«Ils n'auraient rien pu faire de plus que moi»
Une médecin jugée après la mort d'un bébé lors d'un accouchement à domicile

Un nouveau-né est décédé peu après sa naissance au domicile de sa famille dans la région d'Aarau. Le Ministère public pensait que la médecin qui l'accompagnait aurait pu empêcher la mort de l'enfant. L'affaire est passée devant le tribunal.
Publié: 06.04.2024 à 22:06 heures
Nopper Georg

A peine venu au monde qu'elle a dû le quitter. Lors d'un dramatique accouchement à domicile dans la région d'Aarau en janvier 2021, le bébé est décédé en peu de temps. La date prévue étant passée de douze jours, l'accouchement a eu lieu dans le domicile familial. 

Lorsque la poche des eaux s'est rompue, le liquide amniotique était brunâtre et trouble. Les battements de cœur de l'enfant devenant de plus en plus faibles, la médecin a accéléré l'accouchement en pratiquant une épisiotomie. Lorsque la fillette est venue au monde à 21h56, les battements de cœur se sont complètement arrêtés. La médecin a réanimé le nouveau-né, qui s'est brièvement rétabli. A 22h15, l'ambulance a été alertée et est arrivée 18 minutes plus tard. Malgré cela, le bébé n'a pas survécu.

Liquide amniotique décoloré

Comme le rapporte l'«Aargauer Zeitung», le Ministère public de Lenzburg-Aarau pense que la médecin zurichoise aurait pu éviter la mort de la fillette. Le ministère public a porté plainte pour homicide par négligence. Concrètement, le Ministère public était convaincu que la doctoresse aurait dû ordonner un transfert à l'hôpital dès l'apparition du liquide amniotique coloré et donc appeler l'ambulance plus tôt.

Le médecin a déclenché l'accouchement de la mère de 39 ans à son domicile. (Image symbolique)
Photo: Shutterstock

Le parquet pense que le bébé était mort par manque d'oxygène. Les premières selles de l'enfant se seraient retrouvées dans le liquide amniotique. La fillette se serait alors étouffée. Le liquide amniotique brunâtre en serait un indice clair. Le Ministère public a donc requis une peine de prison avec sursis de huit mois ainsi qu'une amende de 4000 francs pour la médecin.

«Ils n'auraient rien pu faire de plus que moi»

Jeudi, la médecin a défendu son cas devant le tribunal du district d'Aarau. «Lors d'un accouchement après la date prévue, il n'est pas rare que le liquide amniotique soit coloré», a-t-elle expliqué. Elle a en outre souligné sa longue expérience en matière de réanimation. «Je savais que si j'appelais le service de néonatologie de l'hôpital cantonal, ils n'auraient rien pu faire de plus que moi.»

L'avocat de la médecin a mis en doute le point de vue de l'accusation. On ne connaît toujours pas la cause du décès, a-t-il objecté. Il a demandé un acquittement complet ainsi qu'un dédommagement pour sa cliente.

Un acquittement malgré une violation du devoir de diligence

Le tribunal a finalement tranché en faveur de l'accusée et l'a acquittée. Et ce, bien qu'il reconnaisse que la médecin a manqué à son devoir de diligence en ne transférant pas la mère à l'hôpital – malgré des facteurs de risque connus tels que l'accouchement tardif, l'âge avancé de la mère et le liquide amniotique trouble.

Comme la cause du décès n'a pas pu être clairement établie, on ne sait pas non plus si la mort du bébé aurait pu être évitée par un transfert à l'hôpital. Pour qu'elle soit reconnue coupable, il aurait fallu en apporter la preuve.

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