La Confédération veut mieux protéger les enfants – mais les multinationales s'y opposent
Des règles plus strictes pour la publicité en faveur du chocolat

Musique joyeuse, personnages animés, enfants souriants: la publicité s'adresse souvent aux plus petits et leur donne envie de découvrir tout ce dont les parents essaient généralement de les tenir éloignés. La Confédération veut mettre un terme à cette situation.
Publié: 02.12.2023 à 20:02 heures
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Lea Hartmann

Une musique joyeuse, des personnages amusants, des enfants souriants – et une barre de chocolat au centre. Depuis des années, les autorités tentent de se mettre d'accord avec l'industrie alimentaire sur des règles volontaires pour les publicités sur les sucreries visant les enfants. Mais les restrictions que le secteur lui-même est prêt à imposer ne vont pas assez loin au goût de la Confédération.

Elle veut désormais intervenir. La loi sur les denrées alimentaires sera bientôt révisée. Dans ce cadre, la Confédération prévoit de réglementer également la publicité destinée aux enfants. Il s'agit de la publicité pour tous les produits qui, selon les recommandations alimentaires, sont trop sucrés, trop gras, trop salés ou trop riches en énergie.

L'année prochaine, ce sera concret

Le «SonntagsZeitung» a déjà fait état de ces projets au printemps. Entre-temps, ceux-ci se sont concrétisés: au cours du premier semestre 2024, l'Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires présentera une proposition concrète. Tous les milieux intéressés pourront alors s'exprimer à ce sujet avant que le Parlement ne décide d'un durcissement.

La Confédération veut réglementer la publicité destinée aux enfants.
Photo: Screenshot youtube
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Une étude montre qu'une réglementation pourrait avoir des conséquences drastiques pour les groupes alimentaires. Du moins si elle est inscrite dans la loi, ce pour quoi la Confédération se bat depuis des années. Elle exige que les entreprises respectent les recommandations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) en matière de publicité pour enfants.

80% des publicités concernées

Sous le nom de Swiss Pledge, les grands groupes alimentaires se sont engagés en 2010 à ne pas adresser de publicité pour les sucreries et autres produits nocifs pour les enfants de moins de 13 ans. Depuis quelques années, cet engagement volontaire s'applique également à la publicité sur les réseaux sociaux. Mais les critères de ce qui est considéré comme nocif sont beaucoup moins larges que ceux de l'OMS. Près de 80% de la publicité destinée aux enfants ne serait plus autorisée à l'avenir sous la réglementation de l'OMS, selon les résultats de l'enquête menée par la Haute école spécialisée Arc Neuchâtel sur mandat de la Confédération.

Les défenseurs des consommateurs se battent pour des limites légales. Les enfants ne devraient pas être confrontés en permanence à des incitations pour des aliments nocifs, estime la présidente et conseillère nationale PS Nadine Masshardt. Elle évoque les coûts de santé élevés engendrés chaque année par le surpoids et l'obésité. En 2012, les frais de la Confédération sur ce sujet se sont élevés à environ 8 milliards de francs.

Avec les réseaux sociaux et Youtube, le problème a encore pris une nouvelle dimension, déclare Sophie Michaud Gigon, conseillère nationale vaudoise des Vert-e-s et secrétaire générale de la Fédération romande des consommateurs (FRC). «Nous perdons le contrôle», estime-t-elle. L'engagement volontaire des groupes ne suffit pas, car d'une part trop peu d'entreprises y participent et d'autre part les restrictions qu'elles s'imposent ne vont pas assez loin.

Le secteur s'y oppose

Swiss Pledge s'oppose aux restrictions légales de la publicité. La régulation volontaire fonctionne, comme le montrent les évaluations. En outre, les entreprises s'opposent à l'adoption des recommandations de l'OMS, car «ce n'est plus le législateur suisse, mais des organisations internationales qui décident quelle publicité est autorisée».

Sophie Michaud Gigon n'accepte pas cet argument. Selon elle, s'orienter sur les recommandations de l'OMS est logique. Au final, c'est le Parlement qui décide et non l'organisation. En Allemagne aussi, il est actuellement prévu de réglementer la publicité en se basant sur les lignes directrices de l'OMS.

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