Explosion des coûts de la santé
Une nouvelle hausse des primes d'assurance maladie menace pour 2024

En Suisse, les primes d'assurance maladie risquent d'être encore plus chères en 2024. C'est ce que laissent craindre les premiers chiffres pour l'année en cours. À confirmer, comme d'habitude, en automne.
Publié: 11.04.2023 à 06:11 heures
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Dernière mise à jour: 11.04.2023 à 10:24 heures
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Peter Aeschlimann

Lorsque les caisses-maladie ont annoncé une augmentation de 6,6% des primes l'automne dernier, même la «Neue Zürcher Zeitung», d'habitude plutôt sobre, avait écrit qu'il s'agissait d'un «choc des primes». Cette année, les assurés risquent d'avoir une impression de déjà-vu avec l'année 2022. Sauf que cela pourrait être encore pire!

Les chiffres actuels pour janvier et février indiquent une augmentation de 7,5% des coûts par assuré. Les moteurs de cette hausse sont notamment la remise de médicaments et les prestations de soins dans les homes.

Bien que la période évaluée soit encore courte, la directrice de Santésuisse, Verena Nold, s'inquiète de ces valeurs. Dans une interview accordée à Blick, elle s'est montrée catégorique: «Si nous ne faisons rien, nous allons dans le mur pour le système de santé.»

De plus en plus de familles ont du mal à faire face à l'augmentation des primes d'assurance maladie. (image d'illustration)
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Les Suisses sont inquiets

Le nouveau baromètre des familles de l'assureur-vie Pax et de Pro Familia montre de manière impressionnante à quel point la hausse des primes pèse sur les familles en Suisse. Les thèmes «primes d'assurance maladie» et «santé» sont clairement ceux qui préoccupent le plus les personnes interrogées. Les frais de logement, l'inflation ou le changement climatique n'arrivent que bien plus loin dans la liste.

Dans le cadre de l'enquête, quatre familles sur dix ont indiqué que le revenu de leur ménage suffisait à peine pour vivre. Près de 6% admettent qu'elles ne parviennent pas à joindre les deux bouts. Plus de la moitié des familles ont affirmé avoir renoncé au moins une fois à un traitement médical ou thérapeutique pour des raisons financières.

La conseillère nationale UDC Martina Bircher n'est pas surprise par la menace d'une nouvelle hausse des primes. «Ces dernières années, notre système de santé a connu un développement constant», explique la politicienne de la santé argovienne: l'intégration des médecines complémentaires dans les soins de base, l'initiative sur les soins infirmiers acceptée en 2021 ou l'initiative sur la sécurité de l'approvisionnement, lancée récemment par la branche pharmaceutique.

Situation variable selon les patients

Mais les exigences excessives sont également problématiques, souligne Martina Bircher. Le fait que le nouveau bâtiment de l'hôpital cantonal d'Aarau ne prévoie plus que des chambres individuelles n'est pas forcément utile si l'on veut faire des économies, illustre-t-elle. La responsable des affaires sociales d'Aarburg critique également la mentalité de certains patients: «Si l'on se précipite aux urgences pour la moindre broutille, il ne faut pas s'étonner plus tard que les primes augmentent.»

Pour Martina Bircher, il est clair que «nous ne maîtriserons l'explosion des coûts de la santé que si nous réduisons les prestations». En d'autres termes: les traitements élémentaires devraient être pris en charge par l'assurance de base obligatoire, tout le reste devrait relever de la responsabilité individuelle et donc d'une assurance complémentaire.

L'«Atlas des services de santé» publié la semaine dernière par la Confédération montre bien qu'il existe en Suisse des régions où l'offre est excédentaire. Les différences sont remarquables – et ne s'expliquent pas toujours par des raisons médicales. Au Tessin, par exemple, on distribue cinq fois plus de somnifères qu'en Suisse centrale. Et nulle part ailleurs, on ne pratique autant de tests de dépistage du cancer de la prostate qu'en Appenzell Rhodes-Intérieures.

L'atlas met également en lumière la fréquence des traitements dont l'utilité n'est pas scientifiquement prouvée, ou du moins controversée. C'est là que la conseillère nationale PS Barbara Gysi veut intervenir. Souvent, un traitement ne sert qu'à remplir les poches des médecins, explique la Saint-Galloise à Blick: «Il y a là un énorme potentiel d'économies.»

Le marché libre comme solution?

Barbara Gysi aimerait aussi soustraire les hôpitaux au marché libre et faire baisser les prix des médicaments. Elle sait toutefois que les résistances sont grandes, que ce soit du côté de l'industrie pharmaceutique, des spécialistes ou des assureurs. «On ne peut pas freiner les coûts sans que cela fasse mal à quelqu'un!», justifie la Saint-Galloise.

Contrairement à Martina Bircher, Barbara Gysi s'oppose à une réduction du catalogue de prestations. Le meilleur moyen d'atteindre l'efficacité, y compris en termes de coûts, est d'informer sur l'utilité d'une thérapie. Le traitement des malades chroniques est aujourd'hui mal coordonné. Cela conduit souvent à des doublons et à des traitements supplémentaires qui ne soulagent pas les patients. C'est notamment ce manque qui est à l'origine des coûts beaucoup trop élevés, avance-t-elle.

Barbara Gysi est convaincue que l'introduction du dossier électronique du patient permettra de remédier à cette situation. Les défenseurs de la protection des données s'opposent toutefois bec et ongles à cette mesure.

Reste un point qui réussit à mettre tout le monde d'accord: le système de santé suisse est bien compliqué...

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