Initiative sur les soins
Ils exigent une amélioration des conditions du travail du personnel soignant

D'après les statistiques, les personnes de plus de 65 ans ont particulièrement souvent besoin de soins médicaux. C'est pourquoi les seniors s'adressent au public en demandant que l'initiative sur les soins soit enfin mise en œuvre.
Publié: 24.05.2023 à 08:08 heures
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Dernière mise à jour: 24.05.2023 à 10:37 heures
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Tobias Ochsenbein

Le 28 novembre 2021 a été historique. Pour la première fois dans l'histoire de la Suisse, une initiative issue des milieux syndicaux a été approuvée, et clairement de surcroît : 61% des votants (et tous les cantons à l'exception d'Appenzell Rhodes-Intérieures) ont dit oui à l'initiative sur les soins infirmiers.

Il est clair que tous tombent d'accord: pour maintenir la qualité des soins, il faut former davantage de personnel soignant et améliorer les conditions dans lesquelles il travaille. À l'heure actuelle, celles-ci sont extrêmement pénibles. Pression temporelle permanente, changements de plan de service à court terme, horaires de travail changeant selon les services, travail le week-end et surveillance de nuit, heures supplémentaires… Tout cela entraîne de la fatigue, des problèmes physiques, voire des burn-out.

Loi fédérale d'ici le printemps 2024

La première étape de la mise en œuvre de l'initiative sur les soins – une offensive de formation de la Confédération et des cantons d'une valeur pouvant atteindre un milliard de francs – a déjà été décidée.

L'Association pour les questions des aînés (ASPA) critique le Conseil fédéral dans la mise en œuvre de l'initiative sur les soins.
Photo: Keystone
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Le Conseil fédéral s'attèle à présent la deuxième étape. L'accent est mis sur des mesures visant à améliorer les conditions de travail, pour qu'elles soient conformes aux exigences dans le domaine des soins. La loi fédérale correspondante devrait être prête d'ici au printemps 2024.

Mais pour certains, les choses avancent beaucoup trop lentement. L'Association suisse pour les questions des aînés (ASPA) a ainsi critiqué le Conseil fédéral pour sa mise en œuvre insuffisante de l'initiative sur les soins. Mardi, l'ASAD, ainsi que ses associations cantonales et régionales comptant environ 40'000 membres, ont exigé dans toute la Suisse une amélioration immédiate des conditions de travail du personnel soignant.

«Le Conseil fédéral méprise la volonté populaire»

Le président de l'ASM et ancien conseiller national Rudolf Joder, déclare au Blick: «Nous critiquons le Conseil fédéral parce qu'il met mal en œuvre l'initiative sur les soins infirmiers et méprise ainsi la volonté du peuple.» Selon la Constitution fédérale, le Conseil fédéral est en effet tenu de prendre des mesures efficaces pour remédier à la pénurie de personnel soignant diplômé, et ce dans les 18 mois suivant l'acceptation de l'initiative sur les soins.

En collaboration avec la conseillère nationale zougoise des Verts, Manuela Weichelt, l'association suisse des seniors (la SVS) a élaboré une motion. Celle-ci sera déposée lors de la prochaine session d'été, qui se déroulera du 30 mai au 16 juin à Berne. L'intervention demande au Conseil fédéral, dans un premier temps, d'améliorer immédiatement les conditions de travail du personnel soignant dans toute la Suisse.

«La mise en œuvre de la première étape auprès des cantons n'avance que très lentement. Et c'est encore pire pour la deuxième étape», explique Weichelt. Insatisfaits, le personnel soignant se retire peu à peu. «Ils ne sont plus motivés. Le Conseil fédéral et les cantons ne reconnaissent pas la gravité de la situation», souligne-t-elle.

Semaine de 40 heures par roulement

C'est pourquoi Manuela Weichelt et l'association des seniors demandent dans leur motion une durée maximale de travail de 40 heures par semaine pour le personnel soignant, avec un taux d'occupation de 100% par roulement.

En outre, le personnel soignant doit pouvoir se reposer au moins deux jours après un bloc de travail de cinq jours. Après cinq services de nuit consécutifs, ils doivent disposer d'au moins trois jours de congé. Enfin, le personnel ne doit pas effectuer plus de 50 heures supplémentaires par trimestre, dont 30% du temps de travail au maximum doit être consacré aux tâches administratives.

Les personnes âgées seront les plus touchées

«Avec cette motion, nous voulons faire pression politiquement pour que le Conseil fédéral agisse enfin. Car il pourrait, en se basant sur la loi sur le travail, décider immédiatement de telles mesures», explique Rudolf Joder. Dans les six mois suivant l'adoption de la motion, les bases légales relatives aux conditions de travail du personnel soignant devraient être adaptées, selon la revendication.

Rudolf Joder déclare que les hésitations du Conseil fédéral ne font qu'accroître la pénurie de personnel soignant. «En conséquence, des lits, des services entiers ou des hôpitaux doivent fermer. Les principaux concernés sont les personnes âgées. Ils constituent le plus grand groupe de patients dans les hôpitaux, les EMS et les services d'aide et de soins à domicile.» Si la pénurie venait à se poursuivre, la sécurité de l'approvisionnement et la qualité des soins seraient continuellement réduites, le tout dans un contexte de hausse des primes d'assurance maladie.


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