Élections fédérales 2023
Toutes les femmes (ou presque) sont en danger dans le canton de Lucerne

Trois démissions rendent les élections à Lucerne absolument passionnantes. Mais les femmes risquent d'être les grandes perdantes. Dans le pire des cas, le canton n'enverra plus qu'une conseillère nationale à Berne… sur neuf sièges.
Publié: 06.10.2023 à 11:51 heures
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Sermîn Faki

En 2019, l'UDC a perdu son maître de cérémonie. Le canton de Lucerne a dû céder un siège de conseiller national au canton de Vaud, aux dépens de Felix Müri, organisateur de tous les événements festifs du groupe parlementaire au Palais fédéral, de la chanson d'anniversaire au repas de fin d'année (où il jouait bien sûr le rôle du Père Noël) en passant par l'excursion annuelle des élus de son parti. Son départ était inattendu, et pas seulement pour Félix Müri lui-même.

Cette année encore, Lucerne devrait réserver quelques surprises. Le canton compte neuf sièges au Conseil national, dont trois se libèrent: la femme qui souhaite abolir l'heure d'été Yvette Estermann (UDC), la politicienne spécialiste des questions de sécurité Ida Glanzmann (Centre) et la protectrice des consommateurs Prisca Birrer-Heimo (PS) ne se représentent pas.

La dernière femme restante doit trembler

La part des femmes de la délégation lucernoise risque donc de baisser drastiquement. La seule femme qui souhaite être réélue parmi les sortants se nomme Priska Wismer-Felder (Centre). Et celle-ci n'a aucune assurance de conserver son siège. Si les tendances des élections cantonales d'avril (+3,4%) et du baromètre électoral national (+2%) pour l'UDC se confirment, le parti agrarien pourrait gagner un siège le 22 octobre, aux dépens du Centre.

Priska Wismer-Felder (Centre) est la seule candidate sortante.
Photo: Keystone

Or le conseiller national centriste Leo Müller est plus solidement installé dans son fauteuil que l'agricultrice Priska Wismer-Felder. Cette dernière s'est rendue vulnérable ces derniers temps en voulant installer trois éoliennes de 120 mètres de haut sur ses terres du Stierenberg. En outre, Pius Kaufmann, un homme du Centre qui est une menace directe pour Priska Wismer-Felder, se lance dans la course.

Pourquoi une menace directe? Parce que Pius Kaufmann est député, syndic d'Escholzmatt-Marbach, fonctionnaire vétéran de l'association lucernoise de lutte, roi du panachage, et il vient de l'Entlebuch, qui n'a plus envoyé personne à Berne depuis huit ans.

Une femme UDC a de bonnes chances

Priska Wismer-Felder doit donc espérer que la prime qu'on accorde parfois aux sortants porte ses fruits. Si cet espoir ne se réalise pas, le Centre de Lucerne n'enverra plus que des hommes au Conseil national.

La femme socialiste sortante Priska Birrer-Heimo sera, elle aussi, très probablement remplacée par un homme. Le président du PS lucernois David Roth est considéré comme quasiment élu. Avec lui, c'est d'ailleurs un autre ex-chef de la Jeunesse socialiste qui ferait son entrée au Parlement national.

Les espoirs des Lucernoises reposent donc sur l'UDC. Le siège de la sortante Yvette Estermann ira selon toute vraisemblance à l'agricultrice de l'Entlebuch Vroni Thalmann.

50-50 au Conseil des Etats

Il est finalement possible que le PS gagne un deuxième siège. Cela constituerait une autre chance d'élire une femme, puisque cinq d'entre elles se présentent sur la liste principale du PS. Ce scénario serait malheureux pour le Vert'libéral Roland Fischer qui a déjà été désavoué une fois en 2015 et risque de l'être à nouveau.

Quoi qu'il en soit, Lucerne devrait être représentée de manière équilibrée au Conseil des États. Damian Müller (PLR) et Andrea Gmür Schönenberger (Centre) devraient tous deux être confirmés dans leurs fonctions.

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