La banque en chute libre
En perdition, Credit Suisse appelle Berne et la BNS au secours

Credit Suisse, en pleine déconfiture boursière, aurait fait appel à la Banque nationale suisse (BNS) et au régulateur des marchés financiers Finma pour une demande de soutien public, a affirmé mercredi le journal britannique «Financial Times».
Publié: 15.03.2023 à 18:02 heures
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Dernière mise à jour: 15.03.2023 à 20:16 heures

Alors que le cours de son action ne cessait de battre des records négatifs ce mercredi, Credit Suisse aurait réclamé «un communiqué rassurant» à la Banque nationale suisse (BNS) et à l'Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (Finma), selon le titre, citant des sources anonymes proches du dossier.

Contactés par l'agence AWP, la banque et la BNS ont refusé de commenter ces informations. La Finma n'avait pas réagi dans l'immédiat aux sollicitations d'AWP.

L'action Credit Suisse chutait lourdement en Bourse mercredi. Le titre était fortement pénalisé par une aversion aux risques touchant le secteur bancaire et les déclarations du principal actionnaire du groupe bancaire zurichois, qui a exclu tout nouveau soutien financier.

Les remous boursiers sont terribles pour Credit Suisse cette semaine, particulièrement ce mercredi.
Photo: keystone-sda.ch

Mercredi noir en Bourse

À la clôture de la Bourse suisse, le titre du numéro deux bancaire helvétique s'enfonçait de 24,2% à 1,697 franc, se rattrapant quelque peu après un nouveau plus bas historique à 1,55 franc et dans un important volume de 497,3 millions d'actions échangées. Depuis le début de l'année, la nominative a perdu 38,4%.

La capitalisation boursière continuait aussi à s'effondrer à 6,8 milliards de francs, à comparer aux 59 milliards du rival UBS ou aux 11,3 milliards de Julius Bär.

Cette chute s'inscrit dans le contexte d'un mouvement généralisé d'aversion aux risques touchant les titres bancaires, écrivent les analystes de Capital Economics dans un commentaire. «Alors que les marchés financiers semblaient s'être apaisés après la saga (ndlr: de la banque californienne en faillite) SVB, le mouvement de vente de titres bancaires en Europe a repris ce matin en raison de craintes sur la solidité de Credit Suisse», ont-ils souligné.

Banque cruciale pour l'économie mondiale

Capital Economics rappelle que Credit Suisse, classée d'importance systémique par le régulateur suisse, est d'une importance plus cruciale pour l'économie mondiale que des banques régionales américaines. Son bilan est bien plus important que celui de SVB et plus interconnecté mondialement. «Credit Suisse n'est pas seulement un problème pour la Suisse, mais au niveau mondial.»

Cela pourrait aussi avoir un impact sur la décision de politique monétaire jeudi de la Banque centrale européenne (BCE), qui pourrait, dans ce contexte tendu, adopter une position attentiste, ont-ils ajouté.

L'impact sur les marchés internationaux

Le rebond de la veille n'a pas tenu en Europe: Paris a dévissé de 3,58% et Londres de 3,83%, signant leur pire séance depuis mars 2022. Francfort a abandonné 3,27%. L'indice du secteur européen des banques (Stoxx 600 Banks) a plongé de près de 7%.

Les marchés américains évoluaient eux aussi dans le rouge: peu après la clôture des bourses européennes, le Dow Jones reculait de 1,77%, l'indice Nasdaq de 0,95% et l'indice élargi S&P 500 de 1,56%.

Peu d'inquiétudes chez les clients

La chute sans précédent de l'action du Credit Suisse mercredi ne semblait pas ébranler les clients de la deuxième banque du pays rencontrés dans le centre-ville de Genève. Ils se disent persuadés que le gouvernement viendra à la rescousse du géant si besoin.

«Je ne suis pas inquiet. Elle sera couverte par le gouvernement, jusqu'à 100'000 francs» par client, et «de toute façon, quelqu'un achètera la banque», déclare un coach sportif de 40 ans, qui veut rester anonyme.

«Too big to fail»

D'autres clients rencontrés par l'AFP relèvent également que Credit Suisse fait partie des 30 banques au niveau mondial considérées comme trop grosses pour qu'on les laisse faire faillite.

«Je me m'inquiète pas. Ce sont des banques d'importance systémiques, elles ne peuvent pas faire faillite», commente un gérant de restaurant, disposant d'un compte professionnel auprès de Credit Suisse. «Elle est soutenue par l'Etat. Si la banque fait faillite, c'est donc l'Etat qui fait faillite», ajoute cet homme de 33 ans.


«Dur d'imaginer le pire»

Dans une autre succursale, Daniel Rodrigues s'interroge: «Je vais voir un peu comment cela évolue et si je vois que ça empire, il faudra que je reconsidère le fait d'éventuellement déplacer mon argent dans une autre banque.»

«C'est vrai que je suis dans cette banque depuis 15 ans, il y a une certaine confiance aussi, alors c'est un peu dur d'imaginer le pire», dit-il.

Mary Ponomarova, une réfugiée ukrainienne, se montre plus inquiète: «Tout l'argent que j'ai est ici. Je ne sais pas quoi faire. Je vais leur demander, parce que ce n'est pas mon pays, je ne sais pas quoi faire.»

(ATS)

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