Encore condamné!
L'invraisemblable histoire d'un Bâlois, imposteur compulsif et multirécidiviste

Markus B.* mène deux vies parallèles depuis 2004: le Bâlois alterne quelques années dans le rôle d'un soi-disant riche héritier avec quelques années en prison, puisque ses arnaques sont découvertes. Et rebelote. L'homme laisse derrière lui de nombreuses victimes.
Publié: 11.08.2022 à 06:12 heures
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Dernière mise à jour: 11.08.2022 à 07:01 heures
Céline Trachsel

En prison, on l'appelait «Markus la tomate», puisqu'il travaillait dans la pépinière de la prison. Les tomates se portaient effectivement très bien grâce à ses soins. Et il a eu le temps de le faire: le Bâlois Markus B.*, 60 ans, a passé la moitié de sa vie derrière les barreaux. C'est un imposteur notoire et c'est plus fort que lui: il ne peut tout simplement pas s'en empêcher. Chaque fois qu'il aurait pu profiter de sa vie en liberté, il a utilisé ses talents uniquement pour embobiner les gens et les arnaquer, au lieu de travailler.

Entre 2016 et 2020, au moins 17 victimes sont tombées dans son piège. Montant des dommages: 1,06 million de francs. Il a fait perdre plus d'un demi-million de francs à une Française. Il vivait dans son domaine, conduisait des voitures de luxe, partait soi-disant en «voyages d'affaires», avait des employés, et promettait à tout le monde des gains substantiels. Mais ce n'était rien d'autre que des mensonges et de l'escroquerie.

Un multirécidiviste acharné

Mardi, Markus B. a comparu devant le tribunal de Bâle. Une fois de plus! En 2004, il avait déjà été condamné à trois ans de réclusion. En 2008, il avait écopé d'une peine de 30 mois de prison. En 2013, d'une nouvelle peine de plusieurs années, et des mois supplémentaires en 2015.

L'imposteur Markus B.* avait déjà dû répondre de ses actes devant le tribunal pénal de Bâle-Ville en 2015. Mardi, il a de nouveau comparu devant la même Cour. Sentence: quatre ans de prison.
Photo: Claudio Meier
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En 2003, il a même été interné «pour mise en danger grave de la collectivité», ce qui en faisait alors le tout premier criminel économique suisse, cela pour escroquerie par métier. Mais après un changement de législation en 2007, seuls les criminels violents pouvaient être internés - et Markus B. a été libéré. Il a alors ouvert un magasin de fleurs à Jegenstorf, dans le canton de Berne. Il a ainsi fait perdre plus de 250'000 francs à six personnes. A l'époque également, il a «acheté» des voitures, loué une maison et le magasin, engagé des gens - et tout est resté impayé.

D'abord des voitures, puis une maison de campagne

Ses derniers méfaits, pour lesquels il doit maintenant répondre devant le tribunal, Markus B. les a commis à partir de 2016, lorsqu'il est sorti une nouvelle fois de prison. Pendant quatre ans, l'escroc a dupé de nombreuses personnes avec ses promesses creuses et son apparence soignée de soi-disant riche héritier d'un hôtel.

Il a commencé par louer des voitures. Au moins une BMW, une Land Rover et une Mercedes 450 SL ont été en sa possession pendant ces quatre années. Puis il a fait croire à une riche Française qu'il voulait acheter son imposant domaine. En attendant le rachat, elle l'a laissé vivre dans le chalet du parc avec son énorme jardin - et surtout conduire sa Porsche.

Il promettait de bien investir l'argent des gens

Markus B. a menti à tout le monde en disant qu'il était riche et qu'il travaillait comme cadre supérieur. La moitié de la maison de campagne lui appartient déjà, a-t-il dit aux autres victimes. C'est ainsi qu'elles ont fait confiance au prétendu entrepreneur. Il a également fait croire à tout le monde qu'il s'y connaissait en matière d'opérations financières. Si elles lui donnaient leur argent, il le placerait de manière rentable.

La Française lui a confié 523'000 francs. Il a soutiré 388'800 francs à un couple du même petit village français non loin de Bâle. D'autres victimes lui ont donné des milliers de francs à placer. Mais Markus B. a dépensé tout cet argent pour son style de vie fastueux - et pour maintenir son image de riche héritier. Il a en outre engagé de jeunes hommes en tant qu'assistants personnels et chauffeurs.

L'une des jeunes victimes raconte au Blick: «Il m'a laissé rouler pour lui pendant huit mois, sans que je ne voie jamais d'argent. Il m'a par exemple promis de s'acheter une Lambo que je pourrais ensuite conduire. Ou que j'aurais ma propre BMW, qui m'appartiendrait ensuite entièrement. Il sait tout simplement comment éveiller des rêves chez quelqu'un et lui faire croire à ses promesses.» Markus B. a un flair incroyable pour les gens: «Il sait exactement qui va tomber dans le panneau rapidement et avec qui il doit être persistant pour finalement lui faire avaler ses mensonges.»

«Un jour, j'ai compris que cet homme était un imposteur»

La jeune victime travaillait à l'époque dans la construction de routes lorsque Markus B. l'a simplement abordé pour lui demander s'il ne préférait pas devenir chauffeur. «Je l'ai conduit à de prétendues réunions, par exemple à Budapest. Il avait parfois des rendez-vous d'affaires, je ne m'étonnais donc pas qu'il se contente de prendre un café les autres jours. Je pensais qu'il pouvait se le permettre.»

Et tout à coup, il a eu le déclic: «Un jour, j'ai compris que cet homme était un imposteur. Et que je ne toucherai jamais mon salaire.» Lorsqu'il a cherché de l'aide juridique, les avocats lui ont confirmé que Markus B. avait des antécédents judiciaires.

Le jeune homme s'assoit certes sur une perte de salaire de près de 30'000 francs, mais il n'a pas honte de s'être fait avoir par l'imposteur: «J'ai appris quelque chose de cette expérience. Maintenant, je ne crois que ce que je vois noir sur blanc. Il parlait incroyablement bien - comme un vrai entrepreneur. Mais je ne me laisserai plus avoir aussi facilement.» Une seule chose l'énerve: «Le problème, c'est que lorsqu'il sortira de prison, il refera la même chose. Même un psychiatre ne peut pas l'aider.»

Quatre ans de prison en plus

Au tribunal, Markus B. a fait état de remords et s'est excusé auprès des victimes. Il a dit qu'il ne comprenait pas lui-même comment l'histoire avait pu se répéter. Après le temps qu'il allait à nouveau devoir passer en prison, il a manifesté le souhait de travailler honnêtement en tant que jardinier ou professeur d'allemand. «J'ai réfléchi aux voies que je pourrais emprunter et à celles qui sont réalistes. Je n'ai toutefois pas abandonné mes rêves facilement, a-t-il admis. Mais je suppose que je dois sans doute d'abord apprendre à m'aimer tout simplement comme je suis.»

Le procès s'est déroulé selon une procédure abrégée et l'accusé a donc accepté en silence la peine de prison de 48 mois connue à l'avance. Rendez-vous donc dans quatre ans pour voir si Markus dit la tomate tentera enfin de vivre une vie honnête, ou si le naturel reviendra au galop.

*Nom modifié

(Adaptation par Lliana Doudot)

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