

Il faut s'assurer que les concessions pour les locataires seront réelles

Pour Christoph Buchmann, il faudra vérifier, lors de la procédure de conciliation, que Crowdhouse fait réellement des concessions pour ses locataires. «J'attends de Crowdhouse qu'elle dévoile ses calculs de rendement. S'ils ne le font pas dans la procédure de conciliation, j'irai jusqu'au Tribunal fédéral», conclut-il.

Le gestionnaire immobilier zurichois attire les investisseurs avec des rendements sur fonds propres de 5 à un peu plus de 7%. Le modèle d'affaires prévoit que les petits investisseurs peuvent acquérir des parts d'un immeuble à partir de 100'000 francs. L'entreprise n'a pas souhaité commenter à Blick la manière dont elle calcule ses rendements.

Crowdhouse soupçonne un complot, comme elle l'a récemment expliqué dans un communiqué publié sur son site Internet. Elle estime que le fait que les charges soient plus élevées que les années précédentes s'explique par les «ajustements des taux d'intérêt de référence, de l'inflation et la hausse des coûts de l'énergie», mais pas que. À Huttwil, la plupart des locataires concernés auraient eu «une consommation exceptionnelle d'eau chaude et/ou d'énergie».

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