Des mesures qui ne manquent pas de mordant
La Confédération veut mieux encadrer la publicité sur la viande

Les subventions accordées par la Confédération à la publicité pour la viande sont depuis longtemps mal digérées par les organisations environnementales. Les autorités veulent désormais revoir leur copie.
Publié: 09.09.2023 à 06:01 heures
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Dernière mise à jour: 09.09.2023 à 08:50 heures
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Lea Hartmann

«La cherté donne goût à la viande», écrivait Montaigne. Il ne croyait pas si bien dire. Chaque année, la Confédération dépense près de six millions de francs pour promouvoir la viande suisse. Cet argent est versé à l'association Proviande qui le dévore avec plaisir pour la promotion des ventes. Elle l'utilise pour diffuser des spots télévisés et des annonces.

Les organisations de protection de l'environnement critiquent depuis longtemps le gouvernement pour ces subventions allouées généreusement. Plutôt axé sur la cuisson lente, l'Office fédéral de l'agriculture (OFAG) passe désormais sur le grill et réfléchit à la question. Le Conseil fédéral a ainsi présenté cette semaine une nouvelle stratégie climatique pour l'agriculture et l'alimentation. L'une des mesures présentées concerne précisément la publicité pour la viande, le lait ainsi que d'autres produits d'origine animale.

Moins d'argent

Puisque la production d'aliments végétaux a, «en règle générale», moins d'impact sur l'environnement que la production animale, davantage d'argent du contribuable sera à l'avenir consacré à la publicité pour les légumes, les fruits, les céréales ou encore les pommes de terre.

La Confédération a pour objectif que les Suisses se nourrissent de manière plus durable.
Photo: PIUS KOLLER
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La promotion des produits d'origine animale doit en revanche être «adaptée». Autrement dit, il faut s'attendre à ce que des subventions soient supprimées. En 2022, la Confédération avait soutenu la publicité pour les produits d'origine animale à hauteur de 7,4 millions de francs. Ce chiffre était de 4,6 millions pour les produits végétaux – à l'exception du vin et des plantes de décoration. 

En outre, la Confédération veut recadrer la publicité pour la viande ou le lait. Des «conditions plus strictes doivent s'appliquer aux déclarations publicitaires subventionnées par l'État», indique le plan de mesures. Interrogée à ce sujet, la Confédération ne précise pas ce qu'elle entend précisément par là. «A l'heure actuelle, on ne sait pas à quoi ressembleront concrètement les propositions», indique l'OFAG.

Une étude devrait être disponible à la fin de l'année pour déterminer dans quelle mesure les subventions pour la publicité pour la viande et le lait vont à l'encontre des objectifs climatiques. La publicité a-t-elle vraiment pour seul effet d'inciter à acheter davantage de viande suisse plutôt qu'étrangère, comme le souligne le secteur de la viande? Ou conduit-elle à consommer globalement plus de viande, ce dont sont convaincus les opposants aux subventions? L'OFAG entend présenter au Conseil fédéral d'ici au milieu de l'année prochaine des propositions sur la manière dont le système actuel doit être adapté.

L'UDC s'y oppose

Greenpeace et d'autres organisations ont déjà déposé plusieurs plaintes auprès de la Commission pour la loyauté. La publicité de la viande subventionnée par l'Etat ne passe pas. De leur point de vue, l'idylle publicitaire n'a souvent que peu de rapport avec la réalité dans les étables. En 2018, une plainte a été partiellement acceptée: la publicité pour la viande de poulet est jugée en partie «trompeuse».

Interrogée sur les projets de la Confédération de mettre en place une autre promotion des ventes, Greenpeace fait savoir qu'elle approuve l'orientation générale. Mais «les mesures doivent être globalement beaucoup plus ambitieuses» pour atteindre l'objectif d'une consommation durable «dans un délai raisonnable».

Pour le conseiller national UDC saint-gallois Mike Egger, les plans de la Confédération ne sont pas insuffisants, mais au contraire beaucoup trop ambitieux. Contrairement aux experts en nutrition à Berne, ce boucher de formation ne pense pas que les Suisses mangent aujourd'hui trop de viande en moyenne. 

«Sous le couvert de la durabilité, la viande est présentée sous un mauvais jour», assène-t-il. En fin de compte, la consommation de viande ne représente en moyenne que quelques pour cent de l'empreinte carbone d'un individu. C'est pourquoi il indique qu'il s'opposera aux plans prévus par le Conseil fédéral. Car après tout, tout le reste n'est que garniture. 

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