Espionnage et propagande
Comment Poutine tente de saboter la conférence du Bürgenstock

Il n'est pas invité, mais il est omniprésent. Depuis des semaines, il mène une guerre de propagande contre la Conférence suisse pour la paix. Vladimir Poutine tente par tous les moyens de faire échouer ce sommet. Voici pourquoi.
Publié: 27.05.2024 à 14:05 heures
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Dernière mise à jour: 27.05.2024 à 14:09 heures
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Chiara Schlenz

Les services secrets russes l'affirment: ils seraient en possession d'une soi-disant déclaration finale de paix pour la guerre en Ukraine déjà préparé en vue de la conférence qui se tiendra au Bürgenstock dans quelques jours. L'annonce émane de Maria Zakharova, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, rapporte la «SonntagsZeitung».

Les intentions du Kremlin sont claires: saboter le sommet de paix par tous les moyens. Car si la conférence est un succès, Vladimir Poutine aura un gros problème.

Vers une paix durable

Plus de 70 chefs d'Etat et de gouvernement ont déjà confirmé leur participation au sommet qui se tiendra les 15 et 16 juin. Les États-Unis ont également annoncé qu'ils participeraient, sans toutefois préciser qui les représenterait. L'objectif de la conférence est de développer une vision commune pour une voie vers une paix juste et durable en Ukraine, a indiqué le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE).

Vladimir Poutine n'est pas invité à la conférence de paix, et pourtant il est omniprésent.
Photo: IMAGO/SNA

Il est donc essentiel que le plus grand nombre possible de chefs d'État issus du monde entier y participent. Plus ils feront front pour une vision commune de la paix, plus l'air devrait se raréfie pour Poutine. Le chef du Kremlin le sait et il fait tout pour torpiller l'événement. 

Prétendu cessez-le-feu et documents divulgués

Vendredi, l'agence de presse Reuters révélait à la surprise générale que Poutine n'est pas opposé à un cessez-le-feu en Ukraine. Mais rien de tout cela ne semble vrai. C'est du moins ce que suppose l'expert allemand en sécurité Nico Lange: «La Russie veut saper les discussions en Suisse et donner à ses partisans en Occident de nouveaux sujets de discussion», explique-t-il sur X. Le Kremlin cherche à semer le doute: «Il dit, 'regardez, nous avons fait une proposition de trêve. Pourquoi donc tenir une autre conférence?'», poursuit l'expert. 

La porte-parole Maria Zakharova est certainement allée dans ce sens lorsqu'elle a évoqué la prétendue déclaration finale. Elle souhaitait instaurer le doute: pourquoi participer à la conférence si le résultat est déjà connu? Le DFAE n'a pas souhaité s'exprimer sur le document prétendument divulgué auprès de la «SonntagsZeitung».

La propagande russe fait son effet

Quoi qu'il en soit, la propagande russe a déjà fait son effet auprès des participants potentiels. La Chine et le Brésil ont signé vendredi une déclaration commune pour une «conférence de paix alternative avec une participation égale de toutes les parties ainsi qu'une discussion équitable de tous les plans de paix». Ils indiquent ainsi clairement qu'ils ne croient pas au succès de la conférence suisse. L'Afrique du Sud ne participera pas non plus au sommet.

La Russie cible donc les Etats avec lesquels elle entretient des relations politiques ou économiques. Car ces nations présentent le plus grand risque pour le Kremlin: si elles se laissent convaincre de laisser tomber la Russie lors de la conférence de paix au Bürgenstock, celle-ci sera en position de faiblesse comme jamais auparavant. Pour le moment, le Sud global, les pays du Brics et du Golfe, soutiennent encore en grande partie Poutine. S'il perd ce soutien, le chef du Kremlin se retrouvera seul.

Avec la même logique, la Suisse subit, elle aussi, une forte pression pour attirer ces pays au Bürgenstock. Car le succès de la conférence ne dépendra pas du nombre de chefs d'Etat présents, mais de leur origine.

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