En toute discrétion
Le commerce de détail a aboli le dimanche chômé depuis longtemps

La Confédération veut libéraliser la vente dominicale. D'après les recherches de Blick, c'est en réalité déjà largement le cas. Près de 1'600 magasins d'alimentation sont déjà ouverts le jour de fermeture habituel.
Publié: 12.09.2023 à 06:12 heures
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Dernière mise à jour: 12.09.2023 à 09:00 heures
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Thomas Schlittler

Le tintement des caisses des magasins doit résonner jusqu'à Berne: le conseiller fédéral Guy Parmelin veut étendre la vente dominicale. Il y a deux semaines, le Vaudois a annoncé aux partenaires sociaux que le shopping de luxe le dimanche serait désormais possible non seulement dans les stations touristiques de montagne, mais aussi dans des villes comme Berne, Genève ou Zurich.

Le projet du ministre de l'Economie, rendu public par Blick, nécessite une révision de l'ordonnance sur la loi sur le travail, qui règle les exceptions à l'interdiction de travailler le dimanche. Une consultation externe est prévue pour novembre.

Le dimanche comme jour de repos est une tradition bien ancrée depuis fort longtemps dans notre société. L'empereur romain Constantin le Grand l'introduisait déjà en 321 après J.-C. Dans le commerce de détail suisse, le dimanche chômé semble pourtant appartenir à l'histoire depuis pas mal de temps déjà. 

La plupart des magasins de stations-service et de proximité ne connaissent guère de temps de repos.
Photo: Philippe Rossier
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Plus de 1'100 petits supermarchés du dimanche

C'est surtout pour les produits alimentaires que les grands groupes comme Migros, Coop, Valora et Fenaco ont trouvé le moyen de vendre tous les jours de la semaine. Leurs mini-supermarchés respectifs, Migrolino, Coop Pronto, Avec et Topshop se sont répandus dans tout le pays. Presque tous servent leurs clients du lundi au dimanche.

Il n'existe pas de chiffres officiels à ce sujet, ni auprès de la Confédération ni auprès des associations de commerce de détail. Un sondage de Blick, ainsi que des recherches sur Google Maps permettent toutefois de faire une estimation.

Migrolino compte actuellement 367 points de vente, dont 355 sont ouverts le dimanche. Pour les topshops de Fenaco, 114 sites sur 117 ouvrent sur sept jours. Coop et Valora ne veulent pas révéler combien de leurs shops Pronto et Avec sont ouverts quotidiennement. En partant du principe qu'ils ont un taux d'ouvertures dominicales similaire à celui de leurs concurrents, on arrive mathématiquement à 359 magasins ouverts sept jours sur sept pour Avec et à 310 pour Coop Pronto.

Ces quatre enseignes totalisent donc à elles seules plus de 1'100 petits supermarchés ouverts le dimanche. Avec Spar, Volg, Denner, BP Shop et d'autres fournisseurs, il y a probablement en Suisse au moins 1'600 magasins d'alimentation qui ouvrent lors du jour du seigneur. Il y a dix ou quinze ans, ce chiffre était probablement bien plus insignifiant. 

Mais alors d'où vient ce boom? Il a été déclenché par le oui du peuple à la révision de la loi sur le travail en 2005. A l'époque, le livret de vote stipulait: «Désormais, tous les commerces situés dans les centres de transports publics, c'est-à-dire dans les grandes gares et les aéroports, pourront employer du personnel le dimanche.»

A l'époque, le Conseil fédéral avait soutenu le projet et avait promis que la révision ne remettrait pas en question «l'importance du dimanche comme jour de repos».

Le dimanche deviendra-t-il un jour de travail normal?

Une très faible majorité de 50,6% avait alors suivi le gouvernement national. Dans les années qui ont suivi, les convenience shops ont poussé comme des champignons. Dans les stations-service notamment, les surfaces de vente n'ont cessé de s'agrandir.

Désormais, les syndicats craignent qu'un nouvel assouplissement de l'interdiction de travailler le dimanche n'ait à nouveau des conséquences insoupçonnées. «Le passé montre que les groupes de commerce de détail profitent de la moindre libéralisation pour faire du dimanche un jour de travail normal», déclare Adrian Wüthrich, président de Travailsuisse, l'organisation faîtière des syndicats.

De son côté, Unia ne voit pas non plus la nécessité d'assouplir davantage l'ordonnance. «Nous ne pouvons pas permettre que la charge de travail du personnel de vente continue d'augmenter», déclare Leena Schmitter, co-responsable de la branche du commerce de détail. Selon elle, les horaires de travail dans la vente sont déjà très dérégulés et donc plus contraignants que jamais. «Travailler davantage le dimanche ne fait qu'aggraver cette évolution.»

L'association du commerce de détail Swiss Retail Federation salue en revanche la demande de délimiter des zones touristiques également dans les centres urbains. «Nous soutenons la flexibilisation des heures d'ouverture des magasins demandée ponctuellement», déclare la directrice Dagmar T. Jenni. Le commerce de détail attend toutefois une réglementation qui garantisse l'égalité des chances pour tous les commerces situés dans les zones en question, notamment en ce qui concerne l'assortiment et la taille des magasins.

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