Des problèmes de part et d'autre
Des familles d'accueil suisses veulent déjà se débarrasser des réfugiés

De nombreuses familles en Suisse ont décidé d'accueillir des réfugiés ukrainiens. Mais 1800 pourvoyeurs de ces offres de logement se sont rétractés. En cause, des malentendus et des problèmes de compréhension mutuelle.
Publié: 02.04.2022 à 06:09 heures
|
Dernière mise à jour: 03.04.2022 à 18:08 heures
Fabrice Obrist

Qu'on se le dise: l'élan de solidarité envers les personnes venues d'Ukraine est énorme, et cet article ne remet pas en question la vision d'ensemble. En tout, ce sont 30'000 hôtes qui se sont déclarés prêts à accueillir des réfugiés chez eux, alors que 22'000 Ukrainiens trouvent actuellement refuge en Suisse, selon les chiffres de l'association Campax.

Mais il y a aussi des cas où tout ne se passe pas comme prévu, et ceux-ci sont fréquents: l'association a déjà recensé 1800 foyers qui ont renoncé à accueillir des réfugiés. «La solidarité est intacte, mais parfois, la réalité est différente de ce à quoi l'on s'était imaginé», explique Christian Messikommer, l'un des responsables de l'association, dans la presse alémanique.

Selon lui, il y a souvent des problèmes de communication ou des malentendus. «Même avec les services automatiques de traduction, on finit vite par en avoir marre, poursuit le responsable avec un exemple concret dans «20 Minuten»: Quand tu dois expliquer à quelqu'un dans une langue étrangère comment tu aimerais trouver les toilettes après utilisation, ce n'est pas toujours facile...»

De nombreux Suisses qui ont accueilli des réfugiés ukrainiens chez eux veulent s'en débarrasser. (Image d'illustration)
Photo: Thomas Meier
1/2

Des inconnus dans son propre espace

L'alimentation est souvent une autre source de tensions, dans les deux sens. Les personnes originaires d'Ukraine n'ont pas les mêmes habitudes alimentaires que les Suisses. Des différences qui peuvent avoir un impact inattendu sur le porte-monnaie, selon l'historienne Olha Martynyuk, elle-même originaire d'Ukraine: «Le soutien financier qu'offre la Confédération est souvent insuffisant pour des repas coûteux ou diversifiés, ainsi que pour tous les frais liés à l'accueil.»

Il y a, enfin, la gestion de la sphère privée. Alors que les réfugiés avaient auparavant leur propre maison ou appartement pour eux, ils vivent désormais dans un espace restreint avec des personnes qu'ils ne connaissent pas — et il en va de même pour leurs hôtes. C'est pourquoi, selon Olga Martynyuk, il faut veiller à ce que les réfugiés attribués correspondent aux personnes qui les accueillent: «Il vaut mieux placer une femme âgée qui a besoin de calme chez des personnes âgées ayant les mêmes intérêts que dans une maison pleine d'enfants.»

Que se passe-t-il lorsque les réfugiés ne veulent plus habiter chez des particuliers? Ils sont alors placés dans un dispositif cantonal. C'est d'ailleurs le cas de la majorité des personnes venues d'Ukraine ayant trouvé refuge dans notre pays: seules 5000 des 22'000 personnes accueillies dans notre pays sont actuellement hébergées dans des maisons ou des appartements privés.

(Adaptation par Adrien Schnarrenberger)

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la