Elle refuse de le rembourser...
Une firme vend un véhicule électrique potentiellement dangereux à un handicapé

Bernard Spicher, un Fribourgeois de 74 ans, s'est acheté un véhicule électrique pour rester mobile malgré la perte de sa jambe. Sa joie a toutefois été de courte durée et les problèmes se sont vite accumulés. Le vendeur, lui, refuse de reprendre le véhicule.
Publié: 18.03.2024 à 11:09 heures
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Gina Krückl

L'année dernière, Bernard Spicher, un Fribourgeois de 74 ans, a perdu une partie de sa jambe droite en raison d'une calcification des artères. «La réadaptation a été difficile», raconte le retraité à Blick. Pour pouvoir se déplacer au mieux, il a décidé en septembre 2023 d'acquérir un scooter électrique à cabine: «Je recherchais un peu plus de liberté.» Mais cette joie a pris fin brutalement lorsque la batterie de son nouveau véhicule a subitement rendu l'âme. Et ce, dès le premier trajet.

35 kilomètres d'autonomie au lieu de 100

Cinq bons mois plus tard, Bernard Spicher reçoit une journaliste de Blick dans son salon. Eduard Aeby, le mari de la cousine de Bernard Spicher, est également présent. Les deux retraités racontent comment, au début, ils pensaient qu'il s'agissait d'une erreur innocente. «Lors de la vente au magasin Elektro-Drive, à Lenzburg (AG), on nous a promis 100 kilomètres d'autonomie, mais je n'ai jamais dépassé les 35 kilomètres. Nous avons donc supposé que la batterie était défectueuse», explique Bernard Spicher.

C'est l'entreprise Great Ideas GmbH, basée à Muri AG), qui détient le magazin Elektro-Drive et qui est donc le partenaire contractuel de Bernard Spicher concernant son scooter. Selon Eduard le personnel de l'entreprise se serait d'abord montré très aimable: «Ils voulaient passer et remplacer la batterie». Mais cela n'a jamais eu lieu: «Il y avait toujours quelque chose qui bloquait. D'abord un téléphone portable perdu, puis un accident de voiture», regrette Eduard Aeby.

Le Fribourgeois Bernard Spicher a perdu une partie de sa jambe droite l'année dernière en raison de calcifications artérielles. Depuis, il porte une prothèse.
Photo: Gina Krückl
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De plus en plus de problèmes

Malgré les problèmes de batterie, Bernard Spicher a continué à utiliser son scooter. «Mais je ne roulais jamais plus de dix kilomètres, histoire d'être encore sûr de pouvoir rentrer chez moi». Au fil du temps, le Fribourgeois a remarqué de plus en plus de problèmes: «L'éclairage de la caméra arrière était cassé et les phares étaient très faibles.» Une autre fois, le siège s'est soudainement détaché et un métallurgiste a dû le réparer. Puis, il y a eu la fois de trop: alors que Bernard Spicher roulait sur une route un peu plus cahoteuse, les batteries se sont fracassées contre le boîtier. Il a donc appelé un ami électromécanicien à la rescousse.

Celui-ci a été choqué par l'état des batteries, comme il le raconte lorsqu'on l'interroge. «En fait, je voulais réparer les batteries, mais quand j'ai ouvert le boîtier, j'ai vite compris que je ne toucherais pas à ça». Il décrit même ce qu'il a vu comme potentiellement dangereux: «Les cinq batteries étaient posées de travers contre la paroi, et ce sans tapis en caoutchouc amortissant. Trois batteries n'étaient retenues que par des ficelles, et des câbles étaient coincés sous le support des deux autres batteries. On ne vend pas un véhicule dans un tel état.»

Le vendeur refuse de reprendre le véhicule

Eduard Aeby en a assez: il contacte Great Ideas GmbH et exige d'échanger son scooter «manifestement» défectueux. Mais le numéro est bloqué. Il cherche alors à solliciter directement le fabricant de son véhicule, l'entreprise Toledo AG, basée à Baar (ZG). Mais surprise: le numéro de contact est le même que celui de Great Ideas GmbH. Il écrit alors plusieurs mails. Là encore, sans succès.

Un scooter électrique à cabine de modèle Toledo Yummy coûte entre 10'000 et 12'000 francs, selon le fabricant. Bernard Spicher n'a payé que 7000 francs pour son scooter Toledo Yummy, limité à 20 km/h: «Il avait à peine un an, 1500 kilomètres et des batteries neuves. Cela nous semblait être une bonne affaire.» On lui a d'ailleurs promis une garantie sur diverses pièces, notamment sur la batterie.

Interrogé par Blick, Roger Honauer, directeur senior de Great Ideas GmbH, voit l'histoire différemment. «Lors de l'achat, Monsieur Spicher a été informé que le scooter était un véhicule particulier, dont ne pouvions assumer qu'une garantie partielle.» Il aurait néanmoins accepté de le réparer par indulgence. «Nous sommes allés deux fois chez lui avec un rendez-vous, et les deux fois, il n'avait finalement pas le temps», assure Roger Honauer. Eduard Aeby se serait même comporté de manière agressive envers un partenaire commercial. Des faits que le principal intéressé nie.

Contradictions dans les documents contractuels

Selon les documents contractuels que Blick a pu consulter, le scooter de Spicher est un modèle d'exposition avec des batteries neuves. L'autonomie minimale est de 45 kilomètres. Mais les documents contiennent également quelques incohérences. Ainsi, le scooter est argenté dans un document et blanc dans l'autre. Par ailleurs, les garanties sont différentes: un document mentionne un an pour le moteur, la boîte de vitesses et l'essieu arrière – et la batterie. En revanche, dans un autre document, la garantie est même de deux ans. Le nom de Bermard Spicher est en outre mal orthographié partout.

Interrogé à ce sujet, Roger Honauer ne veut pas répondre à d'autres questions. «Nous recevrons le véhicule dans 14 jours et nous le réparerons. C'est ce que nous avons convenu avec Monsieur Spicher», se contente-t-il de déclarer. Selon les deux retraités, un tel accord n'existe pas – et n'est pas non plus une option pour eux: «Nous ne voulons pas d'un véhicule sur lequel on continue à bricoler. Nous voulons récupérer notre argent.» Pour cela, ils étudient actuellement les démarches juridiques possibles. «On ne peut tout de même pas dépouiller les gens. Surtout quelqu'un avec un handicap.»

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