Il les a exfiltrés en avion
Un Suisse sauve 140 enfants ukrainiens... et ce n'est pas fini

Il ne voulait pas rester les bras croisés face à la guerre en Ukraine. Pour faire quelque chose de concret, le Suisse Guido Fluri a créé sa fondation. Grâce à cette dernière, 140 enfants ont déjà été évacués d'Ukraine et ont trouvé la sécurité en Suisse.
Publié: 13.03.2022 à 06:12 heures
Cédric Hengy

Pour les Ukrainiens, tout se joue en ce moment. Des millions d’entre eux ont quitté de toute urgence leur patrie et se sont lancés dans un voyage dangereux et incertain. Certains d’entre eux sont déjà arrivés en Suisse. Ici, une immense vague de solidarité les attend. D’innombrables personnes sont prêtes à faire des dons, certaines ont déjà proposé d’accueillir des réfugiés chez elles.

Guido Fluri voulait aller encore plus loin. Par l’intermédiaire de sa fondation, l’entrepreneur a fait venir par avion 140 enfants et leurs mères d’Ukraine, dans la nuit de mardi à mercredi. «Quand un tel drame survient, il faut veiller activement à ce que les gens puissent être amenés en toute sécurité dans notre pays», explique-t-il à Blick. Selon ce Soleurois extrêmement déterminé, la diplomatie ne suffit pas à aider les gens sur place. Guido Fluri estime par ailleurs que le Conseil fédéral n’en fait pas assez.

Les enfants étaient sous le choc

Comment a-t-il fait pour exfiltrer toutes ces personnes? Sa fondation a pris contact avec l’ambassade d’Ukraine en Suisse afin d’organiser avec elle le vol d’évacuation. «L’évacuation devait se faire rapidement. La plupart des femmes présentes sur le vol n’avaient qu’un petit sac à dos».

Le Soleurois Guido Fluri a organisé au pied levé un vol d'évacuation depuis l'Ukraine par le biais de sa fondation.
Photo: Guido Fluri Stiftung
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Il a dû promettre au gouvernement ukrainien, dans une lettre officielle, que les enfants et leurs mères reviendraient dans leur pays après la guerre. Le quinquagénaire d’Olten (SO) n’a pas hésité une seconde: «Ce sont des gens qui aiment leur pays et qui ne l’ont pas quitté de leur plein gré». On s’en doute, l’Ukraine lui serait très reconnaissante de son engagement. L’action aurait même été évoquée au Parlement ukrainien, comme le lui a fait savoir l’ambassadeur en Suisse.

Un avion Edelweiss a été affrété

Ce qui a compliqué l’évacuation, c’est qu’une bonne moitié des enfants sont en fauteuil roulant ou présentent d’autres handicaps. «Cela n’a effectivement pas été facile», reconnaît Guido Fluri, qui était également dans l’avion de la compagnie Edelweiss. Une compagnie fière de son action: «Edelweiss et l’équipage du vol sont très heureux d’avoir pu contribuer, avec les partenaires impliqués, au bien-être de ces personnes», a déclaré le porte-parole de la compagnie aérienne à Blick.

L’ambiance sur le vol était très calme, mais à l’arrivée, il est vite apparu que de nombreux enfants étaient traumatisés. La phrase d’un enfant restera gravée à jamais dans la mémoire de Guido Fluri: «Il m’a demandé s’il pouvait sortir d’ici sans se mettre en danger».

D’autres vols sont déjà prévus

Désormais, les enfants et leurs mères sont hébergés dans l’ancien foyer pour enfants de Mümliswil (SO). Le centre est géré par la fondation de Guido Fluri et abrite en outre un mémorial pour les enfants placés dans des foyers et des familles d’accueil.

«Il s’agit maintenant en premier lieu de stabiliser les enfants et de les apaiser», explique Guido Fluri. La fondation a engagé des pédagogues, des psychologues et même une enseignante ukrainienne. Des responsables de camps sont également sur place et ont déjà nagé avec les enfants dans la piscine couverte.

Guido Fluri affirme avoir été submergé par la solidarité que les gens ont manifestée envers les enfants et leurs mères. «Nous avons déjà reçu des centaines de courriels nous remerciant de notre engagement». Et les premières demandes d’accueil de réfugiés ont déjà été reçues.

Mais pour le Soleurois, le travail est loin d’être terminé. D’autres vols sont en effet déjà prévus. «Nous sommes en contact permanent avec l’ambassade d’Ukraine et avons également des contacts avec la frontière polonaise». Il s’agit maintenant d’aider activement et le plus rapidement possible les personnes.

(Adaptation par Michel Jeanneret)

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