Fin de la collaboration avec Marriott
Cet hôtel de luxe grison risque une amende de 15 millions de dollars

Le Waldhaus Flims fait partie des hébergements les plus luxueux de Suisse. Il a même déjà servi de décor hollywoodien. Mais l'hôtel est dans la tourmente: il pourrait perdre son personnel et risque une amende de 15 millions de dollars. Révélations d'un initié.
Publié: 16.02.2023 à 12:04 heures
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Sarah Frattaroli

Synonyme de luxe et de séjours ressourçant, l’hôtel cinq étoiles Waldhaus Flims, situé dans les montagnes grisonnes, traverse une nouvelle tempête: «L’établissement risque une amende de plusieurs millions!», révèle Daniel F.* qui occupe un poste de direction. Il a approché Blick avec des informations exclusives. Il s’offusque du fait que «les clients et les collaborateurs soient trompés».

Rembobinons. L’hébergement haut de gamme fait partie de l'«Autograph Collection» du groupe hôtelier international Marriott – une série d’établissements de luxe dans le monde entier. Sur un modèle de franchise, Mariott n’est pas propriétaire du Waldhaus Flims. Il est en mains américaines depuis 2015. La société d’investissement Z Capital Group (ZCG) a racheté l’établissement traditionnel suisse, alors en faillite, pour 40 millions de francs, et a investi 40 millions supplémentaires pour le rénover.

Après seulement deux ans de collaboration avec Marriott, les nouveaux propriétaires ont décidé d’y renoncer, et ce dès ce jeudi. Une surprise dans le milieu de l’hôtellerie de luxe puisque «normalement, de tels contrats sont valables pour dix ans», confie Daniel F. Problème: la partie qui rompt un tel contrat avant son terme doit payer une amende. Et selon les informations de l’inité, Marriott compterait poursuivre le Waldhaus Flims en justice pour 15 millions de francs!

Le Waldhaus Flims fait partie des hôtels de luxe les plus chers de Suisse.
Photo: AB
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Au détriment des clients

Interrogé par Blick sur l’éventualité d’une amende salée, le directeur de l’hôtel Bosko Grozdanic se refuse à tout commentaire. De leur côté, les 120 collaborateurs ont été muselés. Ils ne doivent faire «AUCUNE déclaration» sur le sujet, écrit la direction de l’hôtel dans un e-mail dont Blick a eu connaissance. Le groupe Marriott n’a pas répondu à nos sollicitations.

Le fait que l’hôtel grison ne fasse désormais plus partie du groupe Marriott aura des conséquences pour les clients: ils ne pourront plus payer avec les points du programme de fidélité Marriott Bonvoy. Plus concernant, le Waldhaus Flims va modifier ses horaires d’ouverture. Comme il ne fait plus partie du complexe hôtelier, il n’est plus soumis à l’exigence d’accueillir des hôtes 365 jours par an. Dès le mois d’avril, l’établissement grison fermera ses portes pour trois mois. En automne, l’hôtel fermera également pendant deux mois. Sur le site Internet, il n’est plus possible de réserver les quelque 150 chambres pendant l’intersaison.

Les employés quittent le navire

Les employés ont accueilli les nouveaux horaires avec surprise: «S’ils ont attendu avant de nous l’annoncer, c’est certainement pour éviter que des personnes démissionnent pendant la haute saison», est convaincu Daniel F. En raison du délai de préavis, l’employé qui donnerait sa démission aujourd’hui est encore lié à l’hôtel au moins jusqu’à la fin de la saison d’hiver.

C’est un avantage pour la direction de l’hôtel, qui doit faire face à un rythme de rotation élevé. «Sur les 40 cuisiniers et cuisinières de l’année dernière, il n’en reste que quatre, explique notre source. Il y a des difficultés au niveau du recrutement, le Waldhaus Films a mauvaise réputation.» La pénurie de personnel qualifié dans l’hôtellerie et la restauration ne fait qu’empirer la situation.

Des coûts élevés

L’hôtel exploite quatre restaurants – dont un ayant décroché une étoile Michelin — et deux bars. Un nombre important de personnes est nécessaire pour leur bon fonctionnement, et cela coûte cher. Est-ce une des raisons qui expliqueraient pourquoi l’hôtel serait dans le rouge depuis des années? Possible. Le nombre de réservations seraient également insuffisant pour couvrir les dépenses. Une fermeture pendant l’intersaison permettrait alors de réduire les coûts. Selon nos sources, le Z Capital Group tente depuis longtemps de se débarrasser de l’établissement, pour une somme qui avoisinerait les 250 millions de francs.

Mais malgré ces difficultés, une faillite ne serait pas imminente. Selon ses propres indications, le ZCG gère une fortune de 3 milliards de dollars américains. Une amende de 15 millions de francs, comme ce qu’exigerait prétendument Marriott, ne devrait pas être un problème.

Les demandes répétées de Blick concernant son affiliation et son fonctionnement interne semblent avoir fait réagir l’établissement. Sur le site Internet de l’hôtel, un communiqué est apparu mercredi midi pour informer les clients de la fin de la collaboration avec Marriott. «Nous vous remercions de votre compréhension et espérons néanmoins pouvoir continuer à vous compter parmi nos clients», peut-on y lire. Reste à savoir si lesdits visiteurs continueront de se rendre dans un établissement qui défraie une nouvelle fois la chronique.

*Nom connu de la rédaction

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